Régénérer les mangroves pour sauver les communautés rurales en Gambie

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Régénérer les mangroves pour sauver les communautés rurales en Gambie

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© FIDA/Barbara Gravelli

On reconnaît aisément de loin les enchevêtrements de racines de la mangrove. Ses arbres et arbustes poussent le long d’eaux salées ou saumâtres en se nourrissant des sédiments accumulés dans la vase. Les mangroves sont l'un des écosystèmes abritant la plus grande biodiversité au monde  et elles jouent un rôle essentiel dans l’équilibre écologique et les moyens d’existence des populations. Toutefois, dans de nombreuses régions d’Afrique de l’Ouest, ces terres humides qui accueillent une faune et une flore sauvage particulièrement riche sont menacées par les effets des changements climatiques et un abattage non durable du bois.

À l’orée de Bondali-Tenda, un petit village gambien proche de la frontière avec la région sénégalaise de la Casamance, se trouve une mangrove qui s’étend de part et d’autre de Bintang Bolong, le principal affluent du fleuve Gambie. Elle permet à 15 familles sur place de se nourrir et d’obtenir un revenu grâce aux activités de pêche.

© FIDA/Barbara Gravelli

La dégradation qu’a connue la végétation de la mangrove pendant de nombreuses années a été tellement importante qu’elle a laissé derrière elle d’immenses zones déboisées où l’ombre est inexistante et la vie aquatique rare. Pendant que la mangrove locale disparaissait, l’air s’asséchait et les pêcheurs peinaient à gagner leur vie et à subvenir aux besoins de leur famille.

La situation a changé depuis 2017. Avec l’appui du Programme d’adaptation de l’agriculture paysanne, du FIDA, le Projet national de développement de la gestion des terres agricoles et de l’eau (NEMA-CHOSSO) a permis de régénérer plus de trois hectares de mangrove à Bondali Tenda. D’un bout à l’autre du cours d’eau, de nouveaux arbres ont été plantés dans les zones dégradées, tandis que les vasières, qui servent d’habitat aux oiseaux aquatiques locaux et migrateurs, ont été préservées.

"Avant cette intervention il y avait un grand espace vide au-dessus de ces eaux", se souvient Ebrima Fatty, une dirigeante locale. "Le paysage reverdit, les poissons sont plus gros et on peut même apercevoir des crocodiles." 

L’ironie climatique

Les mangroves sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques. Les modifications des régimes des températures et des précipitations entraînent un accroissement du marnage qui touche les mangroves de toute la Gambie et des pays voisins. L’augmentation du volume des marées, associée à une plus forte salinité des sols, a détérioré les marécages dans toute la région.

La situation a cela d’ironique que les mangroves, en soi, sont un puissant outil de lutte contre les changements climatiques. Elles peuvent emmagasiner des quantités considérables de dioxyde de carbone – en proportion davantage, que toute autre forêt – si bien que leur destruction libérerait d’importants volumes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, avec des conséquences catastrophiques.

Autres avantages

Les mangroves jouent un rôle essentiel en protégeant les populations contre les chocs climatiques et d’autres intempéries liées au climat. Leur végétation retient les sédiments et filtre les eaux de ruissellement, ce qui prévient l’érosion du sol et l’envasement. En outre, leurs racines constituent un rempart efficace contre la violence des tempêtes qui protège les populations côtières des inondations.

© FIDA/Barbara Gravelli

Ces écosystèmes dynamiques et protéiformes rendent aussi les conditions environnementales et socioéconomiques plus durables car:

  • ils contribuent au refroidissement microclimatique dans les zones où les températures sont souvent élevées
  • ils servent d’habitat aux poissons, aux huîtres, aux crabes de mangrove et aux palourdes; ils constituent ainsi une source d’approvisionnement alimentaire et favorisent les revenus des pêcheurs et la biodiversité
  • ils tiennent lieu d’alevinières, en permettant la reproduction et la viabilité de la vie aquatique
  • ils fournissent le bois nécessaire aux pratiques des petites communautés, telles que la conservation du poisson.

L’initiative menée à Bondali Tenda n’est qu’un exemple des activités de régénération de mangrove appuyées par le FIDA en Gambie. Le projet NEMA-CHOSSO a permis de régénérer 1 400 hectares sur tout le pays, et environ 160 000 personnes en ont bénéficié. Il est prévu de régénérer 630 hectares supplémentaires d’ici à la fin de l’année, et cette intervention touchera plus de 40 000 personnes.