Progress in Eastern and Southern Africa

Numéro 12: juin 2009

Message du Directeur

Une société peut pleinement s'épanouir lorsque tous ses membres, les femmes comme les hommes, sont en mesure d'apporter leur pierre à l’édifice dans des conditions de stricte égalité et en y consacrant le maximum de leurs possibilités. Dans l'agriculture subsaharienne, le gros de la production est assuré par les femmes, particulièrement pour les cultures de base. Les efforts des femmes sont donc d'une importance primordiale pour l'accroissement de la production agricole et l'amélioration des moyens de subsistance.

C'est en reconnaissant l'existence d'inégalités entre les sexes et en cherchant réellement à les vaincre qu'on pourra progresser sur la voie du développement. Au cours de la décennie écoulée, le FIDA a fait de la parité un aspect essentiel de ses travaux, intégrant le souci de la parité hommes-femmes dans tous ses programmes et projets. Cette année, nous avons entamé un nouveau programme de renforcement des capacités régionales et de gestion des savoirs pour promouvoir l'égalité hommes-femmes. Ce programme a pour objectif de contribuer à réduire la pauvreté rurale par une plus grande égalité entre les sexes et une autonomisation accrue des femmes. Il vise à améliorer l'efficacité des opérations menées par le FIDA et ses partenaires pour réduire la pauvreté rurale en accroissant la capacité d'intégration de la problématique hommes-femmes. Le programme est mis en oeuvre par l'Organisation des Nation Unis pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Le partenariat ainsi noué entre le FIDA et la FAO sera bénéfique pour les deux organisations puisqu'il leur permettra de mettre leurs ressources en commun et de tirer mutuellement parti de leur expérience.

Pour la Division Afrique orientale et australe, il se traduira par des efforts concertés de valorisation du ciblage et de l'intégration de la problématique hommes-femmes dans la conception et l'appui à l'exécution.

Pour intensifier encore les efforts en ce sens, la division procède actuellement au recrutement d'un coordonnateur régional pour la parité hommes-femmes, qui exercera ses fonctions à Nairobi et aidera à faire en sorte que les projets et programmes prennent mieux en compte les questions de parité et les intègrent dans les activités quotidiennes auxquelles ils donnent lieu.

Ides de Willebois

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Parité hommes-femmes : travailler ensemble sur un pied d'égalité

Il est maintenant admis que le développement économique ne peut suffire à lui seul à aider les femmes rurales pauvres à s'affranchir de la pauvreté. Il faut aussi qu’existent des politiques spécifiques pouvant conduire à l'autonomisation des femmes. La présence d’une proportion trop élevée de femmes au sein de la population rurale extrêmement pauvre montre qu'une attention particulière doit leur être accordée. « La pauvreté présente une forte dimension sexospécifique. Dans beaucoup de communautés d'Afrique subsaharienne, les femmes sont invariablement plus pauvres que les hommes », dit Clare Bishop-Sambrook, spécialiste de la parité, du ciblage et du VIH/sida travaillant pour la Division Afrique orientale et australe du FIDA.

Lorsque les femmes s'autonomisent en milieu rural, des avantages en découlent non seulement pour elles-mêmes, mais aussi pour leurs familles et leurs communautés. En dernier ressort, cela a une incidence directe sur la réduction globale de la pauvreté et sur la sécurité alimentaire des ménages.

Les femmes sont défavorisées dans de nombreuses sociétés rurales d'Afrique subsaharienne. Leur statut est inférieur à celui des hommes et l'accès aux ressources est pour elles plus difficile, alors même que leur double rôle reproductif et productif et leurs charges communautaires leur imposent de plus grandes responsabilités . Dans l'agriculture en particulier, où elles représentent 70 % environ de la main-d'oeuvre, les femmes ont un accès limité à des ressources telles que la terre, le crédit et les technologies. Elles jouent traditionnellement un rôle majeur dans la production agricole, mais ce sont souvent leurs maris qui commercialisent les denrées obtenues et recueillent le produit de la vente. Dans ces conditions, les femmes ne sont guère enclines à adopter des pratiques et des technologies qui réclament de leur part plus de travail ou plus de souci du détail, et elles hésitent à opter pour une production plus orientée vers le marché lorsqu’il n’y a pas de grand supplément de rémunération à en attendre.

Or, on voit de plus en plus souvent des agricultrices et des entrepreneures fournir aux marchés locaux, nationaux et internationaux des denrées traditionnelles et des produits de grande valeur. Elles n’en gardent pas moins un certain nombre de handicaps par rapport aux hommes. Les femmes sont souvent désavantagées sur les plans de la mobilité et de l’accès à l'éducation, à la formation et à l'information sur les marchés, ainsi qu'aux moyens de production. Il leur est parfois difficile de surmonter les barrières culturelles qui leur interdisent de se livrer à des activités économiques particulières. Pour de nombreuses femmes vivant dans des sociétés rurales traditionnelles, sortir de leur rôle sexospécifique prédéterminé peut poser un dilemme, comme dans le cas d'Howa,une mère de quatre enfants qui voudrait devenir agricultrice en Erythrée (voir plus loin « l'histoire d'Howa »).

D'après une étude menée par la Banque mondiale au Burkina Faso, au Kenya et en Tanzanie, les agricultrices et entrepreneures pourraient voir augmenter leurs revenus dans une proportion estimée à 10 ou 20 % et si elles bénéficiaient des mêmes apports d’intrants et de la même éducation que les hommes. Selon la FAO, les femmes ont aussi plus facilement tendance que les hommes à se servir des ressources et des revenus dont elles disposent pour améliorer la consommation alimentaire et la qualité de la vie familiales, réduire la malnutrition des enfants et accroître le bien-être général de la famille.

L'expérience recueillie sur le terrain à l'occasion de programmes et projets de développement dans un certain nombre de pays d'Afrique couverts par la Division Afrique et orientale et australe tend à démontrer que les rendements et la qualité de la production s'améliorent lorsque les problèmes de disparité entre les sexes sont traités au niveau du ménage et que tous les membres de la famille tirent profit d'une hausse de la production.

