FIDAction

Numéro 4 – juillet 2006

Le message du directeur de la division Afrique de l'Ouest et du Centre

Dans le cadre du mandat du FIDA, qui consiste à « œuvrer pour que les ruraux pauvres se libèrent de la pauvreté », une gestion plus efficiente, plus souple et plus adaptable doit permettre à un plus grand nombre de gens de retirer des avantages plus importants des projets bénéficiant du concours du FIDA.

Pour obtenir un impact sur le plan de la réduction de la pauvreté rurale, il faut que les programmes et projets financés par le FIDA soient gérés le plus efficacement possible. Il convient donc de faire appel à des personnes compétentes maîtrisant les connaissances les plus récentes en matière de gestion des projets, tant au niveau des programmes qu'à celui des projets. Il faut également faire participer les institutions gouvernementales, les ONG et autres partenaires. à la mise en œuvre des activités bénéficiant du soutien du FIDA. Par conséquent, le renforcement des capacités joue un rôle décisif.

L'examen du portefeuille de projets du FIDA en Afrique de l'Ouest et du Centre a montré que, dans plus de 20 pour cent des cas, les mauvais résultats obtenus s'expliquent par l'insuffisance des capacités de gestion. Parallèlement, à l'occasion d'ateliers sur l'exécution des projets organisés en 2002 à Cotonou, Bénin, et en 2004 à Bamako, Mali, le personnel et les responsables des projets ont reconnu la nécessité de renforcer leurs capacités de gestion afin d'améliorer la performance des projets.

Admettant que l’insuffisance des capacités de gestion est l'une des principales difficultés de mise en œuvre des programmes et des projets, la division a lancé un Programme de renforcement des capacités en gestion (PRCG). Ce programme est administré par la Fondation rurale de l'Afrique de l'Ouest. L'atelier de démarrage, organisé en juin 2006 à Dakar, Sénégal, a constitué une étape décisive dans l'amélioration de la gestion des projets financés par le FIDA. La relative originalité de ce programme réside notamment dans son financement, qui associe un don du FIDA et des fonds mis à disposition par les projets. Il vise à renforcer les capacités de gestion des équipes de projets financés par le FIDA, de leurs interlocuteurs au sein des pouvoirs publics, des ONG et autres partenaires. Il permet de nouer un partenariat avec les institutions régionales pour renforcer leurs capacités à élaborer des programmes de formation en gestion pour le développement rural.

Dans le cadre du PRCG, il sera proposé une formation pratique adaptée permettant de résoudre les problèmes cruciaux auxquels les projets sont confrontés, mais aussi les difficultés quotidiennes.

D'autres problèmes sont encore à résoudre. La division prépare actuellement une nouvelle initiative visant à renforcer l'assistance dans le domaine du suivi et de l'évaluation, afin de répondre aux problèmes liés à l'évaluation fondée sur les résultats des activités du FIDA dans la région.

La priorité accordée par le FIDA au renforcement des capacités complète les autres appuis que le FIDA apporte au sein des pays. Dans le contexte actuel du développement, le renforcement des capacités est indispensable pour favoriser l'adoption de solutions adaptées à chaque pays afin de lever les obstacles à la réduction de la pauvreté rurale. Le FIDA est déterminé à poursuivre son action, et sa stratégie dans ce domaine particulier continuera à être guidée par la volonté de rendre l'appui fourni par le FIDA et ses partenaires aussi efficace que possible.

Mohamed Béavogui

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Le Forum mondial sur l'agriculture

Global forum on agricultureLe Forum mondial sur l'agriculture tenu à Paris du 16 au 17 mai 2006 avait pour principal objectif d'identifier et d'analyser les obstacles au développement de l'agriculture subsaharienne en Afrique. Il a permis de favoriser le dialogue entre agronomes et experts du développement et entre pays membres de l'OCDE et parties prenantes africaines.

Les participants se sont émus du peu de poids des producteurs et des autres parties prenantes de la société civile dans la formulation des politiques. Le renforcement des moyens d'action de ces groupes est fondamental pour faire accepter les politiques nationales et régionales par les populations locales. De nombreux participants africains ont insisté sur l'aspiration à une politique agricole "made in Africa" conforme aux objectifs nationaux. Ils considèrent que le manque d'information et d'analyse compromet sérieusement l'efficacité de la prise de décisions. Les nouvelles analyses des politiques agricoles engagées dans le cadre du Projet d'appui à l'agriculture africaine (P3A) mené par l'OCDE, le FIDA et la France et du projet de mise au point d'indicateurs de politique agricole de la FAO insistent sur la nécessité d'examiner simultanément les politiques agricoles, l'aide au développement et les obstacles institutionnels. Ces travaux coordonnés ont pour objet de proposer des moyens de mesurer les distorsions induites par les politiques et les effets des réformes.

