FIDAction

Numéro 9 –  février 2008

Message du Directeur de la Division Afrique de l'Ouest et du Centre

Une année s'achève. Une année commence. Alors même que l'Afrique de l'Ouest et du Centre ne néglige aucun effort pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement, rares seront les pays de la région qui parviendront vraisemblablement à réduire de moitié la pauvreté extrême et la faim d'ici à 2015. Le développement de la région demeure confronté à un certain nombre de sérieux défis.

On constate néanmoins des tendances positives qui peuvent constituer un point de départ. Dans l'ensemble, la croissance économique a été robuste dans la région en 2007. L'augmentation de la production agricole a, dans beaucoup de pays, dépassé 4% en moyenne. La croissance démographique offre des possibilités nouvelles à mesure que les marchés des produits agricoles s'élargissent en ville. Les organisations paysannes et les organisations de la société civile jouent un rôle croissant dans la formulation des politiques et la programmation et, de plus en plus, facilitent l'accès des agriculteurs aux intrants et aux marchés. Alors que la stabilité s'améliore, de brillantes perspectives s'offrent à la région, à condition de surmonter les principaux problèmes.

Le portefeuille du FIDA dans la région comprend 49 programmes et projets financés au moyen de prêts estimés à près d’1,3 milliard de dollars, y compris le cofinancement. Le rôle du FIDA consiste à aider les pays à produire assez d'aliments pour nourrir leurs populations et générer des revenus suffisants pour permettre à un nombre substantiel de ruraux pauvres de se libérer de la pauvreté.

Il faut pour cela appuyer les efforts dans les domaines de la maîtrise de l’eau et de la petite irrigation, du transfert de technologies et de l'accès aux marchés locaux et régionaux des intrants et des produits et à la finance rurale. L'agriculture constituant la principale source de gains pour la majorité des pauvres de la région, il demeure indispensable d'investir dans l'agriculture et dans les activités non agricoles en milieu rural.

Le FIDA s'emploie à promouvoir des programmes novateurs et efficaces qui puissent être transposés et appliqués à plus grande échelle. En outre, il appuie la formulation et la mise en œuvre de politiques de nature à faciliter une augmentation de la production agricole et le développement rural, l'idée étant qu'il faut donner à l'Afrique de l'Ouest les moyens de se sortir elle-même de la pauvreté et de la faim.

Compte tenu des objectifs stratégiques que s'est fixé le FIDA pour la période 2007-2010 ainsi que des difficultés auxquelles sont confrontés les populations rurales pauvres, le programme de prêts et de dons réalisé par le FIDA en Afrique de l'Ouest et du Centre en 2008 sera axé sur les priorités suivantes:

Le développement des institutions et le renforcement des capacités, spécialement des organisations paysannes et des microentreprises, demeureront une priorité transversale. Les activités appuyées par le FIDA contribueront également à améliorer les politiques agricoles et à affiner les stratégies pour la réduction de la pauvreté afin d'accroître leur impact sur les conditions de vie des ruraux pauvres.

La Division a l'intention de poursuivre plus systématiquement ses activités de gestion des savoirs dans le contexte de ses programmes et projets nationaux et régionaux. Elle s'attachera à améliorer le suivi et l'évaluation, à tirer des enseignements de l'expérience acquise sur le terrain, surtout dans des domaines thématiques comme le développement communautaire, la finance rurale et l'égalité entre les sexes. La Division le fera soit en assumant directement la responsabilité de la supervision et de l'évaluation des activités, soit en ayant recours à des réseaux thématiques et à des réseaux régionaux comme FIDAfrique pour diffuser les connaissances acquises.

Cette année, le FIDA organisera pour promouvoir l'apprentissage deux manifestations majeures en Afrique de l'Ouest et du Centre: un atelier/foire sur l'innovation dans la région et un atelier régional sur l'exécution des programmes et projets, auxquels sont invités à participer tous les partenaires du FIDA. Ces deux manifestations seront une occasion de prendre des contacts, d'apprendre, de partager des connaissances et de créer les conditions qui nous permettent de contribuer à améliorer l'efficacité des efforts de développement dans la région.

