Reboiser pour restaurer les écosystèmes de montagne au Maroc

IFAD Asset Request Portlet

Agrégateur de contenus

Reboiser pour restaurer les écosystèmes de montagne au Maroc

Temps de lecture estimé: 4 minutes
©FIDA/Susan Beccio

Dans de nombreuses régions rurales du Maroc, les changements climatiques ont très souvent provoqué érosion et désertification, avec un effet délétère sur la qualité des sols. Les terres agricoles sont devenues moins productives et les régimes d’écoulement sont altérés, ce qui met à mal les moyens d’existence et la sécurité alimentaire des petits exploitants de la région.

Le reboisement est une condition sine qua non de l’amélioration de la qualité des sols et de la restauration de l’équilibre des écosystèmes locaux. De nombreux programmes appuyés par le FIDA prévoient des mesures de reboisement afin d’aider les populations locales à mieux résister aux changements climatiques. Dans  certains de ses programmes, à l’instar du Programme de développement rural des zones de montagne, le reboisement est au cœur même des activités planifiées.

Nous avons récemment rencontré Naoufel Telahigue, chargé de programme de pays du FIDA pour le Maroc. Il nous a expliqué le rôle du reboisement dans le cadre du programme, avant de nous présenter quelques-unes des autres mesures mises en place pour accroître la productivité agricole des exploitants locaux et optimiser la pérennisation des opérations.

Quel rôle le reboisement joue-t-il dans ce programme?
Notre objectif était de passer de la culture céréalière à l’arboriculture, ou à un système mixte, afin de renforcer la résilience face aux conséquences de l’utilisation des sols et d’adapter les systèmes aux changements climatiques. Ainsi, de nombreuses plantations se sont tournées vers la culture d’arbres tels que l’amandier, le pommier et le noyer. On peut qualifier cette pratique d’agroforesterie, mais il s’agit avant tout de protection de l’agriculture.

Selon vous, quels sont les éléments essentiels de cette stratégie? 
L’une des espèces que nous avons beaucoup utilisées dans le cadre de ce programme s’appelle le caroubier. Il s’agit d’une espèce très répandue au Maroc, qui en est l’un des plus grands producteurs au monde. À ce jour, nous avons planté environ 270 hectares de caroubier à d’Azilal. Cette espèce présente de nombreux avantages: la population locale exploite ses fruits pour les consommer, récolte ses fleurs ou en fait des plantes médicinales ou des cosmétiques. Le caroubier produit également de la gomme, qui peut être réorientée vers d’autres filières, et il peut produire du bois. Il protège en outre le paysage et peut freiner l’érosion. En bref, cet arbre regorge d’atouts. Nous voulions utiliser une espèce susceptible de profiter largement à la population. Je dirais donc que le caroubier est vraiment la vedette du programme. C’est en tout cas la pièce maîtresse de l’écosystème de la région. Il existe en outre une demande en la matière, une demande à laquelle nous pouvons répondre.

Outre la plantation de 270 hectares de caroubiers, vos autres projets ont-ils été couronnés de succès?
En raison de l’extension de la culture céréalière, nous n’avons pas beaucoup d’espace pour planter. Ainsi, 270 hectares, même si cela peut sembler modeste, c’est en réalité très significatif vu le contexte. Nous avons également cultivé 700 hectares d’amandiers, ce qui permet de lutter contre l’érosion des sols et de générer des revenus substantiels pour la population. Nous avons planté près de 200 000 pommiers à Séfrou – soit 230 hectares –, et quelque 60 000 arbres dans la province d’Azilal. Enfin, près de 33 000 noisetiers ont également été plantés dans la province d’Azilal et dans d’autres régions, comme je l’ai indiqué précédemment. Bref, nous avons planté beaucoup d’arbres, ce qui permet véritablement de transformer le paysage, de lutter contre les effets des changements climatiques, de combattre la désertification et de générer de l’activité, et tout cela contribue largement à atteindre notre objectif.

Hormis le reboisement, quelles autres initiatives permettent de lutter contre les effets des changements climatiques?
Le programme est également axé sur l’apiculture. Nous avons estimé que les arbres plantés pourraient aussi servir de forêt pour les abeilles. Cette articulation entre les arbres et les abeilles a donc été bénéfique pour tous, et elle a également profité à d’autres animaux d’élevage. Nous disposons également d’unités de transformation permettant de convertir les déchets issus des oliviers en énergie. Enfin, nous promouvons la mise en place de stations de surveillance météorologique et suivons de près l’irrigation au goutte-à-goutte et l’efficience de l’utilisation de l’eau. Pour conclure, nous menons toute une série d’activités dans un esprit de collaboration tout en nous efforçant de faire face aux changements climatiques dans les régions montagneuses du Maroc.

Découvrez l’action du FIDA au Maroc.