Les participants sont parvenus à la conclusion que les réformes sont nécessaires à l'accroissement de la production et de la disponibilité alimentaire par habitant. Si les techniques existantes peuvent dans une large mesure résoudre ces problèmes de production, il n'en reste pas moins qu'il faut renforcer les services de recherche et de vulgarisation agricole pour tirer pleinement parti des ressources naturelles et humaines disponibles. Il est également nécessaire de prêter plus d'attention au contexte économique, social et politique d'ensemble.

Un consensus s'est dégagé sur la nécessité de resituer l'évaluation des politiques agricoles et l'analyse de leur impact dans le contexte des objectifs économiques et sociaux, notamment le développement rural et la réduction de la pauvreté.

Pour de plus amples informations, prière de prendre contact avec: Jean-Paul Pradere

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La participation du FIDA au Sommet africain sur les engrais

Africa Fertilizer SummitEnviron 1,100 personnes dont sept Chefs d’Etat africains, quinze ministres de l’agriculture, dix-sept éminentes personnalités, des centaines de représentants d’organisations internationales, de centres de recherche agricole et d'organisations de paysans ont participé au Sommet africain sur les engrais organisé du 9 au 13 juin 200 à Abuja, Nigéria, par l'Union africaine (UA), le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) et le gouvernement de la République fédérale du Nigéria. Ce sommet avait pour objectif de favoriser l'utilisation des engrais sur tout le continent et de déclencher une révolution verte en Afrique.

Dans la Déclaration d'Abuja sur les engrais pour une révolution verte africaine publiée à l'issue du sommet, les dirigeants africains déclarent "l'engrais, tant de source inorganique qu'organique, produit stratégique sans frontières" et décident "que les États membres de l'Union africaine accéléreront l'accès des agriculteurs aux engrais". Douze mesures clés ont été adoptées dans le but de favoriser la révolution verte en Afrique.

En premier lieu, les États membres de l'UA s'engagent à porter l'utilisation d'engrais à un niveau moyen d'au moins 50 kilogrammes par hectare d'ici à 2015, contre 8 kilogrammes actuellement. Dans l'immédiat, la déclaration recommande "l'élimination des taxes et tarifs sur les engrais et les matières premières pour la fabrication d'engrais."

Les participants au sommet ont également convenu d'un plan d'action afin de traduire cette déclaration en mesures concrètes, lequel comporte cinq principaux points:

IFAD at the summitDans le discours qu'il a adressé aux chefs d'États, le Président du FIDA, Lennart Båge, s'est félicité des objectifs de ce sommet. "Cette révolution verte est la vôtre, et tout ce qui s'est passé ces quatre derniers jours démontre à quel point l'Afrique tout entière est déterminée à résoudre les problèmes du continent, et à les résoudre maintenant, dans une démarche sans exclusive, prospective et pragmatique", a-t-il déclaré.

La participation du FIDA au Sommet africain sur les engrais était motivée par la volonté de faire en sorte que les besoins des petits paysans africains, en particulier les plus pauvres d'entre eux, soient pris en compte dans les plans d'actions régionaux et nationaux élaborés pour favoriser l'utilisation des engrais. Le Fonds était l'un des principaux parrains, aux cotés de partenaires comme la Fondation Rockefeller et le ministère du développement international du Royaume‑Uni (DFID).

Pour en savoir plus, lire le Discours du Président du FIDA (disponible en anglais)

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État d'avancement de l'application du Plan d'action de Bamako

Le Plan d'action de Bamako a été élaboré lors de l'atelier régional sur la mise en œuvre des projets organisé en mars 2005 afin d'améliorer les résultats obtenus par le FIDA en Afrique de l'Ouest et du Centre. Ce plan s'articule autour des grands axes suivants: remédier à la médiocrité des systèmes de suivi et évaluation (S&E); aux insuffisances des prestataires de service; aux mauvais taux de décaissement et à la faiblesse des capacités en gestion de projets. Par ailleurs, le plan d'action accompagne l'évolution du FIDA vers une approche-programme par pays en améliorant l'échange d'informations et la communication, la gestion des connaissances, les partenariats et la concertation en matière de politiques publiques.

Des avancées importantes ont été enregistrées dans la mise en œuvre de 16 des 22 actions identifiées et étudiées lors de l'atelier régional sur la mise en œuvre de mars 2005, et on peut considérer que les efforts entrepris pour réaliser le plan d'action de Bamako d'ici au bilan définitif qui sera tiré en 2007 sont en bonne voie. Pour l'heure, les principaux accomplissements concernent les actions suivantes:

Organisé à Dakar en juin 2006, l'atelier de démarrage du Programme de renforcement des capacités en gestion est une étape décisive de l'amélioration de la gestion des projets financés par le FIDA. En juin 2006 également, s'est déroulé à Niamey un autre atelier sur le thème de l'administration des prêts consacré aux aspects fiduciaires des programmes et projets, dont la supervision est assurée par la Banque ouest-africaine de développement et le Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets. A l’instar du programme de renforcement des capacités en gestion, un programme relatif au suivi et évaluation est en cours de développement par la division.