Pour de plus amples informations, prière de s'adresser à :

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L'action du FIDA en matière de parité

Le cadre pour l'intégration des questions de parité hommes-femmes dans les opérations du FIDA, publié en 2008 afin de donner suite au plan d'action en matière de parité hommes-femmes, énonce les principes directeurs de l'intégration de la problématique homme-femmes et définit les principales caractéristiques de la conception et de l'exécution de projets et programmes selon une démarche respectueuse de l'égalité entre les sexes. En outre, le FIDA a mis 1,5 million d'USD à la disposition de la FAO au titre d'un programme de deux ans destiné à mieux intégrer la problématique homme-femmes dans les projets de développement par le renforcement des capacités, l'apprentissage participatif et la gestion des savoirs.

Le FIDA expérimente également le mentorat domestique, une méthodologie qu’a élaborée l'agence suédoise de coopération internationale au développement et qui donne des résultats prometteurs, particulièrement en termes d'autonomisation des femmes et de lutte contre le VIH/sida (voir plus loin « le mentorat domestique... »).

Un coordonnateur régional pour la parité hommes-femmes sera nommé au sein de la Division Afrique orientale et australe afin d'aider à mieux centrer sur la problématique hommes-femmes les programmes et projets à réaliser dans la région. Le coordonnateur, qui exercera ses fonctions à Nairobi (Kenya), interagira également avec les réseaux thématiques appuyés par le FIDA dans la région, en collaborant avec eux au sujet de la gestion de l'eau à usage agricole, de la finance rurale, de l'accès aux marchés et de la gestion des savoirs, afin d'aider leurs membres à bien axer leur attention sur la problématique hommes-femmes dans les domaines dont ils s'occupent. Un échange de connaissances et de visites d'études a déjà débuté entre des groupes de femmes de Madagascar et de l'île Rodrigues, à Maurice. 

Sous la conduite du coordonnateur, les questions de parité seront prises en compte dans tous les programmes.

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Les droits fonciers des femmes

La terre est l'une des ressources fondamentales dont ont besoin les femmes afin d’améliorer leurs conditions de vie et leur autonomie économique et aussi, dans une certaine mesure, de lutter pour l'équité et l'égalité. Mais des facteurs économiques, juridiques, sociaux et culturels restreignent leurs droits à accéder à la terre, à la gérer et à la transférer par rapport à ceux que possèdent les hommes.

Dans la plupart des pays d'Afrique orientale et australe, les femmes assurent le gros de la production agricole et consacrent généralement le fruit de leur labeur à la sécurité alimentaire du ménage. Pourtant, le plus souvent, elles ne jouissent pas des mêmes droits fonciers que les hommes. Bien que plus de 60 % des femmes d'Afrique australe doivent travailler la terre pour assurer leur subsistance, on estime que moins de 10 % d'entre elles possèdent effectivement de la terre, le droit d'y accéder étant fréquemment subordonné au consentement du mari. Dans de nombreux cas, les femmes ne peuvent pas hériter de terre et elles utilisent souvent des terres communales, où leurs droits ne sont pas bien protégés. Il est fréquent aussi que les femmes soient exclues de la prise de décision sur la répartition des terres, et l'accès aux institutions locales d'administration foncière leur est plus difficile. Les femmes et les orphelins sont souvent dépossédés de leurs terres à cause de la pandémie de VIH/sida : à la mort du mari  (ou  père), la terre revient souvent à d'autres hommes de la famille.

Au cours de la décennie écoulée, les gouvernements et d'autres parties prenantes en Afrique en sont venus à reconnaître de plus en plus largement l'importance de la sécurité foncière pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté. De nombreux pays ont élaboré de nouvelles politiques et législations foncières ou sont en passe de le faire. La coexistence de régimes fonciers diversifiés et la nécessité d'intégrer les systèmes coutumiers et légaux aux systèmes d'administration foncière sont désomais mieux admises.

De nombreux gouvernements reconnaissent ainsi la nécessité de renforcer les droits fonciers des femmes. Les possibilités d'action envisageables pour conforter les droits fonciers légaux des femmes englobent :

Dans le même temps, il convient d'admettre également que, s'il importe de renforcer les droits légaux des femmes, il n'en est pas moins nécessaire de reconnaître et renforcer les pratiques coutumières qui protègent leurs droits fonciers. Une fois reconnus, les droits légaux doivent être garantis et protégés.

Mais surtout , l'autonomisation économique est considérée comme le principal moyen de renforcer les droits fonciers des femmes.

Le FIDA et ses partenaires appuient la garantie des droits fonciers des femmes dans plusieurs projets de la région. Des projets réalisés dans des pays tels que l'Éthiopie, l'Érythrée, Madagascar, le Rwanda, la Tanzanie, l'Ouganda, la Zambie et le Swaziland sont actuellement le cadre d’activités visant l'attribution de titres de copropriété foncière, l'accroissement de la participation des femmes à l'administration foncière,  la défense des droits fonciers, la sensibilisation des autorités traditionnelles et l'aide à la rédaction de testaments en faveur des enfants dont les parents sont atteints du VIH/sida, et qui voient ainsi leurs droits mieux protégés.

Des consultations ont eu lieu au siège du FIDA, sur le terrain et avec d'autres institutions afin de faire le point sur l'action entreprise pour renforcer les droits fonciers des femmes et pour recenser les principaux obstacles et difficultés.

Les résultats de ces consultations ont fait l'objet d'une note de synthèse et ont été présentés lors d'un séminaire tenu au siège du FIDA en juin. Ils seront utilisés pour intensfier encore les activités relatives aux droits fonciers des femmes dans le cadre des projets bénéficiant de l'appui du FIDA.

