Quatre façons dont les pêcheurs artisanaux peuvent nous aider à traverser la tempête climatique

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Quatre façons dont les pêcheurs artisanaux peuvent nous aider à traverser la tempête climatique

Temps de lecture estimé: 6 minutes

Les changements climatiques et la dégradation de l’environnement représentent une menace inédite pour la pêche. La modification des régimes pluviométriques transforme les habitats des poissons et réduit la production halieutique. Les tempêtes et les cyclones sont de plus en plus puissants et fréquents, et entraînent des destructions importantes dans les communautés côtières.

Le réchauffement mondial modifie la qualité de l’eau et les schémas de circulation des eaux dans les lacs ou les océans. Des eaux plus chaudes absorbent plus de CO2, les rendant plus acides et nuisibles à de nombreuses espèces aquatiques. La hausse de la température de l’eau endommage également les récifs coralliens: la moitié de ces habitats marins productifs et spectaculaires a disparu depuis 1950.

À l’échelle mondiale, près de 60 millions de personnes sont employées par le secteur de la pêche et de l’aquaculture. 
© FIDA/Dhiraj Singh

La pêche et l’aquaculture sont essentielles à l’alimentation saine d’un grand nombre des habitants les plus pauvres de la planète. Près de 3,2 milliards de personnes tirent un cinquième de leurs protéines animales d’aliments aquatiques comme le cabillaud ou les sardines, tandis que les plantes aquatiques, par exemple les algues, fournissent de nombreux nutriments bons pour la santé.

Par ailleurs, environ 60 millions de personnes à l’échelle mondiale travaillent dans le secteur de la pêche et de l’aquaculture, et plus de 80% d’entre elles sont de petits producteurs, en particulier dans les pays en développement. Les changements climatiques menacent véritablement le mode de vie de bon nombre d’entre eux.

Voici quatre façons dont les pêcheurs artisanaux traversent la tempête climatique, devenant ainsi partie intégrante de la solution.

1. Les pêcheurs atténuent les changements climatiques

Les pêcheurs artisanaux émettent moins de gaz à effet de serre. © FIDA/Dhiraj Singh

La pêche et l’aquaculture émettent généralement moins de gaz à effet de serre par unité de protéine que les autres industries alimentaires, et les pêcheurs artisanaux ont tendance à utiliser des navires plus légers, souvent propulsés par des voiles. Même lorsque leurs navires sont motorisés, ils sont généralement utilisés pour de brèves sorties en mer et n’utilisent que peu de carburant.

Le lac Victoria, la plus grande zone de pêche continentale d’Afrique,  assure l’existence de plus de 800 000 familles de pêcheurs. Le FIDA travaille avec ces communautés au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda pour les aider à pêcher de manière durable en utilisant l’énergie solaire pour pêcher et conserver le poisson. Cela permettra non seulement de réduire les émissions en éliminant l’utilisation de lampes de pêche alimentées au kérosène, mais aussi de limiter les pertes après récolte et de faciliter l’accès des populations rurales à des produits à base de poisson plus sains.

À lire aussi sur notre site: À Djibouti, les chambres froides à énergie solaire conservent le poisson au frais jusqu’à son arrivée au marché.

2. Les pêcheurs s’adaptent aux changements climatiques

Le FIDA aide les pêcheurs artisanaux à ajuster leur façon de travailler afin de s’adapter à un climat en train de changer tout en protégeant les habitats critiques, en surveillant les stocks et même en instaurant des périodes de clôture de la pêche pour protéger les alevins et les espèces en saison de reproduction.

En Angola, les températures augmentent et les précipitations sont variables, causant à la fois sécheresses et inondations. Avec l’aide de l’AFAP, les pêcheurs artisanaux renforcent la durabilité de leurs pêcheries. Ils surveillent les activités de pêche et ont arrêté d’utiliser les filets capturant les jeunes poissons. Les pêcheurs ont également mis en place de nouveaux équipements sanitaires aux points de débarquement pour améliorer la salubrité des aliments et tirer un meilleur prix de leur récolte.

À lire aussi sur notre site: Aux Philippines, les pêcheurs patrouillent dans leurs eaux pour mettre un terme à la pêche abusive.

3. Les pêcheurs restaurent les écosystèmes

Sur les berges du Delta du Saloum, un écosystème tropical de mangroves situé au Sénégal, une femme prend soin des guirlandes d’huîtres. © FIDA/Ibrahima Kebe Diallo

Les mangroves, les prairies sous-marines et les marais salants sont des habitats naturels pour les espèces aquatiques dont dépendent les pêcheurs. Ils protègent également les communautés côtières contre les phénomènes climatiques extrêmes en défendant les côtes contre les tempêtes, en empêchant les inondations et l’érosion, et en améliorant la qualité de l’eau. Ils captent et stockent par ailleurs le carbone présent dans l’atmosphère à des taux beaucoup plus élevés que les écosystèmes terrestres.

En Érythrée, les communautés de pêcheurs ont développé des accords de « clôture sociale », par lesquels ils conviennent collectivement de ne pas exploiter les zones protégées. En créant des nurseries dans les mangroves et en replantant des arbres, ils ont réussi à augmenter la couverture des mangroves de 86%. Et ils passent de la pêche de subsistance à une diversification des moyens d’existence, passant par la pêche durable, la production d’engrais organiques et la collecte de miel dans les mangroves.

À lire aussi sur notre site: Au Sénégal, les pêcheuses assurent la préservation des mangroves et récoltent des huîtres et du miel.

4. Les pêcheurs renforcent la résilience

En diversifiant les espèces qu’elles cultivent grâce à l’aquaculture, les communautés de pêcheurs ne dépendent pas que d’un seul produit. Cette situation renforce leur résilience face à des situations nouvelles, comme une modification des schémas de pêche et les effets des changements climatiques.

Par exemple, les algues sont un produit de grande valeur, sont faciles à faire pousser et fournissent des aliments nutritifs pour les humains et les animaux. Elles sont également une excellente source d’engrais et de biocarburants, qui aide à réduire la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles.

Les communautés côtières de l’île de Zanzibar, en Tanzanie, cultivent, en collaboration avec les équipes du projet AFDP, des souches naturelles d’algues plus résilientes face aux effets des changements climatiques. Grâce au  projet, elles améliorent la qualité des graines d’algues, investissent dans des méthodes de production qui améliorent les rendements et économisent de la main-d’œuvre, et conçoivent des moyens de transformer et d’apporter de la valeur ajoutée aux produits à base d’algues.

À lire aussi sur notre site: Au Nigéria et au Ghana, l’aquaculture en cages fournit une méthode plus écologique d’élevage des poissons.

Hassan Basri Heremba récolte des algues dans le village de Sisir,
en Papouasie occidentale. © FIDA/Joanne Levitan

Les pêcheries artisanales jouent un rôle essentiel pour un avenir durable. Elles ont le pouvoir de nourrir la planète tout en conservant les ressources marines… si elles obtiennent l’aide dont elles ont besoin. Le FIDA est déterminé à aider les pêcheurs artisanaux à s’adapter aux changements climatiques, à protéger les écosystèmes dont ils dépendent et à assurer la prospérité des communautés rurales.