Des avancées ont également été enregistrées dans les domaines thématiques et en matière de gestion des connaissances, dans le but d'améliorer les résultats des programmes de pays en facilitant l'accès aux informations et aux connaissances et leur échange. Le rôle essentiel que joue FIDAFRIQUE dans la mise en commun effective des connaissances est de plus en plus reconnu. Le réseau apporte en effet, un appui dans les domaines suivants: communications, préparation et suivi des ateliers régionaux, groupes de discussion en ligne et forums électroniques notamment sur les thèmes du développement à l'initiative des communautés, de la finance rurale et de l'accès aux marchés avec une attention particulière portée au manioc. La division et FIDAFRIQUE publient désormais chacun un bulletin trimestriel.

Certains progrès ont été accomplis sur la voie de l'adoption d'une approche-programme par pays plus cohérente, moyennant la participation plus systématique des principales parties prenantes aux équipes de gestion des programmes de pays et l'organisation de tables rondes, principalement dans le cadre des processus d'élaboration des COSOP (Burkina Faso, Ghana, Cameroun). Dans ce contexte, une attention particulière a notamment été portée à l'appui aux organisations de paysans, moyennant l'octroi de dons au Burkina Faso et au Mali.

L'adoption d'une approche-programme par pays plus cohérente soulève encore de nombreuses difficultés dans les domaines où les objectifs de performance sont moins concrets, lesquels devront faire l'objet d'un surcroît d'attention, ce qui permettra non seulement d'assurer la réalisation du plan d'action de Bamako, mais d'obtenir l'impact désiré.

Pour de plus amples informations, prière de prendre contact avec Ulac Demirag

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Sur le terrain

Découvrir les secrets les mieux gardés des paysans: Un projet conjoint ADRAO‑FIDA permet de réunir des données sur les connaissances et les innovations locales et de les exploiter à leur juste valeur

     
  Outils de classification des connaissances et d'analyse de la circulation des connaissances  
     
 

Matrice des connaissances: cet outil aide à classer en quatre catégories les connaissances sur un sujet quelconque: approfondie, superficielle, erronée ou inexistante. Sur cette base, il est possible d'élaborer des interventions adaptées. Par exemple, si les paysans ont une connaissance approfondie des moyens de lutte contre un insecte nuisible, c'est dans ce domaine que les innovations locales ont toutes les chances d'être nombreuses et instructives pour les chercheurs.

Appellations locales: qu'est-ce qu'un nom peut nous apprendre? Il importe de se souvenir que les noms locaux sont souvent révélateurs d'une histoire ou d'un problème local. Par exemple, dans certaines régions du Ghana, on appelle les hors-types de riz modiak, ce qui signifie riz mâle. Cette expression a une connotation négative parce que le riz est considéré comme une culture femelle qui donne la vie.

Analyse des conditions de vie: les plus pauvres sont souvent contraints d'innover pour survivre. L'analyse des conditions de vie permet aux paysans d'identifier la frange la plus pauvre de leur communauté. Dans le cadre de ce projet, cet outil est également utilisé pour évaluer les dimensions sociales de la vulgarisation de paysan à paysan et pour mesurer l'impact des interventions.

 
     

Saviez vous que vous pouvez vous débarrasser des termites en les enfumant à l'aide de feuilles de tabacs, que les semences de riz peuvent être stockées en toute sécurité lorsqu'elles sont recouvertes de cendre de bois, ou que le fait d'attacher le bétail dans les champs de céréales peut aider à y réduire l'infestation de Striga?

Si vous n'avez jamais entendu parler de ces solutions simples, vous n'êtes pas le seul. Bon nombre de chercheurs et de moniteurs agricoles ne les connaissent pas non plus. Il s'agit là de quelques-unes des "meilleures pratiques" peu connues dont l'identification, la validation et la documentation sont en cours grâce au Projet de recherche adaptative participative et diffusion de technologies rizicoles en Afrique de l'Ouest (PADS Phase II).

Le PADS a pour but d'améliorer la productivité rizicole, d'encourager la diversification des cultures et d'accroître les revenus des paysans dans les vallées de l'intérieur. Il est réalisé, avec le concours du FIDA, par le centre du riz pour l'Afrique (ADRAO) et ses partenaires dans quatre pays d'Afrique de l'Ouest – Gambie, Ghana, Guinée et Mali.