Les principales questions relevées au cours des consultations ont notamment trait à la nécessité de :

Les questions de parité dans les situations d'après conflit

Il existe de nombreux cas dans lesquels il est nécessaire de cibler expressément les femmes parce qu’elles ont besoin d'un soutien supplémentaire. Cela vaut particulièrement pour les situations d'après conflit. Au Burundi, le programme transitoire de reconstruction après conflit (2005-2011) comporte des activités spécifiques qui sont destinées à redonner des moyens de subsistance aux femmes et qui sont supervisées par un spécialiste des questions de parité au sein de l'unité de coordination du projet. Des quotas sont réservés aux femmes dans les centres de développement communautaire, aux niveaux local et régional, de même qu'à l'échelon du district. De plus, un fonds d'aide juridique de 800 000 USD a été constitué pour que les femmes puissent bénéficier d'un soutien et de conseils juridiques en cas de litige ayant trait à la terre et à d'autres actifs productifs, et pour que leurs droits fondamentaux soient protégés.

« Le fonds permettra de faire appel à des avocats pour assurer leur défense », dit Abla Benhammouche, chargé de programme de pays au FIDA, qui a participé à la conception du programme. « Le programme fait également intervenir des équipes juridiques mobiles pour informer les citoyens de leurs droits et obligations. »

Les femmes et la finance rurale

   
 

Un responsable de l'aide aux entreprises de KWFT discute du remboursement d'un prêt avec une représentante du groupe de femmes de Neema

 

D'autres programmes menés dans la région ont eu un impact très sensible sur les moyens de subsistance des femmes, même s'ils ne comportaient peut-être pas de ciblage tenant spécifiquement compte de la problématique homme-femmes. Cela vaut tout particulièrement pour les systèmes de finance rurale. À Madagascar, dans le cadre du projet d'amélioration et de développement agricoles dans le Nord-Est (1997-2006), près de 80 % des ménages ayant des femmes à leur tête ont recouru à des mécanismes de crédit et 60 % des personnes ayant suivi une formation étaient des femmes.

Celles-ci ont obtenu la possibilité d'emprunter des fonds pour pouvoir mener des activités génératrices de revenus. Au Mozambique, la composante « services financiers » du projet de pêche artisanale dans la zone du banc de Sofala (2002-2009) a incité les femmes à devenir membres de groupements d'épargne et de crédit. Les femmes forment environ 30 % de la clientèle de ces groupements, mais seulement 5 % de celle des établissements formels de crédit. « Les groupements d'épargne et de crédit gagnent vite du terrain. L'approche inaugurée avec le projet du banc de Sofala est actuellement appliquée à plus grande échelle dans le cadre du programme de finance rurale », indique Alessandro Marini, chargé de programme de pays au FIDA. Une institution de microfinance rurale (IMF), le Fundo de Desenvolvimento Mulher, a été mise en place dans le pays afin de répondre spécifiquement aux besoins de la clientèle féminine (voir plus loin « La finance rurale pour les femmes »).

L'institution a été bâtie en partie sur le modèle du fonds  fiduciaire pour les femmes kényanes (KWFT), l'une des premières IMF à avoir ciblé les femmes. Le KWFT, devenu depuis lors l'une des IMF rurales les plus importantes d’Afrique orientale et australe, constitue un  exemple d'approche réussie du ciblage de la problématique hommes-femmes [voir http://www.kwft.org/]. Il bénéficie d'un appui partiel du FIDA.

La problématique homme-femmes dans les filières

Intégrer la problématique hommes-femmes tout au long d'une filière peut se révéler complexe. Il faut que les programmes tiennent spécifiquement compte des différences liées au sexe d’un bout à l’autre de la filière -- depuis les producteurs jusqu'aux transformateurs en passant par les intermédiaires -- et qu’ils incluent, dans une optique proactive, les intervenants qui disposent de moins d'actifs. Il est essentiel de comprendre les rôles que les femmes jouent dans une filière et les obstacles spécifiques auxquels elles se heurtent, par exemple pour avoir accès à des services financiers ou à une assistance technique.

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Récits recueillis sur le terrain


Le mentorat domestique, une méthode qui permet d’aborder le sujet de la parité et celui du VIH/sida

D'après les estimations, 22 millions de personnes, dont 60 % de femmes, vivent avec le VIH/sida en Afrique subsaharienne. L'Afrique australe est l'épicentre de cette pandémie d'ampleur mondiale. Dans cette sous-région, exception faite de l'Angola, les taux de prévalence nationaux du VIH chez les adultes sont exceptionnellement élevés -- de l'ordre de 15 % --  par rapport à des niveaux qui s’échelonnent de 2 à 6% en Afrique orientale. Il semble maintenant que l’épidémie soit en majeure partie stabilisée, mais à de très hauts niveaux en Afrique australe, et dans un nombre croissant de pays, la prévalence du VIH chez les adultes paraît être en recul. Le phénomène présente une dimension sexospécifique très nette, les femmes jeunes étant plus exposées à l'infection par le VIH que les hommes en raison de divers facteurs de vulnérabilité, d'ordre biologique, social et économique.

Au cours des cinq dernières années, la dynamique de l'infection a changé du tout au tout. Grâce aux efforts des gouvernements nationaux, des partenaires du développement, des ONG, du secteur privé et de la société civile, des progrès substantiels ont été faits à l'égard de plusieurs aspects du VIH/sida. Il y a aujourd'hui une plus grande prise de conscience de la maladie, un meilleur accès aux services de dépistage volontaire et d'accompagnement psychologique et une augmentation régulière du nombre de personnes bénéficiant d'une thérapie antirétrovirale. « La disponibilité d’antirétroviraux a donné à voir le VIH/sida sous des angles différents », explique Clare Bishop-Sambrook, spécialiste de la parité, du ciblage et du VIH/sida qui travaille avec le FIDA. « Ainsi, le fait de découvrir qu'on est séropositif n'équivaut plus à une condamnation à mort et les gens ont à la fois la possibilité de continuer à être économiquement actifs et le désir de vivre pleinement leur vie. Cela ouvre de nouvelles possibilités pour le FIDA. »

Dans ce contexte, le FIDA expérimente actuellement en Afrique orientale et australe une méthodologie qu'a élaborée l'agence suédoise de coopération internationale au développement et qui donne des résultats prometteurs, particulièrement pour affronter les problèmes de parité et de VIH/sida. Cette méthodologie est actuellement testée sur le terrain dans le cadre du projet de développement de l'agriculture, des moyens de subsistance des populations rurales et de l'irrigation, au Malawi, ainsi que du programme d'appui à l'aménagement des districts, en Ouganda.