Il reste de sérieux problèmes à résoudre. Mais, grâce à un partenariat renouvelé et renforcé avec toutes les parties prenantes, nous atteindrons notre objectif.

Je voudrais, chers lecteurs, conclure en vous souhaitant à tous une très heureuse nouvelle année 2008.

Mohamed Béavogui

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Coup de projecteur sur l'innovation

Repérer et partager les innovations afin d'améliorer les moyens de subsistance des producteurs ruraux pauvres

En Afrique de l'Ouest et du Centre, de nombreuses innovations ont été identifiées et développées dans le cadre des projets et des programmes appuyés par le FIDA, mais leur connaissance est très limitée en dehors du contexte des projets. En outre, il n'existe aucune approche ni mécanisme permettant de manière systématique d'identifier, de répertorier et de diffuser ces innovations parmi les programmes et projets financés par le FIDA et auprès des organismes de développement en général.

Pour remédier à cet état de choses, le FIDA a lancé à la mi-2007 l'Initiative pour le repérage et le partage des innovations en Afrique de l'Ouest et du Centre. Elle a pour but d'identifier et de documenter les innovations et d'encourager pour l'avenir un processus d'échanges et de partenariats entre les producteurs, le secteur privé et les organisations internationales qui s'emploient à faciliter et à partager l'innovation dans la région. Elle contribuera également à faciliter les processus régionaux de formulation des politiques et des stratégies agricoles, notamment dans le contexte des processus d'élaboration de la politique agricole de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et du nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). L'Initiative est axée sur les innovations de portée régionale ou ayant la possibilité d'être adaptées à des contextes différents dans divers pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre.

Les objectifs de l'Initiative sont les suivants:

Cette initiative est réalisée en association avec divers acteurs et partenaires du développement, y compris la Fondation rurale de l'Afrique de l'Ouest, le Centre technique de coopération agricole et rurale, le Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest, l’Organisation de coopération et de développement économiques et FIDAfrique.

L'Initiative tend à encourager un processus de repérage de l'innovation dans la région et de concertation avec les acteurs régionaux au moyen d'enquêtes électroniques et de réunions directes. Plus de 70 innovations ont déjà été identifiées et documentées, et elles seront affichées prochainement sur le site web de FIDAfrique.

En mai 2008, le FIDA a l'intention d’organiser à Ouagadougou (Burkina Faso) un atelier/foire sur l'innovation dans la région, en collaboration avec ses partenaires régionaux, afin de créer une occasion d'encourager un large partage de l'innovation dans l'ensemble de la région. Cette manifestation rassemblera des acteurs très divers – agriculteurs et représentants du secteur privé, organismes de développement et institutions régionales de la région comme de l'extérieur – afin d'en maximiser l'impact.

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Des solutions novatrices pour réduire la pauvreté rurale en Afrique de l'Ouest et du Centre

Les associations de services financiers: l'accès aux services financiers en milieu rural

Le FIDA a élaboré le modèle d'Association de services financiers (ASF) au Bénin en 1997 afin d'éliminer les freins à l’accès des populations pauvres aux services financiers dans les régions rurales d'Afrique. Le modèle d'ASF offre une solution économique et potentiellement durable dans les régions rurales qui au départ n'intéressent pas les institutions financières du secteur structuré.

Les ASF sont des institutions communautaires qui appartiennent à leurs actionnaires et sont gérées par ces derniers. Les principaux problèmes à résoudre consistent à assurer une autogestion locale des ASF et à faire de celles-ci des institutions desservant des franges de population non couvertes et viables. Pour ce qui est de la portée des services offerts, les ASF opèrent dans des communautés rurales où, généralement, les autres types d'établissements de services financiers ne pourraient pas fonctionner de façon viable.

En 2004, le groupe thématique du FIDA chargé de la finance rurale a entrepris une analyse approfondie du modèle d'ASF en étudiant les résultats concrets donnés par plus de 200 ASF du Bénin et du Kenya, qui sont les deux pays où ces institutions ont eu l'impact le plus marqué. Cette étude avait pour objectif de tirer des enseignements de l'expérience acquise jusqu'à présent, de rechercher les moyens de renforcer les ASF pour améliorer leur viabilité à long terme et de transposer le modèle d'ASF dans d'autres pays et régions.

