De la ferme au marché: améliorer la filière alimentaire en Guinée en donnant plus de moyens aux femmes

IFAD Asset Request Portlet

Agrégateur de contenus

De la ferme au marché: améliorer la filière alimentaire en Guinée en donnant plus de moyens aux femmes

Temps de lecture estimé: 6 minutes

©FIDA/Barbara Gravelli

Saran Condé a 30 ans et c'est une petite exploitante agricole dans la région de Faranah en Guinée. Elle a acquis de meilleures compétences agricoles et augmenté sa productivité en fréquentant, depuis le début de l'année, le jardin partagé appuyé par le FIDA dans le village de Salya. Elle y a trouvé de bien meilleures conditions pour ses cultures et a pu se former auprès d'experts agricoles.

Grâce à l’appui du FIDA, Saran bénéficie désormais d’un apport en engrais suffisant, d'une structure de semis en ligne, de clôtures plus solides pour prévenir l’intrusion d’animaux et d’un meilleur accès à l’eau grâce à un système à énergie solaire. Elle cultive des poivrons, des aubergines et des laitues, ce qui lui permet d’augmenter ses revenus et, donc, d’améliorer les moyens d’existence de sa famille. Ses nouvelles habitudes lui permettent de concilier travail et vie personnelle. Pendant que ses trois enfants les plus grands vont à l’école, celui de deux ans passe la journée dans le jardin avec d’autres enfants d’agriculteurs, où ils peuvent jouer librement.

Saran a puisé dans le travail à Salya une grande motivation, après s'être retrouvée veuve il y a cinq mois. Elle a reçu le soutien de ses collègues de l’association de producteurs, l'association Kankelen. Celle-ci compte 450 membres, dont 350 femmes, qui travaillent dans trois jardins. «Il y règne une grande solidarité», dit-elle, reconnaissant combien les agricultrices ont de choses en commun et s’entraident.

Créé en 2018, le jardin de Salya fait partie des 20 jardins bénéficiaires du Programme national d’appui aux acteurs des filières agricoles – extension Basse Guinée et Faranahv (PNAAFA-LGF) appuyé par le FIDA. En mettant à disposition du matériel, des solutions techniques et des cours de formation, il contribue à transformer la vie des petits exploitants agricoles et a des conséquences sur l’ensemble de la filière alimentaire de Guinée. Les agriculteurs apprécient la possibilité de travailler, d’apprendre et d’échanger entre eux. Les jardins disposent de fermes-écoles dans lesquelles des conseillers techniques assurent de manière régulière des séances de formation sur les techniques agricoles, les compétences commerciales et la gestion d’associations.

La transformation vers l’objectif zéro déchets

Les pertes et gaspillages de nourriture ne font l’affaire de personne, à commencer par les agriculteurs qui voient pourrir leur légumes et partir en fumée leurs revenus. Pour conjurer ce problème et faire en sorte que les cultures des petits exploitants soient plus rentables, le programme PNAAFA-LGF propose des activités de transformation à ses bénéficiaires, en assurant la formation de 204 agriculteurs – dont 173 femmes – aux méthodes de mise en conserve, qui leur permettent de conserver plus longtemps leurs légumes.

Mamah Samoura est l'une des 45 agriculteurs de l’association Kankelen ayant suivi cette formation à Faranah. Ces séances lui ont permis d’acquérir de nouvelles compétences; depuis, non seulement elle cultive des légumes, mais elle procède également à la transformation de 25 variétés produites par elle-même ou ses partenaires: tomates, poivrons, oignons, aubergines, etc. «Les légumes qui avant pourrissaient en à peine quelques jours ou au mieux quelques semaines peuvent désormais se conserver jusqu’à six mois dans des bocaux en verre comme celui-ci», explique Mamah Samoura en montrant un pot de sauce tomate.

La transformation des aliments réduit considérablement le gaspillage d’ingrédients frais et permet de diversifier l’utilisation et la consommation d’aliments tout au long de l’année plutôt que sur une base saisonnière. En outre, elle augmente les recettes des petits exploitants grâce à la valeur ajoutée et aux gains de temps qu’offrent le procédé. Par exemple, environ deux kilos de tomates, qui autrement auraient été gaspillées, peuvent être conservées sous forme de sauce tomate et vendues à un prix trois fois supérieur.

©FIDA/Barbara Gravelli

À présent qu’ils ont appris comment mettre les aliments en conserve, les bénéficiaires de Faranah partagent ce savoir avec d’autres. Des étudiants universitaires en agriculture font des stages auprès de Mamah Samoura et de ses collègues pour observer et pratiquer les techniques de transformation alimentaire.

«Ici, j’ai l’occasion d’acquérir des compétences précieuses pour mon avenir», déclare Françoise Toffa Mansaré, l’une des dix stagiaires de l’association Kankelen, âgée de 22 ans. Apprenant très vite, elle pense que ce stage complète de façon constructive ses études de premier cycle à l’Institut supérieur d’agronomie et de médecine vétérinaire de Faranah. Tout en combinant les cours en classe avec les exercices pratiques sur le terrain, Françoise attend avec impatience de vivre de nouvelles expériences «n’importe où dans le monde» dès qu’elle aura obtenu son diplôme l’année prochaine.

Se former à l’activité commerciale

On peut s’y connaître en agriculture et en mise en conserve et ne pas savoir comment s’y prendre pour commercialiser les produits. Une telle limite peut terriblement peser sur les revenus des ménages mais aussi sur les consommateurs, qui ignorer ainsi que certains produits sont disponibles à l’achat. Pour y remédier, le FIDA a apporté des conseils en matière de commercialisation aux associations d’agriculteurs de toute la Guinée, en faveur d’un commerce des produits agricoles qui soit équitable et durable.

À Faranah, les membres de l’association Kankelen pratiquant la transformation de produits alimentaires ont augmenté leurs ventes et ont obtenu la reconnaissance de la communauté locale, qui se rend régulièrement à l’entrepôt de mise en conserve. Les consommateurs peuvent venir y acheter les produits de leur choix, en s’adressant directement aux personnes travaillant dans l’atelier.

Le bouche à oreille allant très vite, le volume d’affaires s’est accru et leurs pots et conserves sont désormais en vente dans les foires locales de la région. «Nous sommes fières de voir nos produits sur le marché», déclare Umu Camara, présidente de l’association Kankelen, elle-même productrice et marchande enthousiaste.

Les investissements du FIDA en Guinée profitent également au secteur de la distribution, puisque de jeunes entrepreneurs ruraux ont reçu un soutien financier afin de créer leur propre entreprise. Aissatou Lamarana Bah est une étudiante de premier cycle âgée de 25 ans qui a ouvert un petit magasin de vente de semences et d’engrais à Faranah, à l’aide d’un prêt du FIDA. Par des remboursements réguliers, elle aura soldé sa dette d’ici sept mois.

En plus de ses études, Aissatou a reçu une formation en commerce et techniques de vente. Les affaires vont plutôt bien et Aissatou a commencé à engranger des profits dès les trois premiers mois, devenant connue pour avoir ouvert le premier magasin de ce genre en Haute Guinée. «Mes clients viennent de différents endroits de Faranah et d’ailleurs, même de Sierra Leone», affirme cette entrepreneuse visionnaire, qui prévoit d’élargir ses activités et de diversifier les produits disponibles dans ses rayons.