Dénommée « mentorat domestique » (household mentoring), cette méthodologie consiste à faire se rencontrer régulièrement, pendant un ou deux ans, les adultes d'un ménage et un mentor domestique ayant reçu une formation après avoir été sélectionné au sein de la communauté locale. Au cours de ces entretiens, les membres du ménage sont encouragés à évoquer librement des questions sensibles comme les ressources à leur disposition, les possibilités de changer les normes traditionnelles et les rôles sexospécifiques, ainsi que les problèmes personnels. Ils identifient ensuite leurs besoins et leurs priorités afin de pouvoir mieux mobiliser leurs ressources, premier pas vers l'amélioration de leur sécurité alimentaire et la création d'une activité rémunératrice. Au bout d'un certain temps, un ménage se joint à quatre ou cinq autres foyers pour affermir le sentiment de confiance en soi et s'ouvrir à l'extérieur en participant à des activités collectives. Plus tard, ces ménages seront encouragés à rejoindre des groupements traditionnels d'agriculteurs, des associations de producteurs et des coopératives d'épargne et de crédit.

Il s'agit d'une démarche participative qui incite tous les membres d'un ménage à décrire leur vision d’avenir et leur projet pour ce ménage. Indirectement, le mentorat établit le contexte nécessaire pour parler des inégalités liées au sexe qui existent au sein du ménage ainsi que des problèmes de santé comme le VIH/sida. « Nous avons remarqué qu'il est particulièrement efficace lorsqu'on évoque des questions telles que la parité ou le sida, car la discussion se déroule de manière privée mais ouverte au sein du ménage », dit Mme Bishop-Sambrook. « Il est efficace parce que tous les membres adultes d'un ménage (mari, femme et aînés des enfants) contribuent à définir la vision d'avenir du ménage et la façon de la concrétiser, et qu’ensemble ils en mobilisent les ressources et partagent les avantages ultérieurs. »

Le mentorat domestique peut également constituer une passerelle vers le dépistage du VIH et l'accès aux antirétroviraux, ainsi que vers les soins à domicile, s'il y a lieu. « L'une des grandes difficultés était de convaincre les gens de subir un test VIH, en particulier dans le cas des hommes, plus réticents », ajoute Mme Bishop-Sambrook. « Avec l'existence d'une vision d'avenir du ménage et la plus grande disponibilité des antirétroviraux, il est plus facile de persuader les gens de se soumettre à un dépistage. »

Les communautés elles-mêmes offrent davantage de soutien à leurs membres en traitement antirétroviral.

Les personnes atteintes du sida ne sont plus ostracisées mais se voient proposer un travail approprié pendant qu'elles suivent une thérapie. « Certaines communautés ont fait preuve d’ingéniosité pour trouver des moyens d'impliquer les personnes atteintes du sida. Dans les projets d'infrastructures communautaires au Malawi, par exemple, on leur confie des travaux moins astreignants, comme la tenue d'un registre de présence. De cette manière, elles font toujours partie de la communauté », dit Clare Bishop-Sambrook.

Le mentorat domestique peut également aider à garder le contrôle du patrimoine du ménage en encourageant les parents à opter pour la copropriété et à rédiger un testament en faveur du conjoint. Cela n'est pas automatique dans certaines cultures, où les biens reviennent à la famille du conjoint décédé. Le système encourage également les membres d'un ménage à choisir des types appropriés d'investissements et de stratégies d'adaptation, comme le recours à la main-d'oeuvre salariée et à des technologies propres à rendre le travail moins pénible, ainsi que des régimes plus nourrissants et convenant mieux aux personnes atteintes du VIH/sida.

L'emploi de la méthodologie a eu un impact extraordinaire, en termes non seulement d'amélioration de la sécurité alimentaire et des revenus, mais aussi d'autonomisation des femmes et des hommes. On voit ainsi se produire au sein des ménages un véritable changement de mentalité, qui a pour effet d'autonomiser les femmes et les hommes et qui, par là, incite à changer les choses.

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Érythrée: l'histoire d'Howa - un lopin de terre pour nourrir une famille

   
 

Howa Mahmud Haj

 

Depuis que l'Érythrée est devenue indépendante de l'Éthiopie à l'issue d'un conflit armé, en 1991, les droits des femmes se sont sensiblement améliorés. Des femmes s'étaient engagées dans l'armée aux côtés des hommes. À la fin de la guerre, le gouvernement a fait adopter des lois accordant aux femmes le droit de voter, de posséder de la terre, d'exercer le travail de leur choix et de décider qui elles veulent épouser. Pour les femmes vivant en milieu urbain, les villes érythréennes constituent une référence pour le respect des droits des femmes et un véritable modèle pour l'Afrique.

Mais la situation est moins engageante dans les zones rurales, qui restent parmi les plus pauvres du monde et où la persistance d’un conflit frontalier avec l'Éthiopie a eu des conséquences catastrophiques sur l'économie. Dans de nombreuses parties du pays, les femmes mènent une existence de proscrites à cause de traditions profondément ancrées qui les empêchent de jouir de leurs droits. Beaucoup de femmes sont illettrées. Elles travaillent dans les champs mais ne possèdent pas de terre, ce qui est l'apanage des hommes. Elles trouvent naturel que les hommes prennent toutes les décisions concernant leur vie.