Au Bénin, le succès des ASF a encouragé les coordonnateurs de projets à mener des activités de concertation et de plaidoyer pour encourager la formulation de politiques de développement de la microfinance auprès des institutions nationales de tutelle des établissements d'épargne et de crédit. Le FIDA a aidé le Gouvernement béninois à définir la politique nationale en matière de microfinance rurale, qui a été approuvée en 2006. Le gouvernement a créé récemment un vice-ministère chargé du développement de la microfinance.

Le modèle d'ASF, extrêmement novateur, a depuis lors été élargi et reproduit en Guinée, en Mauritanie, en Ouganda et en République-Unie de Tanzanie et, tout dernièrement encore, en Sierra Leone.

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Organisation de clubs vidéo pour la formation des producteurs de cacao

Dans tous les pays d'Afrique de l'Ouest, les programmes d'aide à la culture du cacao demeurent insuffisants. Les méthodes de vulgarisation traditionnelles qui sont employées localement consistent généralement à diffuser des messages techniques à caractère général ou reposent sur des stratégies de développement de la production essentiellement axées sur les intrants. Différentes approches participatives de formation, comme les stages pratiques d'agriculteurs, ont certes permis d'améliorer les connaissances des producteurs, mais le succès de ce type d'approche dépend directement de la qualité des animateurs. Or, l'expérience acquise récemment dans plusieurs pays porte à penser qu'il demeure indispensable de perfectionner les compétences techniques et pédagogiques des animateurs des stages pratiques d'agriculteurs.

L'Institut international d'agriculture tropicale a reconnu, dans le cadre de son Programme de développement durable des cultures arbustives (STCP), la nécessité de mettre en œuvre des approches novatrices pour la formation des producteurs et la vulgarisation, afin d'améliorer la productivité des plantations de cacao en Afrique de l'Ouest. L'Institut a décidé de recourir à la vidéo. Cet outil de formation des agriculteurs et des populations rurales n'est pas nouveau en Afrique de l'Ouest mais il est rare qu'il ait été utilisé pour former les producteurs de cultures arbustives.

En 2006, le STCP a commencé à organisé des clubs vidéo en Côte d’Ivoire et au Ghana. Les clubs vidéo sont une méthode d'apprentissage en groupe qui conjugue ces aides visuelles et des manuels, des débats dirigés et des travaux pratiques. Les vidéos utilisées par les clubs sont produites soit sur une base participative, les cultivateurs étant associés à la conceptualisation, soit par des professionnels de la vidéo. Le STCP a essayé ces deux approches: des vidéos participatives de formation sont utilisées au Ghana, tandis qu'en Côte d’Ivoire, l'on a recours à des programmes vidéo produits par des spécialistes de la communication.

Le recours à des programmes vidéo pour la formation des cultivateurs permet à ceux-ci de visualiser les techniques et les pratiques les plus récentes et de voir en quelques minutes comment se déroule un processus qui dure longtemps. En outre, les cultivateurs qui ne savent pas lire et écrire peuvent apprendre eux aussi. Ces techniques permettent par ailleurs de présenter l'information de telle sorte qu'elle puisse être transmise sans être déformée, des sources techniques aux producteurs. Les clubs sont par conséquent un moyen plus efficace de diffuser des informations techniques et des connaissances concernant la production de cacao aux petits producteurs. Il reste néanmoins des problèmes à résoudre, comme la simple difficulté consistant à trouver des sources de courant électrique pour projeter les vidéos.

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Sur le terrain  

Cameroun: l'autonomisation des femmes à travers les comités villageois de concertation

Emilie Nyate était jadis totalement tributaire de ce qu'elle pouvait tirer de la terre. Aujourd'hui, grâce à la formation qu'elle a reçue dans le cadre du Programme national de développement des racines et tubercules (PNDRT) au Cameroun, elle est consultante et aide à créer des pépinières de manioc. Emilie est une importante productrice de boutures de manioc. Avec ce que lui rapportent ces activités, elle peut financer l'éducation de ses six enfants, dont deux sont à l'université.