Les objectifs spécifiques de ce projet consistent à identifier, évaluer, adapter et diffuser les innovations durables – non seulement celles que proposent les instituts de recherche mais également les solutions "artisanales" mises au point par les communautés paysannes. Ce projet, d'une durée de trois ans, est axé chaque année sur un thème principal. En 2005, le sujet retenu était la lutte contre les termites. En 2006, c'est la lutte contre les adventices dans les vallées de l'intérieur qui fait l'objet d'une attention particulière. Jusqu'ici, des informations ont été rassemblées concernant plus de 30 innovations locales.

  Techniques de recensement des innovations locales et de collecte d'informations  
     
 

Techniques d'entretien: pendant l'atelier, les participants ont appris à écouter les paysans et à utiliser des questions ouvertes afin d'obtenir d'eux des réponses intéressantes.

Techniques de recueil d'information: l'art de raconter des histoires est une compétence précieuse pour décrire les innovations locales et présenter les informations sous une forme agréable à lire.

Prix: comment inciter les gens à écrire? Une équipe d'experts extérieurs a été chargée de sélectionner les trois récits les plus intéressants présentés par des équipes nationales dans le cadre du projet. Les vainqueurs seront récompensés par une somme d'argent.

Critères de validation: les participants, qui viennent d'horizons différents, apprennent à identifier les innovations locales qui méritent d'être diffusées en se posant les questions suivantes: cette innovation tient-elle compte des cultures locales, et est-elle dénuée de risques et respectueuse de l'environnement? A-t-elle des chances d'être acceptée? Est-il facile de se procurer le matériel nécessaire?

Outils de diffusion à grande échelle: lorsque l'atelier touche à sa fin, les participants analysent les avantages, les inconvénients et le potentiel des différentes méthodes de vulgarisation et élaborent des plans d'action en vue de diffuser à grande échelle les innovations locales et les principes scientifiques qui les sous-tendent.

 
     

L'un des défis majeurs que le PADS doit relever consiste à faire évoluer l'état d'esprit de ceux qui travaillent avec les paysans: "la plupart d'entre nous ont le réflexe de penser que les chercheurs sont l'unique source d'innovation dans le domaine de l'agriculture" déclare Paul Van Mele, spécialiste du transfert de technologies à l'ADRAO et chef du projet. "Nous avons tendance à oublier que les paysans jouent un rôle important en tant qu'innovateurs locaux en s'appuyant sur leur expérience quotidienne", explique-t-il. Leurs connaissances se perdent souvent au fil du temps, ou elles restent cantonnées aux mémoires de telle ou telle famille et de telle ou telle communauté, en l'absence d'un mécanisme de diffusion approprié.

Dans le cadre de ce projet, certaines des innovations locales les plus réussies et les mieux à même d'être appliquées à grande échelle seront sélectionnées, puis diffusées en faisant appel aux moyens de communication et à la vulgarisation entre agriculteurs. "Certaines de ces innovations locales pourraient même être reprises comme sujet de recherche" ajoute Paul Van Mele.

Comment procède-t-on pour découvrir ces innovations locales? Une fois qu'elles ont été identifiées, comment réunit-on des informations à leur sujet? Enfin, sur quelles bases sélectionne-t-on les innovations qui se prêtent le mieux à une diffusion à grande échelle?

Pour répondre à ces questions, un atelier de formation à l'intention des coordonnateurs de pays, des moniteurs, des chercheurs et des ONG a été organisé en 2005 et 2006 dans chacun des quatre pays. Ces ateliers ont principalement porté sur les concepts, les outils et les techniques permettant de mieux comprendre les perceptions des paysans et leurs innovations.

"L'un des constats les plus intéressants résultant de ce projet est que les populations des différents pays en développement sont souvent confrontées à des problèmes analogues" fait observer Paul Van Mele, citant l'exemple de quatre vidéos enregistrées au Bangladesh avec des femmes rurales sur le thème de la gestion des maladies des semences de riz dans les exploitations, qui se sont taillé un franc succès dans bon nombre de villages africains.

Non seulement le projet facilite la mise en commun des connaissances et des innovations entre communautés et d'une région à l'autre, mais il permet d'institutionnaliser les processus de recherche et de développement au service des pauvres. La réunion du comité consultatif du projet organisée en avril 2006 à Kumasi, a été l'occasion d'élaborer et de tester un ensemble de critères permettant d'identifier les innovations locales qui se prêtent le mieux à une diffusion régionale. Les modalités d'intégration des innovations locales aux activités participatives d'apprentissage et de recherche-action et aux émissions des médias ont été précisées.