Dans la zoba de Gash Barka, vaste région sujette à la sécheresse des confins du Soudan et de l'Éthiopie, quatre familles sur dix sont, depuis la guerre, dirigées par des femmes. Jusqu'à 85 % des familles pratiquent l’agriculture. Leur priorité est d'assurer leur subsistance, mais elles sont extrêmement pauvres.

Environ 10 % des habitants économiquement actifs de la région servent encore dans l'armée, ce qui représente une lourde charge pour l'économie du pays. « Ce sont 10 % qui ne produisent pas de nourriture supplémentaire et ne labourent pas les champs », dit Abla Benhammouche, chargé du programme de pays du FIDA pour l'Érythrée. « La guerre que les femmes livrent aujourd'hui est une guerre contre la pauvreté. »

Dans des régions comme celle de Gash Barka, la pauvreté est étroitement liée au statut des femmes, comme le montre l'histoire d'Howa Mahmud Haj.

   
 

Howa et ses quatre enfants

 

Howa est âgée de 29 ans et a quatre enfants. Pour nourrir sa famille, elle vend du thé une fois par semaine sur un marché des environs. « Les gens d'ici pensent qu'une femme ne devrait pas sortir de chez elle en laissant là les jeunes enfants », dit Howa. « Mais je dois faire vivre la famille, et c'est pourquoi je vais vendre du thé au marché tous les mardis. Cela n'empêche pas les commérages de mes voisins. » Ce qu'elle gagne au marché suffit à peine à nourrir ses enfants.

Mais cela pourrait changer. Un projet d'irrigation réalisé avec l'appui du FIDA donne maintenant à Howa une chance de cultiver la terre pour nourrir sa famille. Dans le cadre de ce projet, plus de 1000 hectares de terres arides sont actuellement transformées en champs verdoyants grâce à la construction de canaux d'irrigation captant l'eau qui ruisselle des montagnes voisines à la saison des pluies. Il pourrait en résulter un quadruplement des rendements des cultures de sorgho et de mil.

La difficulté a été, jusqu'ici, de trouver des paysans pour cultiver ces terres. Howa, elle, voudrait bien le faire, mais des traditions séculaires s'y opposent. « Pour vaincre cet obstacle, nous avons décidé qu'il faudrait donner de 30 à 40 % de la terre à des femmes afin d'assurer une certaine sécurité alimentaire », dit Abla Benhammouche.

Howa s'est fait inscrire sur la liste des candidats à l'attribution de terre. Elle pense qu'un hectare lui permettrait de produire assez de cultures vivrières pour pouvoir nourrir sa famille et disposer d'un excédent susceptible d’être vendu sur le marché local. « Ce ne sera pas facile », dit Howa. « J'aurais deux charges de travail : la maison et la terre. Je ne suis pas dans la même situation qu'un homme qui a une femme pour s'occuper de lui. » Howa est confrontée à un autre dilemme : sa culture n'autorise pas les femmes à labourer la terre. Afin de l'aider à le résoudre, le gouvernement lui prêtera de l'argent pour payer un homme qui fera les labours à sa place, au moins la première année. « Si j'obtiens de la terre, je suis prête à la cultiver », affirme Howa. « Je suis prête à faire tout ce qu'il faudra pour mes enfants. » Howa n'est pas au bout de ses peines. Elle se trouve devant deux lourdes tâches : physiquement, commencer à cultiver la terre et, psychologiquement, briser les barrières liées à l'appartenance sexuelle. Mais elle est prête à les affronter.

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Mozambique: la finance rurale pour les femmes

   
 

Maria Theresa Pereira, cliente du FDM, tient un petit magasin de tissus

 

La microfinance s'est attiré une large participation des femmes, même lorsque celles-ci n'étaient pas explicitement visées par des initiatives intéressant ce secteur. Dans de nombreux pays, les femmes se sont montrées promptes à saisir l’occasion d'obtenir un petit prêt pour monter une microentreprise. C'est ainsi que des services de microfinance répondant spécifiquement aux besoins des femmes font actuellement leur apparition dans plusieurs pays.

Au Mozambique, le Fundo de Desenvolvimento Mulher (FDM), ou Fonds de développement des femmes, a été créé en 2004. Il avait pour origine un projet de promotion des possibilités économiques dirigé par Save the Children, une ONG qui est restée l’un de ses partenaires. Après un démarrage hésitant, le FDM est devenu un établissement qui offre des microprêts, principalement aux femmes pauvres.

« Quand le FDM a entamé ses activités en tant qu'organisation indépendante, il ne semblait pas, sur le papier, promis à un grand avenir », rappelle Ana Maria Salvador, directrice générale du FDM. « Les investisseurs et les bailleurs de fonds ne croyaient pas que le FDM survivrait. »

Cinq ans plus tard, le FDM compte 2335 membres, dont 80 % de femmes, et son portefeuille de prêts se monte à 469 000 USD au total, ce qui correspond à un prêt moyen de 200 USD par membre.

   
 

Le petit bazar de Theresa Adriano maintenant prospère grâce à un prêt du FDM

 

« Le FDM ne peut pas recevoir de dépôts des épargnants, mais uniquement prêter de l'argent car il n'est pas enregistré auprès de la Banque centrale du Mozambique en tant qu'établissement de microcrédit », indique Mme Salvador. « Un mécanisme d'épargne obligatoire est prévu dans le cadre des remboursements à effectuer par nos clients, et c'est là la seule forme d'épargne que nous acceptons. » Parmi ses projets, le FDM a l’intention de demander à la Banque centrale l'autorisation de se transformer en microbanque et d'offrir toute une gamme de services de microcrédit. Le FDM bénéficie actuellement du programme d'appui au financement rural du FIDA, qui fournit des fonds et une assistance technique pour aider des établissements financiers à fournir des services dans des zones rurales écartées. Le FDM exerce ses activités dans les provinces de Maputo, Gaza et Inhambane.

