Offrir aux étudiants de l'eau, des légumes et des roses

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Offrir aux étudiants de l'eau, des légumes et des roses

Temps de lecture estimé: 5 minutes

© FIDA/Edward Echwalu

Dans le comté de Nyeri, au Kenya, la devise de l'Institut de formation technique de Mukurwe-ini – “la technologie au service de l'humanité” – s’est traduit dans les faits.  

Dans cette zone rurale, les solutions techniques durables de gestion de l'eau ont considérablement amélioré la vie des étudiants et du personnel de l'Institut, ainsi que celle des communautés environnantes, et offrent à beaucoup la promesse d’un avenir meilleur. De tels exemples de réussite sont au cœur du propos de la Journée mondiale de l'eau de cette année.

Pour l'Institut et les communautés agricoles voisines, l'eau posait un véritable problème depuis des années. Le système de distribution précédent utilisait la gravité, ce qui obligeait l'Institut, situé au sommet d'une colline, à rationner l'eau pour ses 1 200 employés et étudiants. Dans le même temps, les villages situés en contrebas devaient faire face à d’importants ruissellements superficiels en cas de fortes pluies, sources de conflits permanents avec l'Institut.

Il fallait donc trouver un moyen de réguler l'écoulement de l'eau et d'atténuer les effets de ces fortes pluies. Le Projet de gestion des ressources naturelles du bassin hydrographique du Haut Tana (UtaNRMP), soutenu par le FIDA, leur a permis d'y parvenir.

“Nous avons décidé d’agir pour sortir de cette situation difficile”, raconte Peter Kiama, ingénieur du projet UtaNRMP et membre du conseil d'administration de l'Institut.

Le projet vise à réduire la pauvreté grâce à une gestion durable des ressources naturelles. L'Institut a obtenu une aide pour investir dans un nouveau système de collecte de l'eau sur les toits, comprenant un système de canalisation et de tuyauterie, un réservoir d'une capacité de 3 000 mètres cubes, un château d'eau et un système de pompage alimenté par des panneaux solaires. Désormais, l'eau de pluie qui tombe sur le toit est récupérée dans le réservoir puis pompée vers le château d’eau pour y être conservée.

Vue partielle du réservoir d'eau, une des composantes du système de gestion de l'eau de l'Institut
 © FIDA/Edward Echwalu

 

Les résultats ont été très positifs.

“Nous n'avons plus à nous soucier de la question de l'eau. Nous en avons maintenant en permanence, et même assez pour arroser mes roses”, explique Patrick Muchemi, directeur de l'Institut.  

Cet apport constant en eau de pluie a permis de réduire de moitié la facture d'eau et d'électricité de l'Institut.

“L'hygiène et l'assainissement se sont considérablement améliorés. Les conditions d'apprentissage sont bien meilleures”, ajoute-t-il.

Les étudiants sont tout aussi enthousiastes.

“Cette impression de propreté à l’école me donne un sentiment de liberté”, commente Benson Barasa, un étudiant de 27 ans.

L'amélioration de la gestion de l'eau a également procuré de nombreux autres avantages.

Grâce au système de pompage alimenté par des panneaux solaires et au stockage de l'eau, l'Institut a pu créer un potager. Celui-ci a permis d'améliorer la valeur nutritive des repas servis à la cantine et même de créer des emplois.

Quinze travailleurs temporaires aident maintenant à entretenir le système d'eau et à cultiver les légumes. Dix d'entre eux sont des étudiants issus de milieux à faible revenu qui participent à un programme de travail-études.

“L'argent que je gagne maintenant me permet d'alléger la charge pour mes parents”, explique Joseph Kaaria, 25 ans, qui reste à l'Institut pendant les vacances pour travailler dans le potager. “Pouvoir gagner de l'argent me donne confiance en moi, en particulier dans mes relations avec les autres.”

Il ajoute: “J'espère pouvoir un jour reproduire ce système chez moi, à Meru, afin que ma famille puisse cultiver un potager en toutes saisons.”

Le nouveau système de gestion de l’eau a également été bénéfique pour l'environnement. L'Institut a planté 400 arbres pour stabiliser le sol et contenir les eaux de ruissellement qui inondaient autrefois les villages voisins. Les conflits incessants avec les membres des communautés environnantes ont ainsi pris fin.

Benson et d'autres étudiants en train de s'occuper du potager © FIDA/Edward Echwalu

 

L'Institut a également construit un robinet où les agriculteurs voisins peuvent disposer d'eau douce.

Amos Maina, 47 ans, père de quatre enfants, utilise désormais cette eau dans sa ferme. Sans elle, il devrait aller puiser de l'eau dans la rivière à deux kilomètres de chez lui.

Il est également employé par l'Institut, où il entretient le système de gestion de l'eau.

“Je me sens bien. J'ai maintenant un revenu et je peux acheter du savon, de l'huile et plus de nourriture pour ma famille”, dit-il. “Je peux aussi payer les frais de scolarité.”

La réussite du projet a fait naître de nouveaux espoirs et de nouvelles ambitions chez beaucoup. La direction de l'Institut prévoit maintenant d'étendre le système de collecte des eaux du toit à deux bâtiments scolaires de l'école primaire voisine et d'irriguer un terrain adjacent.

Peter Kiama espère que ce système de récupération de l'eau sur les toits se diffusera davantage. “Les agriculteurs s’y intéressent de près et nous soutiennent. Nous espérons qu'ils adopteront notre système”, dit-il.

“Nous voulons aller plus loin”, ajoute-t-il. “Nous souhaitons passer à un modèle 100% écologique et utiliser le biogaz au lieu du bois pour cuisiner les repas de la cantine.” Dans un premier temps, l'Institut a déjà planté du napier destiné au fourrage pour le bétail, dont les excréments serviront à produire du biogaz.

Ainsi le directeur, son équipe et ses élèves pourront continuer à profiter de bonnes conditions sanitaires, de légumes frais, d’une belle pelouse et de superbes roses.

En savoir plus sur l’action du FIDA au Kenya.