Pour de plus amples informations, prière de prendre contact avec Luyaku Loko Nsimpasi, ou Paul Van Mele

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Cameroun: les noix de kola, comment transformer un patrimoine culturel en produit lucratif

KolaEn Afrique centrale, l'adage veut que celui qui apporte du kola apporte la vie. Pourtant, jusqu'à une époque récente, personne ne se décidait à planter des kolatiers. Le Centre international pour la recherche en agroforesterie et ses partenaires ne ménagent pas leurs efforts pour faire de ce patrimoine culturel un produit rentable en domestiquant le kolatier, et ils font appel à la multiplication végétative pour obtenir des noix de grande qualité. En outre, le centre étudie les moyens de limiter les pertes après récolte et de renforcer les moyens d'action des producteurs.

En dépit de son rôle important sur le plan culturel et même médicinal, peu de choses ont été faites pour transformer la noix de kola en produit intégré dans une filière de commercialisation organisée et clairement structurée. Cela s'explique en partie par la croissance extrêmement lente du kolatier: il s'écoule en effet souvent une vingtaine d'années avant qu'il produise des noix.

"Au bout de 20 ans, on s'aperçoit parfois qu'il s'agit d'un kolatier mâle qui ne produira pas de noix", indique Ebenezar Asaah, expert en amélioration des arbres en charge des zones tropicales humides au Centre international pour la recherche en agroforesterie. "C'est pourquoi nombre de paysans se sont désintéressés de sa culture".

Avec le soutien du FIDA, et de concert avec ses partenaires de recherche au sein des pays et des groupements communautaires et associations de paysans d'Afrique centrale, le centre a relevé le défi en 1998, et il a mis au point des techniques efficaces permettant de transplanter en pépinières des arbres intéressants trouvés dans les forêts ou les peuplements spontanés, lesquels sont ensuite reproduits et multipliés par marcottage, greffage ou bouturage.

Dans les pépinières agroforestières qui se sont multipliées à travers toute la région, ce sont désormais les paysans eux-mêmes qui produisent les plants de kolatier. Selon Anthony Bangha, qui dirige le groupement de paysan d'Ijim dans la communauté de Dichami, dans la Province du Nord-Ouest, une région montagneuse du Cameroun, le prix des noix varie du simple au quadruple au cours d'une année. Son groupement produit déjà des marcottes à partir des plus beaux kolatiers trouvés, ou à partir d'arbres qui fructifient hors saison. Ils ont entrepris d'intégrer ces plants dans leur système d'exploitation agricole qui repose sur le café.

En complément de cette activité de recherche sur la domestication du kolatier, le centre s'est intéressé aux problèmes complexes de la culture et de la commercialisation des noix. Avec le concours financier de la Direction générale belge de la coopération au développement, les chercheurs étudient les subtilités du marché informel et s'efforcent de mettre en place un "réseau d'entreprises paysannes" afin d'aider les producteurs de noix de kola à s'organiser et à tirer les revenus les plus élevés possibles des noix qu'ils commencent à produire à partir de ces kolatiers domestiqués de grande qualité.

Des chercheurs du centre et de la Hass School of Business de l'Université de Californie à Berkeley ont identifié les intervenants de la filière de commercialisation du kola. Celle-ci va du pépiniériste au grossiste en passant par le paysan et le responsable de la collecte sans oublier le détaillant qui vend la noix de kola au consommateur en bout de chaîne.

L'examen approfondi des coûts de production a révélé que les paysans étaient confrontés à un problème majeur, à savoir les pertes après récoltes imputables à des ravageurs comme le charançon (Balanogastric kolae), qui s'attaque aux noix dont le stockage laisse à désirer, contraignant les paysans à vendre leur récole en début de saison, alors que les prix sont bas.

Pour trouver des moyens d'améliorer la rentabilité de la culture du kola en limitant les pertes après récoltes, les chercheurs ont uni leurs efforts avec le groupement de paysans de l'Ijim afin de mener des expériences visant à améliorer les méthodes de stockage traditionnelles. Ils ont adapté la méthode des paniers recouverts de feuilles de bananes, en stockant les noix en couches séparées par différentes sortes de feuilles aux propriétés insectifuges.

Ils ont testé les feuilles de vétiver, d'eucalyptus, de cyprès et de tabac ainsi qu'une méthode faisant appel à des feuilles dénuées de propriétés insectifuges, à titre de témoin.

"Nous avons découvert que le meilleur moyen de stocker les noix afin de les vendre lorsque les cours sont élevés est de les placer dans des paniers avec des feuilles de vétiver", indique Anthony Bangha en conclusion, précisant qu' "il convient de s'assurer que les gousses ne sont pas fendues et de maintenir l'humidité et la lumière au niveau le plus faible possible afin de limiter l'infestation par les ravageurs et d'empêcher la germination."

