Géorgie et Kirghizistan. Vers une gestion collective et communautaire des pâturages

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Géorgie et Kirghizistan. Vers une gestion collective et communautaire des pâturages

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Avec l’aide du FIDA, les communautés pastorales du Kirghizistan ont élaboré des stratégies de gestion des pâturages. © APIU/FIDA

En 1991, la dissolution de l’Union soviétique marqua l’avènement d’une ère nouvelle. Agitation sociale, transformation culturelle et modification en profondeur de l’économie ont durablement changé les anciennes républiques soviétiques. En pleine transition, ces nations fraîchement indépendantes ont eu à cœur de rendre l’utilisation des terres plus équitable, plus productive et plus durable.

En Géorgie et au Kirghizistan, changer les lois, les règlements, les coutumes et les règles de propriété en vigueur depuis plusieurs décennies n’a pas été chose facile, donnant lieu à des difficultés politiques, sociales et économiques.

En 2009, au terme d’un long processus et avec l’aide du FIDA, le Kirghizistan a finalement adopté des lois et créé des systèmes garantissant une utilisation des terres plus juste et plus durable. Cette transformation est toujours à l'œuvre en Géorgie mais les décideurs des deux pays unissent leurs forces pour tirer les enseignements de l’expérience du Kirghizistan.

La nouvelle loi kirghize sur les pâturages

Grâce à la nouvelle loi sur les pâturages, élaborée avec l’appui du Programme de développement de l’élevage et des marchés du FIDA, le Kirghizistan a rendu la propriété de ces terres à l'État, tout en donnant aux communautés rurales le droit de les utiliser et de les gérer.

Depuis l’adoption de cette loi, les communautés rurales ont commencé de réglementer les pâturages dans le cadre de plans de gestion communautaire, assortis de cartes délimitant les frontières et précisant combien de têtes de bétail peuvent durablement paître sur les terres. Grâce à ces informations, les communautés pastorales élaborent des stratégies et des plans d’action pour gérer les pâturages et garantir la santé et la protection des bêtes, rendant ainsi les processus de planification plus justes sur le plan social et plus durables sur le plan environnemental.

Modifier les lois sur les pâturages en vigueur depuis des décennies n’a pas été chose facile. © APIU/FIDA

Afin de faciliter l’adoption de plans de gestion communautaire des pâturages au niveau local, le FIDA a appuyé la création et la formation de syndicats d’utilisateurs des pâturages, des organisations communautaires dotées d’organes exécutifs élus, qui sont juridiquement autorisées à régir les pâturages en toute indépendance. Le FIDA a également mis au point un outil afin d’aider les responsables politiques de la région à mettre en œuvre et s’appuyer efficacement sur ces plans de gestion communautaire.

Aujourd’hui, le secteur de l’élevage kirghize, qui avait commencé à décliner après l’indépendance du pays, progresse, les communautés s’approprient ces outils et prennent leurs responsabilités.

Le paysage géorgien

En Géorgie, où on estime que plus de 70% des pâturages sont la propriété de l'État, la réforme foncière a été tout autre.

Le pays propose tout un éventail d’incitations pour les pasteurs. Un programme permet aux éleveurs des hauts plateaux d’utiliser les pâturages pour une durée allant jusqu’à 25 ans. Les coopératives agricoles reçoivent de l’aide, notamment du matériel. De plus, les agriculteurs peuvent bénéficier de crédits fortement subventionnés auprès d’institutions financières, et les habitants des hauts plateaux sont exonérés d’impôts sur le revenu et de taxe foncière.

Malgré ces incitations, 30% des terres agricoles du pays sont dégradées du fait des changements climatiques et de la modification des paysages, ainsi que de pratiques agricoles non durables telles que le surpâturage.

Par ailleurs, la Géorgie ne dispose d’aucun organe de gestion unique qui pourrait mettre en œuvre une réforme foncière. Les responsabilités étant réparties entre différents ministères, les problématiques ayant trait, par exemple, au cadastre et aux ressources sont plus difficiles à résoudre et la réforme foncière est plus difficile à mettre en place.

Le partage de connaissances

Désormais, ce sont les communautés rurales qui gèrent les pâturages © Oliver Mundy/FIDA

Dans le cadre de la Coopération Sud-Sud et triangulaire (CSST) du FIDA – qui encourage et promeut la collaboration et le partage de connaissances entre les pays en développement – les représentants kirghizes ont fait bénéficier leurs homologues géorgiens de leur expérience en matière de réforme foncière, notamment les avantages des plans de gestion communautaire, du renforcement des instruments juridiques, d’une institution nationale dédiée et du dialogue avec les communautés.

Des responsables géorgiens devraient se rendre au Kirghizistan en 2023 pour observer les réalisations accomplies et voir par eux-mêmes comment la gestion durable des terres pourrait améliorer la situation en Géorgie.