La clientèle est principalement constituée de femmes pauvres de 18 à 65 ans. Environ 60 % d'entre elles vivent en milieu rural et ont un revenu moyen de 150 USD par mois, tandis que 40 % habitent en zone semi-urbaine et disposent d'un revenu de 250 USD. Elles dirigent des petites entreprises ou des microentreprises.

Le principal problème du FDM en tant qu'organisme de financement reste celui d’obtenir les fonds nécessaires pour pouvoir accorder davantage de prêts. Il a reçu en 2006 un prêt du Fonds mozambicain d'appui au développement économique (FARE) et, en 2007, un autre prêt de Kiva, plate-forme de microprêt en ligne qui met en relation des prêteurs individuels avec des emprunteurs individuels. « En octobre 2008, le FDM a obtenu un autre prêt du FARE, et depuis lors notre clientèle a continué de s'accroître », dit Mme Salvador. « En 2010, nous nous trouverons devant un problème lorsque de nouveaux clients auront besoin de nouveaux prêts et que nous aurons nous-mêmes besoin de capitaux pour rembourser l’emprunt du FDM.

À ce moment-là, le FDM devra lever de nouveaux capitaux auprès des bailleurs de fonds internationaux. »

Pour l'avenir, le FDM projette de poursuivre son expansion afin d'atteindre un plus grand nombre de femmes vivant en milieu rural. « Nous voudrions devenir une microbanque, afin de desservir une plus large clientèle rurale, féminine en particulier », ajoute Mme Salvador. Le FDM table aussi sur le fait qu’une fois devenu une banque immatriculée, il pourra recueillir l’épargne du public.

Un établissement analogue a été créé au Rwanda en 2005, grâce à l'appui du projet de promotion des petites et des micro-entreprises rurales (PPPMER II) du FIDA, afin d'améliorer l'accès au financement, particulièrement pour les femmes des zones rurales.

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Tanzanie: une mère met toute son énergie à lutter contre la pauvreté

   
 

Upendo Mwambilila dans son usine

 

Upendo Mwambilila, mère de deux enfants -- une fille de neuf ans et un garçon de cinq mois -- est une entrepreneure résolue qui est en train de devenir un véritable modèle dans sa ville natale de Mbeya, dans les hautes terres méridionales de Tanzanie, mais aussi dans d’autres régions du pays.

Upendo est propriétaire d'une usine qui produit de la chaux, matériau nécessaire à l'industrie du bâtiment. Essentiellement, la chaux, substance alcaline blanche composée d'oxyde de calcium, s’obtient toujours par calcination du calcaire dans un four.

En Tanzanie, le mode de production de la chaux en poudre à partir du calcaire n’a guère changé depuis l'ancien temps, alors que celui d'autres matériaux a évolué avec les progrès de la technologie.

Il s'agit d'un procédé contraignant qui fait appel à une main-d'oeuvre abondante. Depuis plus de quatre ans maintenant, en dépit de toutes les difficultés, Upendo est parvenue à faire survivre et à développer son entreprise. Pourtant, il lui est arrivé de regretter d'avoir quitté son métier de petite commerçante pour ouvrir son usine à chaux.

Il y a quatre ans, lorsqu'elle s’est lancée dans cette nouvelle activité, Upendo n'avait pas de capitaux suffisants devant elle. Cela lui a compliqué les choses et a rendu encore plus dure la suite de l'entreprise. « La vie était vraiment difficile », dit-elle. « Une fois, j'ai voulu renoncer, mais je me suis quand même dit qu’il ne fallait pas renoncer à tout espoir tant que j'étais encore en vie. »

L’entreprise d’Upendo a pris son essor. Son revenu brut peut atteindre 5 250 000 TZS (environ 4375 USD) dans les bons mois. C'est incontestablement une somme appréciable, si l'on considère que la majorité des Tanzaniens vivent en dessous du seuil de pauvreté, avec l'équivalent de moins d'un dollar par jour. Mais surtout, en dépit de l'aggravation du chômage dans l'ensemble du pays, l'usine à chaux d'Upendo a créé des emplois pour neuf personnes.

Quelle est la raison du succès de cette ancienne petite commerçante ? Tout a débuté en 2006 avec  l’adhésion à une coopérative locale d'épargne et de crédit (SACCO), la Kumekucha SACCO de Songwe (Mbeya).

La Kumekucha SACCO est l'un des nombreux établissements d'épargne et de crédit créés en Tanzanie grâce au programme de services financiers ruraux (RFSP) qu'appuie le FIDA. Les opérations de ce programme ont commencé en Tanzanie en janvier 2002.

« J'ai demandé à la SACCO un petit prêt de 600 000 TZS (environ 500 USD), qui m’a été accordé, ce qui a été a été le début de mon voyage vers ce nouveau projet », dit Upendo, paraphrasant ainsi le vieil adage selon lequel tout voyage, même de 1000 km, commence par un simple pas.

Avec ce prêt relativement modique en poche, elle s'est mise à travailler d'arrache-pied, louant les fours à chaux et les machines dont elle avait besoin. Un an plus tard, elle a sollicité un autre prêt et reçu cette fois le double de la première somme qu'elle avait empruntée à la même société d'épargne et de crédit.

Elle a consacré une large fraction de ce nouveau prêt à l'achat de ses propres machines et en a déposé une autre partie sur son compte d'épargne personnel. Elle comptait acheter un terrain pour y bâtir sa propre petite usine de broyage de chaux. Et c’est ce qu’elle a fait.

« Les choses ont commencé à prendre une bonne tournure pour moi. Au bout d'un an, j'ai pu rembourser le prêt », dit Upendo.

Une fois le prêt remboursé, Upendo a réemprunté. La troisième fois, elle a obtenu un prêt de 3 millions de TZS. Elle a ainsi acheté une deuxième machine et commencé à produire ses propres matériaux d'emballage, ce qui lui a permis de développer encore ses activités.

   
 

Upendo Mwambilila with Rashid Kejo, a journalist.