Il ressort des études de marché qu'un paysan disposant de 40 à 50 kolatiers de grande qualité sur son exploitation peut tirer de la vente de ses noix un million de francs CFA (environ 1900 USD) par an si elles sont stockées dans les bonnes conditions.

Le centre a donc travaillé sur plusieurs fronts pour faire du kola un produit rémunérateur disposant d'un marché régional solide capable d'absorber une progression de la production de noix de grande qualité cultivées par des paysans bien organisés, ce qui devrait contribuer dans une large mesure à valoriser cette ressource locale.

Source: Centre international pour les recherches en agroforesterie, collection "Agroforestry in Action" référence du document: 2005-16-Trees and Markets – African Humid Tropics – Titre: Adding value to tradition.

Pour de plus amples informations, prière de prendre contact avec Catherine Momha

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Bénin : les frayères communautaires « avlékététin »

FishingAu lac Ahémé, dans le sud-ouest du Bénin et la lagune côtière, l’environnement n’est plus propice à la reproduction des poissons et à leur croissance avant leur capture en pleine eau. Depuis la mise en eau du barrage de Nangbéto, les inondations provoquées au lac Ahémé-Chenal Aho et à lagune côtière sont plus soudaines, moins hautes et moins longues qu’auparavant. Cela a eu pour conséquence une accélération de la décrue et de l’assèchement de la plaine inondable. Les possibilités de reproduction des poissons dans le lac sont devenues très limitées. Les pêcheurs travaillent à plus de 100 au km². Du coup, les prises par pêcheur sont moins importantes et les revenus s’amenuisent constamment.

     
 

Originellement, les frayères « Avlékététin » au lac Ahémé sont de petits parcs à branchages, de forme circulaire d'environ 15 mètres de diamètre, où les chefs traditionnels font des sacrifices d'animaux et des rituels pour impulser une très bonne productivité du lac.

Les « Avlékététin » sont des lieux de mise en défens institués par les chefs religieux traditionnels et constituent un potentiel biologique important pour la reconstitution des ressources des plans d’eau. Ils servaient de refuges pour les poissons, de lieu de reproduction, d’alimentation des fraies et permettaient au plan d’eau de garder sa diversité biologique.

Il s’agit de zones sacrées où personne n’a le droit de pêcher. Les pêcheurs doivent respecter une distance d’environ 100 mètres de la frayère pour exercer leur activité. Cette réglementation a perdu de sa vigueur avec l’affaiblissement de l’autorité traditionnelle.

La réhabilitation de ces frayères naturelles constitue une technologie endogène de repeuplement indirect des plans d’eau. Les populations assurent elles-mêmes la surveillance des frayères pour garantir un accroissement de la production et de ce fait une amélioration du revenu des pêcheurs et de leurs femmes.

 
     

La reconstitution des réserves biologiques est devenue un impératif pour la réhabilitation des plans d’eau qui font vivre des milliers de riverains. Le processus de réhabilitation des frayères a été démarré en décembre 1999 par la Direction des Pêches avec un financement du Programme d’Aménagement des Zones Humides (PAZH) et s’est poursuivi en 2001 sur financement du Programme d’Investissement Public (PIP).

La frayère, dans un écosystème aquatique, est un habitat sécurisé qui permet aux poissons femelles de déposer leurs œufs pour la fertilisation avec la laitance des mâles. La reproduction se fait sans que les larves ne soient sujettes à la prédation.
Le seul environnement propice qui pourrait favoriser aujourd’hui la reproduction et la bonne croissance des espèces halieutiques n’est que les frayères naturelles ou «Avlékététin» qui constituent des lieux de refuge.

Le Programme d’Appui au Développement Participatif de la Pêche Artisanale (PADPPA), a donc inscrit dans ses actions la réhabilitation des frayères naturelles. Trente d’entre elles ont été réhabilitées en 2004 sur le lac Ahémé. Plusieurs séances de concertation avec les élus locaux, les chefs traditionnels et les représentants de pêcheurs ont défini la réhabilitation des frayères en les délimitant et en y plantant des piquets afin que les pêcheurs indélicats n’y lancent leurs filets. La forme circulaire de la frayère a été respectée pour rester conforme à la tradition. Le diamètre proposé est de 50 ou 75 mètres de façon à avoir une plus grande superficie aménagée, protégée, afin de garantir une meilleure production.

Les données collectées auprès des populations riveraines du lac Ahémé depuis la réhabilitation des frayères, en termes de quantité, de la taille et de la diversité biologique des poissons pêchés sont déjà positives.

Pour de plus amples informations, prière de prendre contact avec Gérard GNAKADJA, [email protected]

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Mali: une médaille d’or pour le FODESA

La Fondation Suisse pour l’Excellence dans la pratique des affaires a décerné au Programme Fonds de Développement en Zone Sahélienne (FODESA) une médaille d’or, au cours de son 10ème forum qui s'est tenu du 9 au 11 mars 2006 à Genève.
 