Emilie Nyate est présidente du comité villageois de concertation (CVC) pour les racines et tubercules de son village, Ngam, dans la Province du Sud du Cameroun. Elle est également secrétaire générale des producteurs de manioc du bassin de Sangmelima. 

"Aujourd'hui, la communauté me respecte", dit-elle. "Les services du Ministère de l'agriculture et du développement rural me demandent d'apprendre à d'autres femmes à cultiver le manioc."

Comme Emilie Nyate, plus de 5 000 femmes participent aux activités menées dans le cadre du PNDRT pour accroître la production, le traitement et la commercialisation du manioc au Cameroun.

Comme l'explique Ngue Bissa, coordonnateur national du PNDRT, "Le projet a un double but: accroître les revenus des femmes rurales et les préparer à prendre des décisions".

La structure du PNDRT comprend des antennes, des bassins, des villages et des comités villageois de concertation (CVC). Les CVC constituent le lien entre le programme et les bénéficiaires, au niveau des villages. Ils rassemblent toutes les personnes qui, directement ou indirectement, participent à la culture des racines et tubercules, qu'ils soient producteurs, transformateurs, négociants ou distributeurs. Il y a au Cameroun quelque 250 CVC.

Le PNDRT a depuis longtemps pour politique que 6 des 11 membres dirigeants de chaque CVC doivent être des femmes. Celles-ci peuvent occuper n'importe quel poste de direction, mais le poste de trésorier leur est exclusivement réservé.

Selon Benjamin Bidjoh, chef de l'antenne du PNDRT à Ebolowa, 48 des 50 présidents de CVC de sa région sont des femmes, et celles-ci représentent 80% de leurs membres.

Les CVC sont chargés de préparer les plans de développement de la culture des racines et tubercules de leur ressort, de les exécuter, de mobiliser des ressources et de permettre aux villageois d'avoir accès aux nouvelles techniques de culture et aux intrants.

Les CVC sont également associés à la sélection, à la réalisation et à la gestion de projets d'infrastructure rurale, par exemple lorsqu'il s'agit de construire des marchés ou des ponts ou d'entretenir les routes. Ils permettent ainsi aux agriculteurs d'écouler leur production sur les marchés à des prix rémunérateurs.

"Au début, c'était chacun pour soi. Aussi avons-nous commencé par encourager les villageois à créer des groupes afin de susciter ainsi un esprit d'équipe," ajoute Bidjoh. "Nous avons ensuite dispensé une formation aux cultivateurs et produit des boutures de variétés de manioc à haut rendement."

Le PNDRT et les CVC ont organisé 14 stages pratiques d'agriculteurs à Ebolowa et Sangmelima. Le PNDRT a dispensé une formation à un premier groupe de cultivateurs qui, à leur tour, ont formé les autres villageois.

"Il y a eu dans le pays 70 stages pratiques d'agriculteurs, 14 pour chaque antenne," explique André Mbairanodjo, responsable de la production et du traitement au siège du PNDRT, à Yaoundé. "Il y a également au Cameroun plus de 600 pépinières de manioc."

À la suite de ces efforts, la production dans la région d'Ebolowa‑Sangmelima est passée de 8 à 10 tonnes par hectare en 2005 à 25 à 30 tonnes par hectare en 2007. Le PNDRT a construit deux entrepôts, d'un coût de 17 millions de francs CFA (38 300 dollars). Il a également construit cinq magasins de séchage, d'un coût de 29 millions de francs CFA (65 300 dollars), pour les agriculteurs qui produisent des granulés de manioc qui seront ensuite transformés en farine. Le PNDRT s'emploie également à mettre en rapport producteurs et négociants pour faciliter la commercialisation de la production.

Comme le précise Bidjoh, "il se trouve que nous sommes proches de la frontière avec le Gabon et la Guinée équatoriale, où se trouvent la plupart de nos clients. Nous avons établi une liste des négociants de ces pays, avec leurs coordonnées, que nous avons ensuite distribuée aux CVC."

