Dans la bataille contre la COVID-19, renforcer la résilience à long terme des communautés rurales est essentiel

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Dans la bataille contre la COVID-19, renforcer la résilience à long terme des communautés rurales est essentiel

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©FIDA/Louis Dematteis

Deux mois se sont écoulés depuis le début de l'épidémie de coronavirus (COVID-19) dans la province chinoise du Hubei. Le moment est venu de réfléchir aux conséquences de la COVID-19 sur les communautés rurales en Chine et de souligner l’importance d'investir dans les populations rurales et de renforcer leur résistance à long terme à de tels chocs.

L'apparition soudaine du nouveau coronavirus a soulevé des questions légitimes quant aux conséquences d'une telle épidémie sur les groupes les plus vulnérables de la population, à savoir les pauvres des zones rurales. Si, concrètement, la nouvelle épidémie de coronavirus – comme toute autre épidémie – est susceptible de toucher tout un chacun, les plus vulnérables sont moins à même de faire face aux conséquences d'une telle infection. Pour les ménages ruraux pauvres, il est plus difficile d’accéder aux soins médicaux et de les payer, et la disponibilité et la capacité des systèmes de santé dans les régions pauvres et isolées sont limitées. En outre, les ménages ruraux pauvres manquent souvent des moyens économiques permettant de faire face aux conséquences d'une épidémie. Le confinement dans presque toutes les villes du Hubei et les restrictions de circulation qui y ont été mises en place ont empêché de nombreuses personnes de travailler, en particulier les travailleurs migrants dont les revenus font vivre une grande proportion de ménages ruraux. Cela a également privé de nombreux ménages de leur principale source de revenus. De même, la fermeture des routes et la limitation des transports qui ont retardé ou restreint la vente de produits agricoles ont touché de nombreuses petites entreprises rurales.

Plusieurs mesures ont été mises en œuvre au cours des dernières semaines pour atténuer les effets de l’épidémie de COVID-19 dans les zones rurales. Plus de 70 nouveaux centres de soins médicaux  y ont par exemple été déployés par les autorités du Hubei pour lutter contre l'épidémie. La Banque de développement agricole de Chine a consenti des prêts d'urgence pour un montant de plus de 10 milliards de yuans (environ 1,5 milliard de dollars des États-Unis) dans le cadre de cette lutte. La Commission de réglementation des banques et des assurances de Chine a prolongé de six mois les délais de remboursement des microprêts. Le secteur privé a également contribué activement à limiter les incidences de l'épidémie sur la population rurale: le géant du commerce électronique Alibaba a mis en place une plateforme en ligne de vente au détail de produits agricoles pour aider les producteurs à vendre leurs produits. Ainsi, 12 000 tonnes de stocks excédentaires de fruits et légumes ont été livrés en cinq jours. De même, plusieurs entreprises logistiques ont mis en place des moyens de transport "verts" et "rapides" pour acheminer les produits des agriculteurs dans la province. En outre, la créativité individuelle a permis de mettre au point de nouvelles solutions innovantes: les drones, par exemple, sont de plus en plus utilisés pour empêcher les rassemblements sociaux. De manière générale, une attention particulière est accordée aux villages les plus pauvres.

Il ne fait aucun doute que les nombreuses mesures mises en place permettent de limiter les coûts potentiellement élevés et les conséquences de l'épidémie pour les ruraux. Mais si elles aident à contrer les effets immédiats et à court terme de la crise, ces mesures ne permettent pas de s'attaquer aux causes profondes de la vulnérabilité des zones rurales.

Pour empêcher ou éviter que les mêmes populations vulnérables ne soient touchées par la prochaine crise – que ce soit une nouvelle épidémie, une chute inattendue des prix des produits de base ou une mauvaise récolte due à des événements météorologiques défavorables ou à une infestation de parasites – il faut renforcer la résilience et la capacité de résistance des populations et des communautés rurales face à de telles crises. Il est essentiel d'investir dans les zones rurales et leur population: en construisant des routes pour réduire la durée et le coût des déplacements, en développant des systèmes d'irrigation qui permettent de limiter la dépendance à des précipitations de plus en plus irrégulières, en améliorant l'accès à l'eau potable et aux équipements sanitaires pour réduire les maladies d'origine hydrique, et en renforçant la capacité des populations à économiser, à diversifier leurs possibilités d'emploi, à accéder à l'information, etc. Ces mesures sont essentielles pour renforcer la capacité des communautés rurales à faire face aux chocs et autres événements imprévus.

Fort de plus de 40 ans de partenariats stratégiques avec la Chine en matière de promotion du développement rural, le FIDA continuera de soutenir l'orientation de la Chine en faveur des zones et des populations rurales, qui s'inscrit dans sa stratégie de revitalisation du monde rural. Cela dit, la promotion de communautés rurales de plus en plus résilientes face aux chocs devra continuer d’être un des objectifs à long terme.