« Je saisis cette heureuse occasion pour vous notifier toute ma satisfaction et celle de mon pays pour les importants efforts que vous déployez en direction des couches les plus vulnérables de nos populations dans le cadre de l’amélioration de leurs conditions de vie. La présente médaille constitue pour nous un indicateur très fort de la qualité de votre appui » a écrit Seydou Traoré, ministre malien de l’agriculture à Lennart Båge, Président du FIDA.

Etabli au Mali depuis 1999, le FODESA vise essentiellement à augmenter les revenus et les conditions d’existence de quelques 72 000 familles des régions de Koulikoro, Ségou et Mopti. Prévu pour durer dix ans, le programme est entièrement géré par des associations villageoises.

FODESA awardLa Fondation Suisse pour l'Excellence dans la Pratique des affaires est placée sous la surveillance des autorités fédérales suisses. Elle a pour objectifs d'inculquer et de promouvoir des règles de travail et de fonctionnement, internationalement reconnues, incitant à la pratique de l'excellence. La Fondation décerne des distinctions aux organisations, entreprises privées ou parapubliques, projets, associations et organisations non gouvernementales qui se démarquent par leurs performances. Celles-ci sont caractérisées par la qualité des prestations fournies ou des produits délivrés, l'impact des résultats atteints, la confiance et la réputation créées dans leur environnement.

Pour de plus amples informations, prière de prendre contact avec Fatogoma Diarra

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Actualités et événements

Le FIDA renforce les capacités de gestion de ses équipes de projet

L’efficacité de la mise en œuvre de ses projets se trouve à la base de la stratégie du FIDA en faveur des ruraux pauvres d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Cette efficacité est cruciale pour que les projets aient des impacts concrets et significatifs dans la lutte contre la pauvreté.

Les difficultés croissantes dans la mise en œuvre de certains projets sont dues à une formation parfois inadéquate de leurs équipes. Pour y remédier, le FIDA a mis en place un programme de renforcement des capacités en gestion (PRCG) des cadres des équipes de projets, d’une durée de quatre ans et d’un coût global de 1,5 million de dollars.

L’atelier de lancement de ce programme s’est déroulé à Dakar les 7 et 8 juin. Le PRCG vise notamment:

Ce programme est géré et coordonné par la Fondation Rurale de l’Afrique de l’Ouest (FRAO) et va concerner tous les projets du FIDA de la région Afrique de l’Ouest et du Centre. L’ambition du FIDA est d’associer davantage les institutions de développement locales et régionales à ses interventions. Ainsi trois institutions ont été identifiées pour la mise en œuvre opérationnelle : l’Institut Supérieur Africain pour le Développement de l’Entreprise Dakar (ISADE-Sénégal), le Management Development and Productivity Institute  (MDPI-Ghana) et le Centre de Formation Continue (CEFOC-Burkina Faso).

Pour de plus amples informations, prière de prendre contact avec Luyaku Loko Nsimpasi ou Ngagne Mbao

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Introduction de l’agriculture de conservation parmi les petits producteurs d’Afrique de l’Ouest et du Centre

La promotion des systèmes de production agricoles durables est un élément important de la stratégie du FIDA pour la lutte contre la pauvreté rurale. C’est ainsi que la plupart des projets financés par l’institution ont une composante ‘Gestion conservatoire des eaux et des sols’ (CES) dans laquelle l’ensemble des acteurs s’efforcent de maximiser la productivité des sols et des terroirs tout en améliorant durablement leur fertilité. L’agriculture de conservation connaît un grand développement dans le monde. Elle consiste à mettre en œuvre simultanément trois principes : perturber le sol le moins possible, maintenir le sol toujours couvert, pratiquer les rotations de culture.

Un atelier a été organisé du 23 au 25 mai à Ouagadougou pour construire le projet ‘Introduction de l’Agriculture de Conservation parmi les petits producteurs d’Afrique de l’Ouest et du Centre’ (Smallholder Conservation Agriculture Promotion - SCAP). Le FIDA et le Projet de Développement Rural Durable (PDRD) en étaient les organisateurs. La rencontre visait à formuler SCAP d’une manière aussi participative que possible, avec des participants venus d’une dizaine de pays d’Afrique et de recueillir auprès d’eux les éléments pertinents et fiables permettant de finaliser le montage technique, institutionnel et financier de ce projet.

Pour consolider cette option en Afrique de l’Ouest et du Centre, le FIDA a aussi demandé à l’association African Conservation Tillage network (ACT) de mettre en œuvre un projet régional s’appuyant sur quatre projets d’investissement du FIDA ; deux au Burkina Faso, un en Guinée et un au Niger, afin d’y promouvoir l’introduction des pratiques d’agriculture de conservation. ACT travaillera en collaboration avec des partenaires scientifiques et techniques comme le Centre de coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement (CIRAD) et le Centre International pour la Recherche en Agroforesterie (ICRAF).