Le succès des activités de promotion de la culture de manioc entreprises dans le cadre du PNDRT dans la Province du Sud a suscité l'intérêt des villageois qui vivent en dehors de la région couverte par le programme. Selon Bidjoh, plus de 60 groupes d'initiatives communes du district de Mfou dans la Province du Centre, ont demandé que le programme soit étendu à leur région. Des personnes comme Emilie Nyate, qui a déjà organisé 12 pépinières de manioc dans des villages non couverts par le programme, sont extrêmement utiles pour faciliter cette expansion. À mesure que les activités appuyées par le programme approchent de leur terme, le PNDRT souhaite voir les cultivateurs en assumer la responsabilité.

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Cap-Vert: un exemple de solidarité sociale et de bonne gouvernance

Plus de dix ans après les profondes réformes introduites par le Gouvernement du Cap-Vert afin de promouvoir la libéralisation de l'économie, la privatisation et la décentralisation au profit des municipalités, la situation économique du pays a changé du tout au tout. Le Cap-Vert vient au premier rang, parmi les pays d'Afrique, en matière de bonne gouvernance et de démocratie. En outre, le gouvernement a réussi à galvaniser l'énergie de la population pour développer le pays et surmonter les difficultés naturelles et le manque de ressources agricoles.

Ainsi, le Cap-Vert ne figure plus dans la catégorie des pays les moins avancés et atteindra sans doute les Objectifs du Millénaire pour le développement même avant 2015. Le pays est aujourd'hui l'un des modèles africains.

Comme l'explique Mohamed Manssouri, chargé de programme de pays du FIDA pour le Cap-Vert, "entre 2001 et 2006, le Cap-Vert a connu un taux de croissance impressionnant – 5,8% en moyenne par an – tout en sauvegardant une étroite cohésion sociale, ce qui est encore plus remarquable". Pour 2007, selon les projections de la Banque mondiale, le taux de croissance devrait être proche de 7%.

D'emblée, le FIDA a appuyé le programme de réformes entrepris par le gouvernement pour combattre la pauvreté par le biais de son Programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural, lancé en septembre 1999. Ce programme est financé dans le cadre du Mécanisme flexible de financement, qui prévoit un décaissement des fonds en trois étapes. Le prêt initialement accordé représentait une valeur de 9,2 millions de dollars. Il couvre une période de dix ans (2000-2009). Le coût total du programme était de 18,34 millions de dollars, le solde des fonds devant provenir du Gouvernement du Cap-Vert.

Comme le souligne Mohamed Béavogui, Directeur de la Division Afrique de l'Ouest et du Centre du FIDA, "il s'est agi d'un programme modèle, et le Cap-Vert nous a servi de laboratoire pour entreprendre des approches efficaces de promotion du développement à initiative communautaire et exploiter les enseignements tirés dans les autres pays de la région."

Le Programme de lutte contre la pauvreté en milieu rural a donné de si bons résultats dans les régions où il a été mis en œuvre jusqu'à présent qu'il est prévu de l'étendre à toutes les régions rurales du Cap-Vert.

Comme le dit Manssouri, "non seulement le programme a atteint son objectif, mais encore il va être élargi. Il est devenu l'un des principaux instruments d'intervention utilisés dans le pays pour combattre la pauvreté en milieu rural".

Le programme a stimulé la création d'associations communautaires de développement (ACD), qui s'emploient à mobiliser l'énergie et le potentiel des communautés locales. À la fin de la deuxième phase du programme, il avait été créé 177 ACD, réunissant quelque 10 000 familles, soit environ 40 000 des quelque 51 000 ruraux pauvres qui vivent dans la région couverte par le programme.

Le succès du programme est imputable en particulier à la création, dès le début de sa mise en œuvre, de commissions régionales de partenaires (CRP) qui sont chargées de formuler un plan de lutte contre la pauvreté dans leurs régions et de gérer les ressources financières disponibles. Les CRP sont constituées de parties prenantes locales, comme les communautés rurales qui bénéficient des projets représentés par les ACD (qui ont la majorité des voix) et des représentants des municipalités, des ONG et du secteur privé.

"Dès le début, le programme a été fondé sur des partenariats, et rien n'a été imposé. Les communautés et leurs partenaires locaux ont géré leur propre développement", précise Mohammed Manssouri. "Cette approche a donné d'excellents résultats au Cap-Vert car les valeurs que sont la solidarité et l'inclusion sont profondément enracinées dans la culture du pays."