 

Avec son nouveau matériel, dont le broyeur, Upendo possède usine qui peut vraiment commencer à lui rapporter de l’argent et il semble que, pour elle, tout est possible. « Avec mon nouveau matériel, même la qualité de ma chaux s'est beaucoup améliorée. Et je peux maintenant produire dans de meilleures conditions mes propres matériaux d'emballage », dit Upendo en montrant des sacs bien confectionnés portant la marque «Nanyala Good Lime ».

Actuellement, elle fournit de la chaux à différentes entreprises du bâtiment des régions de Mbeya et Iringa. Sa réussite est l'un des nombreux exemples de ce qu'ont fait des sociétés communautaires d'épargne et de crédit pour aider à améliorer les moyens d'existence de femmes et d'hommes pauvres désireux de monter une petite entreprise dans l’une ou l’autre région du pays.

Bien que son four à chaux fonctionne au bois, Upendo est consciente de la nécessité de préserver l'environnement. Elle ne participe pas à la destruction de forêts naturelles mais achète du bois  provenant des plantations forestières voisines des coteaux d'Umalila. Elle s’emploie, avec d'autres membres de la communauté, à planter de nouveaux arbres pour remplacer ceux qui ont été abattus. C'est à cela qu’aboutit le travail de la Kumekucha SACCO.

Upendo indique qu'elle compte acquérir deux véhicules pour livrer sa chaux dans toute la région et au-delà.

« J'ai  maintenant l'intention d'acheter deux véhicules : l'un pour les activités de l'usine, spécialement la distribution des marchandises produites, et l'autre pour mon usage personnel, afin que je puisse me déplacer plus facilement », dit-elle. « Je suis très fière de mon usine. Pour moi, posséder ces deux véhicules est un rêve qui va bientôt se réaliser. »

La Kumekucha SACCO, qui a aidé l'entreprise d'Upendo à se développer, a été d'un secours certain pour beaucoup d'autres habitants de la région de Songwe qui vivaient auparavant dans l'extrême pauvreté. Un nombre appréciable d'entreprises, qui, après des débuts modestes, ont pris de l'envergure, jouent maintenant un rôle clé dans la croissance économique du pays, grâce aux prêts à bon marché consentis par les SACCO.

Un grand nombre des bénéficiaires de cette initiative appuyée par le FIDA sont des agriculteurs. Avec des mécanismes de ce type, ils peuvent obtenir des prêts pour divers projets qui leur permettent de gagner de l'argent afin de subvenir aux frais de scolarité de leurs enfants et à d'autres besoins. Certains de ces ruraux pauvres ont pu se construire un logis convenable.

« La SACCO a extrêmement bien mené son affaire, et un grand nombre d'autres sociétés d'épargne et de crédit ont été créées. Cela a donné lieu à une saine concurrence car, au final, notre but à tous doit être le développement de notre peuple », dit Jacob Katembo, président de la SACCO. Oeuvrant dans le sens prescrit par le RFSP, les SACCO offrent à leurs membres une formation dans divers domaines ayant trait à la bonne gestion d'une entreprise.

Upendo indique que les membres des SACCO ont reçu une formation, par exemple, aux rudiments de la gestion financière ainsi qu'en matière de parité hommes-femmes et de développement communautaire.

Ayant pu rembourser son emprunt, Upendo envisage maintenant de souscrire des prêts supplémentaires de 4 millions de TZS pour développer encore son entreprise.

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Kenya: les problèmes d'alimentation en eau, d'assainissement et d'hygiène et leurs prolongements dans les domaines de la santé publique et de l'équité entre les sexes

     
   
 

Avec un simple bidon percé, les enfants sont encouragés à se laver les mains

 

Le programme conjoint FIDA-Fonds belge de survie (FIDA/FSB) offre des financements sous forme de dons afin d'améliorer la vie des populations les plus vulnérables de l'Afrique subsaharienne. Les dons accordés permettent de subvenir à des interventions en matière d'alimentation en eau, d'assainissement et d'hygiène qui sont destinées à prévenir l'incidence de maladies communes telles que la diarrhée, les parasitoses de l'intestin, les infections cutanées et le paludisme .

De meilleures pratiques d'assainissement et d'hygiène sont d'une importance cruciale pour la prévention de la plupart de ces maladies. Or, on constate trop souvent que des projets de développement sont centrés uniquement sur l'amélioration de la distribution d'eau domestique, en n'ayant qu'un impact limité sur la santé publique.

Les interventions visant l'alimentation en eau, l'assainissement et l'hygiène permettent aussi de s'attaquer efficacement aux inégalités entre les sexes. En améliorant la santé familiale et l'accès à l'eau domestique, elles allègent les corvées domestiques imposées aux femmes et leur permettent ainsi de se consacrer à des activités plus productives.

Une évaluation récente* de la situation de la parité dans le cadre du projet de développement de services aux petits exploitants et aux communautés dans les régions arides du centre du Kenya (CKDAP) a porté sur l'impact des interventions en matière d'alimentation en eau, d'assainissement et d'hygiène, notamment sur les rôles sexospécifiques et sur les relations hommes-femmes.

Le CKDAP

Le CKDAP, dont les opérations s'étendent sur la période 2000-2011, a pour but d'atténuer la pauvreté dans les zones semi-arides du centre du Kenya grâce à une approche intégrée combinant développement social et développement agricole. Il associe l’élevage et la culture dans une optique de développement agricole et intègre les soins de santé primaires, l'assainissement et l'alimentation en eau dans la perspective du développement social. Au moment où le projet a été conçu, le niveau de santé publique dans la zone considérée était médiocre. Les ménages avaient peu accès à la distribution d'eau domestique ou à de meilleures possibilités d'assainissement, et la sensibilisation aux bonnes pratiques d'hygiène était faible.