Il s’agira avec le projet SCAP d’initier de nouvelles dynamiques basée sur l’agriculture de conservation, qui soient complémentaires des initiatives en cours concernant la gestion conservatoire des eaux et des sols pratiquées dans les projets mentionnés. L’accent portera tout autant sur les aspects techniques que sociaux, la formation et la gestion de connaissances. Le projet s’efforcera également de consolider les institutions, groupements, réseaux, organismes africains engagés dans la mise en place de ces travaux. Les premières actions seront mises en place au début de l’année 2007.

Pour de plus amples informations, prière de prendre contact avec Mohamed Manssouri ou Florent Maraux

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Le FIDA octroie un nouveau don, d'un montant de 11,9 millions de USD, pour appuyer la croissance durable dans le fragile écosystème fluvial du Mali

MaliL'accord de don en faveur du projet intitulé Protection de la biodiversité et gestion participative et durable des ressources naturelles dans le Delta intérieur du Niger et de ses zones d'attentes, Région de Mopti, a été signé le 6 juin 2006 au siège du FIDA à Rome par le Président du FIDA, Lennart Båge, et l'Ambassadeur du Mali à Rome, Ibrahim Bocar Daga.

Le projet, d'un montant de 20,5 millions de USD, sera financé par un don de 11,9 millions de USD du FIDA, octroyé au titre du Programme Fonds de développement en zone sahélienne (FODESA).

Il s'agit du premier projet pour lequel le FIDA intervient en tant qu'agence d'exécution pour le compte du Fonds pour l'environnement mondial (FEM). Le projet couvrira, dans la région de Mopti, une zone de 30 000 km2 qui est inondée plusieurs mois par an. Il s'agit d'un des rares grands deltas intérieurs existant dans le monde. La région se caractérise par des écosystèmes complexes et constitue un sanctuaire unique pour un grand nombre d'oiseaux migrateurs et d'autres animaux sauvages, y compris des espèces menacées telles que les lamantins et les hippopotames.

Les financements apportés par le FEM et le FIDA à l'appui de ce programme sont complémentaires, et permettront d'articuler atténuation de la pauvreté, gestion des ressources naturelles et conservation de la biodiversité dans une région dont les écosystèmes jouent un rôle à l'échelle planétaire.

Une part importante de la population malienne qui vit dans le delta intérieur du fleuve Niger bénéficiera des ressources additionnelles allouées au FODESA pour lutter contre la pauvreté rurale et la dégradation de l'environnement.

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Atelier de démarrage du Programme d’investissement et de développement rural des régions du Nord Mali

MaliL’atelier de démarrage du Programme d’investissement et de développement rural des régions du Nord Mali (PIDRN) s’est tenu du 8 au 10 mai 2006 à Tombouctou. Au lendemain de l’atelier, une  cérémonie officielle de lancement des activités du programme a été présidée par le président de la République du Mali, Amani Toumani Touré.

Au cours des sept prochaines années, le PIDRN va contribuer à réduire la pauvreté parmi les agriculteurs, les pasteurs nomades et autres groupes vulnérables des régions de Tombouctou et Gao. L'extrême pauvreté fut un des facteurs déclencheur du conflit armé ayant marqué les années 90 dans le nord du pays. Pour le président du FIDA, Lennart Båge, ce programme témoigne de l’engagement du Fonds à conduire les efforts déployés dans le nord du pays, à la demande du gouvernement du Mali, compte tenu de son expérience d’interventions dans les zones difficiles.

Le FIDA soutient ce programme de 33,6 millions de dollars avec un prêt de 14,6 millions de dollars et un don de 803 000 dollars. Le PIDRN reçoit également un cofinancement de la Banque ouest-africaine de développement et du Fonds belge de survie.

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Communication pour le développement et gestion des ressources naturelles

En prélude au Congrès Mondial sur la Communication pour le Développement qui se tiendra à Rome du 25 au 27 octobre 2006, un atelier sous-régional sur le thème de la communication pour le développement et la gestion des ressources naturelles s’est déroulé du 6 au 8 juin 2006 à Ouagadougou, Burkina Faso. L’atelier visait notamment à rassembler les analyses, les réflexions et les expériences menées en matière de communication dans le domaine de la gestion des ressources naturelles.

Il s’agissait en outre, de mener une réflexion sur les moyens de faire de la communication une composante à part entière des projets et programmes de développement local et de gestion des ressources naturelles.
Le plan d’action issu des travaux de cet atelier s’articule autour des trois axes stratégiques d’intervention suivants :