Sur la base des plans de lutte contre la pauvreté élaborés à la suite de processus participatifs et approuvés par les CRP, les communautés ont pu décider librement les types de microprojets qu'elles entendaient réaliser, à condition qu'ils répondent aux critères généraux convenus dans les plans. Les communautés ont dû discuter de leurs propositions avec les CRP et les soumettre à leur approbation. Elles ont ensuite entrepris des microprojets avec l'appui des CRP. Il a été alloué un budget global triennal que les communautés ont été libres d'utiliser sans devoir spécifier dans quels microprojets les fonds seraient investis.

Si le programme a si bien réussi, c'est aussi parce que le gouvernement a poursuivi avec fermeté les réformes économiques indispensables et a reconnu le rôle que pouvaient jouer les CRP. Le programme a réussi à créer et à renforcer les CRP et a mis à leur disposition les instruments et les mécanismes nécessaires pour qu'ils puissent fonctionner en tant qu'institutions.

"Le programme a été extrêmement novateur parce que les CRP et les ACD ont reçu le pouvoir de décider du type de microprojets qu'ils souhaitaient mettre en œuvre", précise Romano Pantanali, consultant principal qui faisait partie de l'équipe initialement chargée de la conception du programme. "Nous avons beaucoup insisté sur leur autonomie."

L'accord de prêt initial prévoyait un programme comportant quatre volets: une composante concernant le financement des microprojets, à laquelle étaient alloués 64% du total des fonds; une composante visant à informer et éduquer les communautés pour leur faire connaître le programme (12% du total); une composante tendant à former les CRP pour les préparer à s'acquitter de leurs tâches, principalement pendant la première phase (7% du total); et une composante relative à la gestion du programme (16% des fonds).

Comme l'explique José Maria Veiga, coordonnateur du projet au Cap-Vert, "l'aspect réellement novateur a été l'établissement d'un mécanisme de virement direct des fonds aux CRP, qui les ont gérés eux-mêmes. Cela montre que, lorsque les gens s'intéressent à un programme et obtiennent ce qu'ils veulent, ils sont tout à fait capables de le gérer."

En six ans, il a été exécuté quelque 1 300 microprojets dans des domaines comme la micro-irrigation, la collecte d'eau de pluie, le drainage, l'approvisionnement des villages en eau courante, le tissage et d'autres métiers artisanaux, la menuiserie, la production de céramique et le traitement des fruits. Beaucoup de communautés ont décidé d'investir dans des projets de logements sociaux afin de commencer ainsi à combattre la pauvreté extrême et la marginalisation.

"Les communautés ont pensé qu'une fois qu'ils pourraient disposer d’un logement, les très pauvres auraient le sentiment d'être moins misérables et pourraient concentrer leur attention sur d'autres activités économiques", poursuit José Maria Veiga. Cela a changé les comportements et les intéressés, ne se considérant plus au nombre des pauvres, ont eu le sentiment de pouvoir prendre leur destin en main.

Le programme a fait une large place à la formation et à l'éducation au niveau des communautés. Cela a également constitué l'un des principaux aspects du programme. Les CRP ont fait venir des moniteurs pour aider les villageois à acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour entreprendre des activités qui leur permettraient d'accroître leurs revenus. Comme l'explique Veiga, "par exemple, quelques CRP ont travaillé avec des associations portugaises pour dispenser une formation à la céramique et à la poterie, montrant ainsi qu'ils étaient capables d'opérer en dehors du programme proprement dit."

Dans un premier temps, le programme a été mis en œuvre dans cinq des îles du pays, à savoir Santo Antão, São Nicolau, Fogo, Brava et Santiago (dans les municipalités de Tarrafal et São Miguel) et il a été créé des CRP dans chacune d'elles. Pendant la troisième phase, qui tendra à consolider les résultats obtenus pendant les deux premières, le programme sera étendu à l'ensemble du pays, et le montant du prêt du FIDA sera accru de 4 millions de dollars pour atteindre 13 millions de dollars. Le gouvernement accroîtra lui aussi considérablement sa contribution.