Pour faire face à ces problèmes, le CKDAP a prévu la mise en place de systèmes d'alimentation en eau appropriés et adaptés à chaque contexte  (canalisations gravitaires, puits peu profonds, protection des sources et réservoirs collecteurs d'eaux pluviales). Le projet prévoit également la constitution de comités de gestion de l'eau et la formation de leurs membres, de même que celle d'agents sanitaires communautaires chargés de promouvoir de meilleures pratiques d'hygiène et d'assainissement. Tenant compte de la diversité des besoins en eau, il comportait la mise au point de systèmes de distribution permettant de répondre aux besoins des ménages, du petit élevage et des cultures potagères.

Impact des interventions intégrées en matière d'alimentation en eau, d’assainissement et d'hygiène

La nette diminution de l'incidence des maladies diarrhéiques, des parasitoses de l'intestin, des affections cutanées et du paludisme a bénéficié à des communautés tout entières. Elle tient à l'adoption de pratiques améliorées d'assainissement et d'hygiène (comme l'utilisation d'égouttoirs à vaisselle et de fosses à compost, le traitement de l'eau et le lavage des mains) par les hommes, les femmes et les enfants et à la disponibilité accrue d'eau utilisable pour l'hygiène personnelle. Les problèmes de dos des femmes se sont également atténués, puisqu'elles non plus à faire d'allers et retours quotidiens avec de lourdes nourrices d'eau.

Grâce à la campagne en faveur du traitement de l'eau menée par les agents sanitaires communautaires, un nombre croissant de femmes font bouillir l'eau avant de la consommer. L'utilisation d'un bidon percé pour se laver les mains (voir photo) est également efficace, et la méthode a été adoptée dans les ménages, les écoles et les centres de santé. La campagne pour l'installation de fosses d'aisance ventilées a eu moins de succès auprès des ménages. Bien que les latrines de ce type aient fait l'objet de démonstrations probantes et qu'elles soient utilisées dans des espaces publics particulièrement importants, la majeure partie des bénéficiaires visés les ont trouvées trop coûteuses à installer chez eux. Cette campagne a néanmoins incité certaines familles à ajouter un tuyau de ventilation à leurs latrines, ce qui représente un progrès notable.

Avant le lancement d’activités de développement de l'alimentation en eau dans le cadre du CKDAP, il était fréquent dans la zone du projet que des enfants se noient en allant chercher de l'eau ou en étant laissés sans surveillance. Les estimations du nombre de noyades d'enfants variaient d'une par mois à une par an. Une fois les investissements pour l'alimentation en eau achevés, en 2005, aucune autre noyade d'enfant ne s'est produite, ce qui constitue une amélioration considérable.

Pénibilité moindre. La collecte de l'eau à l'intérieur de la propriété familiale ou à un point d'eau proche et abondant, comme une borne fontaine, fait gagner du temps et de l'énergie, ce qui est extrêmement bénéfique pour les femmes et les enfants. Les femmes peuvent se consacrer davantage à d'autres activités comme des travaux occasionnels ou des travaux des champs, le ravitaillement en eau du bétail, l'irrigation du potager ou l'entretien de la maison et des abords. Elles ont en outre plus de temps pour faire la cuisine chez elles et s'occuper des enfants, ce qui rendrait les relations familiales plus harmonieuses. Lorsque les nouveaux systèmes d'alimentation n’avaient pas encore été installés, les enfants devaient aller chercher de l'eau avant et après leur journée d’école. Désormais, les points d'eau ne sont plus aussi éloignés, ou bien la collecte n'est même plus nécessaire, ce qui laisse plus de temps aux enfants pour le travail scolaire, les tâches ménagères et le jeu.

Productivité accrue. Les nouveaux systèmes d'alimentation leur permettant de disposer de plus grandes quantités d'eau, de nombreux villageois ont trouvé de petites activités productives à faire dans leurs foyers ou sur les parcelles communales. Certaines femmes ont amélioré leur cheptel. Elles ont par exemple remplacé la chèvre zébu locale par des races produisant plus de lait. Certains agriculteurs se sont lancés dans la production avicole, ce qui aurait été difficile auparavant faute d'une alimentation en eau fiable. Les femmes et les hommes se servent du supplément d'eau disponible pour cultiver leurs potagers et leur parcelles communales, qui donnent ainsi des récoltes plus abondantes et plus variées, ce qui contribue à améliorer la nutrition.

Un exemple concret

   
 

Marion Wanja, l'une des bénéficiaires d'un projet d'adduction d'eau réalisé dans son village

 

Le projet d'alimentation en eau financé au titre du CKDAP a fait gagner beaucoup de temps à Marion Wanja (voir photo) . Avant que l'eau ne devienne plus facilement disponible grâce au projet, cette travailleuse occasionnelle passait en effet deux ou trois heures à aller chercher de l’eau, faisant plusieurs voyages quotidiens jusqu'à la rivière. Elle habite maintenant près du bureau du projet et peut acheter son eau au kiosque, à quelques mètres de chez elle. Le temps gagné lui a permis de faire quelques heures de plus de travail rémunéré et, ainsi, d'économiser assez d'argent, avec l'aide de son mari, pour pouvoir installer en 2008 une petite boutique où elle confectionne et vend des samosas et des manduzi (sortes de beignets). Les voisins sont friands de ces en-cas et admirent sa réussite financière !

L'évaluation de la condition des deux sexes réalisée par le programme conjoint FIDA/FBS à propos du CKDAP fait clairement ressortir l'intérêt d'une approche intégrée des interventions en matière d'alimentation en eau, d'assainissement et d'hygiène pour l'amélioration de la santé publique et l'allégement de la corvée d'eau quotidienne. Ce type d'approche crée également une base solide pour faire participer les populations rurales pauvres -- en particulier les femmes -- à des activités productives et contribue à améliorer tant la nutrition que les revenus des ménages.

*Le programme conjoint FIDA/FBS procède actuellement à une évaluation de la situation de la parité dans le cadre de ses interventions sociales au Kenya, au Mozambique et au Niger. Les principaux objectifs poursuivis sont les suivants:

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Dons, prêts et COSOP approuvés par le Conseil d'administration à sa session d'avril 2009

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