Une décennie de progrès pour les petits producteurs cubains

IFAD Asset Request Portlet

Agrégateur de contenus

Une décennie de progrès pour les petits producteurs cubains

Cela fait dix ans que le FIDA est présent à Cuba. À cette occasion, le Directeur de pays est allé à la rencontre de petits exploitants agricoles et de partenaires afin d’évoquer les progrès accomplis et ce qu'il reste à faire

Temps de lecture estimé: 4 minutes

Dans la province de Camagüey, au centre de l’île de Cuba, le soleil des tropiques est brûlant. C’est l’après-midi et nous sommes sur la route depuis le petit matin. La fatigue commence à se faire sentir lorsque nous arrivons au ranch de La Kintina.

À notre arrivée, j’aperçois une cinquante de vaches bien portantes dans un enclos et, derrière elles, une étable équipée d’une machine de traite moderne ainsi que d’un réservoir réfrigéré. Il y a dix ans, il aurait été difficile de trouver ce type d’équipement dans cette région. Mais aujourd’hui, cette exploitation—et 105 autres dans la province de Camagüey—enregistrent des progrès importants en matière de production de lait et de viande bovine grâce au projet PRODEGAN du FIDA, qui vise à renforcer le secteur de l’élevage.

Parlant la langue chantante du peuple guajiro, Yunaixi Morales et Abdiel Campo, les propriétaires du ranch, nous décrivent leur passion pour leur métier et nous expliquent comment le projet les a aidés à traverser des périodes difficiles, notamment durant la pandémie, lorsque des intrants essentiels, tels que les engrais et les médicaments pour les animaux, étaient plus difficiles à trouver.

Désormais, non seulement l’exploitation est viable, mais elle a également enregistré de grandes avancées. « L’année dernière, 30 veaux sont nés. Cette année, il y a déjà eu 25 naissances et nous ne sommes qu’en juin », explique Abdiel.

Yunaixi et Abdiel, éleveurs de bétail, échangent avec le personnel du FIDA et des représentants du Ministère de l'agriculture cubain. ©FIDA/Juan Ignacio Cortés

En roulant à travers la région, il est évident que la réussite de La Kintina n’est pas un cas isolé: à l’usine de transformation laitière de Lacteos Sibanicú, l’équipement obsolète est en cours de remplacement; la coopérative Combate de Pacheco s’est dotée d'une flotte impressionnante de tracteurs et de camions; la coopérative Camilo Cienfuegos élabore des pratiques innovantes pour nourrir le bétail.

Un membre de la coopérative Combate de Pacheco près de réservoirs de lait réfrigérés achetés grâce au projet PRODEGAN. ©FIDA/Juan Ignacio Cortés

Ces progrès ne profitent pas uniquement aux coopératives et aux habitants de la province de Camagüey. En effet, partout dans l’île, les Cubains ont tout à gagner d’un meilleur approvisionnement en lait et en viande bovine. Cela laisse entrevoir une amélioration de la sécurité alimentaire de Cuba, aujourd'hui précaire. Actuellement, l’île importe près de 80% de son alimentation. En améliorant les infrastructures agricoles, le pays peut réduire sa dépendance vis-à-vis des importations, tout en accroissant sa sécurité alimentaire.

En 2013, le FIDA a été la première institution financière internationale à rétablir ses liens avec Cuba après des négociations concernant le paiement d’une dette ancienne. À l’époque, le pays n’avait pas accès au crédit international mais le vote de confiance du FIDA lui a permis d’accéder à des donateurs internationaux.

Depuis lors, le FIDA a financé deux autres projets: le projet PRODECOR, récemment mené à bien et qui visait à accroître la production des céréales de base, et le nouveau projet PRODECAFE, qui vise à renforcer les filières du café et du cacao.

À eux trois, ces projets, qui représentent un investissement total de 69,35 millions d’USD, bénéficieront à 562 coopératives et 126 prestataires de services dans 49 municipalités de l’est de Cuba. Mais surtout, ils devraient profiter à 42 000 familles rurales.

Consuelo Vidal, Coordonatrice résidente des Nations Unies à Cuba, souligne l’importance du travail accompli par le FIDA sur l’île, lequel « offre au pays des perspectives allant au-delà du soutien financier concret fourni ».

« Ces projets promeuvent un changement qui est non seulement d’ordre productif, mais aussi d’ordre social et économique », dit Frank Carbonell, responsable du Ministère de l'agriculture cubain chargé de la mise en œuvre des projets financés par le FIDA au cours des dix dernières années. « Ils bénéficient directement aux producteurs et permettent à Cuba de résoudre des problèmes de sécurité alimentaire clés ».

Le financement du FIDA a permis à la coopérative Combate de Pacheco de se doter d’une flotte de tracteurs modernes également utilisée par les coopératives voisines. ©FIDA/Juan Ignacio Cortés

Pour Hugo Gámez, économiste expérimenté spécialiste des questions rurales associé aux projets du FIDA à Cuba depuis le début, l’organisation doit le succès de ses interventions dans le pays à une stratégie globale et flexible qui permet d’améliorer les capacités des coopératives et des agences gouvernementales qui les appuient.

« La flexibilité est un élément clé dans un contexte aussi difficile que celui de Cuba », précise-t-il, tout en rappelant l’incertitude que les blocus commerciaux, le déficit de devises et la crise énergétique font peser sur l’avenir.

Malgré tout cela, je suis porté par l’énergie, l’espoir et l’enthousiasme des petits producteurs que nous avons rencontrés, ainsi que la détermination des parties prenantes cubaines. Le FIDA a à cœur d’aider les populations rurales pauvres de Cuba à relever les défis auxquelles elles se heurtent en matière de sécurité alimentaire.

Découvrez nos interventions à Cuba.