Des améliorations s'imposeront cependant pendant la troisième phase pour assurer la pérennité des résultats du programme. En particulier, les CRP devront se montrer plus disposés à travailler avec des partenaires extérieurs au programme pour pouvoir mobiliser davantage de sources de financement. Ils devront également être plus novateurs et adopter une approche plus stratégique dans leur choix des projets de développement et devront mieux les concevoir et mieux les préparer. Le programme a contribué à renforcer le rôle des femmes au niveau des communautés, mais il devra rehausser davantage leur profil pour qu'elles puissent participer plus efficacement à la prise de décisions aux échelons local et national. "Tels sont les objectifs de la troisième phase", dit Manssouri.

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Actualité et événements

Le Conseil d'administration du FIDA approuve pour 76,1 millions de dollars de prêts et 1,2 million de dollars de dons pour financer des projets en Afrique de l'Ouest et du Centre

À sa quatre-vingt-douzième session, tenue à Rome (Italie) du 11 au 13 décembre 2007, le Conseil d'administration du FIDA a approuvé pour plus de 236 millions de dollars de prêts et 20 millions de dollars de dons pour la réalisation de programmes et de projets visant à aider les populations rurales pauvres des pays en développement à se libérer de la pauvreté. Le Conseil a également approuvé pour 6,24 millions de dollars de dons afin d'appuyer des activités de recherche-développement agricole dans les régions rurales des pays pauvres.

Au Burkina Faso, un prêt de 11,0 millions de dollars et un don de 400 000 dollars aideront 20 000 ménages ruraux pauvres à intensifier et à diversifier leur production agricole grâce à la construction et à la remise en état de systèmes d'irrigation à petite échelle et à l'application de technologies novatrices de micro-irrigation. Le Projet d'irrigation et de gestion de l'eau à petite échelle a pour but de promouvoir les processus locaux de négociation afin d'améliorer l'accès des participants à la terre et à l'eau. Il est également prévu d'appuyer des activités de commercialisation.

Au Ghana, le Programme de promotion de la croissance rurale dans le Nord aidera les populations rurales pauvres – en particulier les femmes – à créer des filières rentables de produits de base et alimentaires tout en améliorant les liens avec les marchés nationaux et d'exportation. Le programme, appuyé par un prêt du FIDA de 22,33 millions de dollars et un don de 400 000 dollars, sera réalisé dans les zones rurales des trois régions septentrionales et dans les districts voisins agro-écologiquement semblables de la région de Brong-Ahafo, la plus pauvre du pays. Près de 45 000 ménages bénéficieront des activités génératrices de revenus qui sont organisées dans le cadre du programme et 100 000 environ des travaux d'amélioration de l'infrastructure.

Le Nigéria recevra un prêt de 42,76 millions de dollars et un don de 400 000 dollars pour développer les microentreprises rurales. Le Programme de développement des microentreprises rurales, qui vise à consolider le cadre politique de développement des petites et moyennes entreprises du pays, aidera à créer dans le secteur des microentreprises rurales non agricoles de nouvelles possibilités, afin d'accroître les revenus et la sécurité alimentaire et d'améliorer les conditions de vie des ménages pauvres, en particulier ceux qui n'ont qu'un accès limité aux terres agricoles ou qui ne possèdent pas de terres du tout. Les participants seront les ruraux pauvres vivant au-dessous du seuil de pauvreté. Il s'agit principalement de ménages dirigés par une femme, de jeunes chômeurs et de personnes en situation de handicap. Le nombre total de bénéficiaires sera d'environ 700 000 sur une période de huit ans.

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FIDAfrique: faciliter la connexion en Afrique subsaharienne

 FIDAfrique, qui est un réseau régional d'information pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, a été lancé en 1999 afin d'améliorer la gestion des programmes et des projets du FIDA en renforçant les capacités de partage de l'information et des connaissances, des pratiques optimales et des enseignements tirés. Pendant sa deuxième phase, de 2004 à 2007, FIDAfrique s'est employé surtout à développer sur Internet un réseau de liens et d'outils informatiques. Il a organisé pour faciliter l'échange de connaissances des manifestations très diverses comme forums, ateliers et voyages d'études entre projets. En outre, il s'est efforcé de faciliter le partage de l'information et les activités de renforcement des capacités dans ce domaine des programmes et des projets appuyés par le FIDA et de leurs partenaires.

En juillet 2007, à l'issue d'une évaluation finale indépendante de la phase II de FIDAfrique, l'Institut international pour le développement durable a recommandé de passer à une nouvelle phase, reconnaissant que si des résultats avaient été obtenus, il restait des difficultés à résoudre et à entreprendre des activités dans des domaines nouveaux. L'équipe chargée de l'évaluation a relevé que le réseau évoluait dans la bonne direction, passant d'un système essentiellement électronique de partage de l'information à un réseau d'individus et d'institutions.

Le FIDA étudie actuellement la possibilité, après avoir concentré les efforts sur l'Afrique de l'Ouest et du Centre, d’étendre FIDAfrique à l'ensemble de l'Afrique subsaharienne en y englobant l'Afrique orientale et australe au cours de la prochaine phase, l'intention étant de mettre en place un réseau unifié de diffusion des connaissances en Afrique subsaharienne afin d'améliorer l'efficacité des efforts de développement rural, conformément au Cadre stratégique du FIDA pour 2007-2010. Le réseau proposé relierait ainsi les individus et les réseaux existants pour promouvoir l'apprentissage et le partage de données d'expérience et d'innovations en matière de réduction de la pauvreté rurale dans toute l'Afrique subsaharienne.

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L’Renforcement de l'approche sexospécifique du FIDA en Afrique de l'Ouest et du Centre

L'évaluation de la pauvreté rurale en Afrique de l'Ouest et du Centre réalisée en 2001 a mis en relief le fait que l'inégalité entre hommes et femmes est l'une des principales causes de la misère rurale dans la région. Ainsi, le FIDA a lancé en novembre 2001 un Programme d'action destiné à aider les projets et les programmes du FIDA à atteindre les femmes rurales en Afrique de l'Ouest et du Centre. Le financement de cette initiative, d'un montant total de 1,3 million de dollars, a été assuré par les Gouvernements italien et norvégien par le biais de contributions volontaires aux fonds supplémentaires du FIDA.

Le principal objectif de ce programme de six ans était de faire en sorte que les projets financés par le FIDA en Afrique de l'Ouest et du Centre aient un impact plus marqué sur la réduction de la pauvreté et l'amélioration de la sécurité alimentaire des ménages en faisant une plus large place aux femmes rurales. Les objectifs spécifiques du programme étaient les suivants:

Le programme a été relié aux activités réalisées dans 15 pays de la région. Il a permis au FIDA d'obtenir les ressources financières indispensables pour investir dans la recherche, la formation et la formulation et l'exécution de projets pilotes grâce auxquels l'organisation a affiné son approche sexospécifique en Afrique de l'Ouest et du Centre.

Au Niger, le Projet d’intégration de l’approche genre(PIAG) a été entrepris sur une base pilote dans le district d'Aguié de janvier 2003 à juin 2005. Le projet, financé au moyen d'un don de 95 000 dollars, avait les quatre objectifs spécifiques suivants:

L'examen final réalisé dans le cadre de l'autoévaluation du Programme du FIDA pour la promotion de l'égalité entre les sexes et l'autonomisation des femmes a qualifié le don accordé par le Fonds au PIAG comme "l'élément qui a permis d'intégrer une perspective sexospécifique dans les activités de sorte qu'elle devienne une composante indissociable de la planification de l'exécution du PPILDA au niveau des communautés. Le don du FIDA a permis à l'équipe et à tous les autres intervenants d'incorporer systématiquement les questions liées à l'égalité entre les sexes à l'identification préalable des activités à mettre en œuvre dans le cadre du PPILDA."

Les évaluations et examens qui ont été réalisés récemment de projets entrepris au Bénin, au Cap-Vert, en Gambie, au Ghana, en Guinée et au Sénégal ont relevé les bons résultats obtenus s'agissant de la participation des femmes aux programmes et aux projets du FIDA. Il en ressort clairement que, depuis l'enquête de référence menée en 2003, la problématique hommes-femmes a été beaucoup mieux intégrée aux activités en Afrique de l'Ouest et du Centre.

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