Collaborer plus étroitement entre organismes des Nations Unies à l’échelle nationale – Les progrès du programme de réforme de l’ONU dans la région Asie-Pacifique

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Collaborer plus étroitement entre organismes des Nations Unies à l’échelle nationale – Les progrès du programme de réforme de l’ONU dans la région Asie-Pacifique

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©FIDA/GMB Akash

À la suite de l’adoption de la résolution 72/279 de l’Assemblée générale en mai 2018, plusieurs organismes des Nations Unies ont examiné conjointement les moyens d’améliorer la cohérence, la responsabilisation et l’efficacité du système des Nations Unies pour le développement en vue d’aider les pays à réaliser les ambitions du Programme 2030. La participation du FIDA aux réformes correspondantes du système est désormais l’une des priorités de l’institution et l’un des impératifs de sa direction. Plus de deux ans après l’adoption de la résolution, et à moins de dix ans de l’échéance fixée pour la réalisation des objectifs de développement durable, quels ont été les progrès accomplis sur le terrain dans la région Asie-Pacifique?

Nouveaux cadres de coopération relatifs aux plans de développement nationaux. La réforme en cours vise essentiellement à repositionner le système des Nations Unies pour le développement en vue de le rendre plus souple et mieux adapté aux plans nationaux de développement, liés à la réalisation des objectifs de développement durable. Les équipes de pays du FIDA dans la région Asie-Pacifique cherchent à participer pleinement, en collaboration avec les membres des équipes de pays des Nations Unies, à l’élaboration des nouveaux bilans communs de pays et des nouveaux plans-cadres de coopération des Nations Unies pour le développement durable. Ces processus suivent des calendriers différents et certains sont déjà achevés. En Afghanistan, au Bangladesh, en Chine, en Indonésie, au Pakistan, aux Philippines et au Viet Nam, les équipes de pays sont pleinement associées à la conception ou à la mise à jour des bilans communs de pays. Elles ont ainsi pu mettre en avant les questions liées à la pauvreté, à l’agriculture et à la sécurité alimentaire dans les zones rurales, ainsi que les répercussions de la crise liée à la COVID-19 sur les systèmes alimentaires. Au Cambodge, en Indonésie et en Chine, les équipes de pays du FIDA ont participé activement à l’élaboration des nouveaux bilans communs de pays et ont signé, avec d’autres organismes, le document final. D’autres plans-cadres de coopération des Nations unies pour le développement durable devraient être mis en place et signés en 2021. Si les progrès sont encourageants, des difficultés subsistent. Le FIDA n’a pas de bureau national dans de nombreux pays de la région, ce qui complique la participation aux processus d’élaboration des bilans communs de pays et des plans-cadres. Même dans les pays comptant les plus grands bureaux, les effectifs ne représentent qu’une fraction de ceux des autres organismes des Nations Unies, si bien que le personnel est souvent contraint de faire des compromis quant aux activités à mener.

Nouvelles stratégies de pays. Un autre élément très important du processus de réforme est la concordance des nouvelles stratégies de pays des différents organismes des Nations Unies avec les nouveaux plans-cadres. Dans le cas du FIDA, cela signifie que tous les nouveaux programmes d’options stratégiques pour les pays (COSOP) en cours d’élaboration sont assujettis à une consultation approfondie avec l’équipe de pays des Nations Unies et que la matrice finale des résultats du COSOP est clairement et directement alignée sur les objectifs et les cibles des plans-cadres. Le Népal en est un bon exemple: le nouveau projet de COSOP a fait l’objet d’une consultation avec l’équipe de pays des Nations Unies à Katmandou en novembre 2020, suivie d’une seconde consultation avec les acteurs bilatéraux intervenant dans le pays, notamment l’Allemagne, les États-Unis, la Finlande, le Japon et la Suisse. Ces consultations ont permis de recenser de nouvelles possibilités de partenariat, notamment avec les deux autres organismes ayant leur siège à Rome (ou OSR, à savoir à côté du FIDA,  l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAO, et le Programme alimentaire mondial, PAM). En 2021, les nouveaux COSOP pour le Bangladesh, le Cambodge, le Myanmar et le Pakistan feront tous l’objet de processus consultatifs semblables, afin de garantir leur alignement et leur complémentarité au niveau national. Tous les nouveaux COSOP feront référence aux objectifs des plans-cadres dans leurs cadres de résultats, et les coordonnateurs résidents des Nations Unies auront la possibilité d’examiner les COSOP définitifs avant leur transmission au Conseil d’administration.

Stratégies de pays conjointes. Une évolution très intéressante dans ce domaine a été la mise à l’essai de stratégies de pays communes aux OSR. En Indonésie, la stratégie de pays tripartite, qui a été finalisée en 2020, guidera la programmation conjointe au cours des prochaines années. Elle vise à promouvoir des systèmes alimentaires durables et concorde pleinement avec le nouveau plan-cadre des Nations Unies pour le développement durable. L’accent sera mis dans un premier temps sur un projet conjoint à Nusa Tenggara Timur, où une initiative actuellement financée par le FIDA sera enrichie par les technologies innovantes et les activités de formation en matière de sécurité alimentaire et de nutrition assurées par la FAO et le PAM. Dans d’autres pays comme le Cambodge, le FIDA collabore avec le PAM et la FAO à l’élaboration de cadres de programmation tripartites. 

Programmes conjoints. Le FIDA a accompli des progrès notables dans la région Asie-Pacifique au chapitre de l’exécution de programmes conjoints à l’appui des objectifs prioritaires des équipes de pays des Nations Unies. Dans de nombreux cas, notamment en Afghanistan, au Bangladesh, à Kiribati, aux Îles Salomon, en Inde et au Pakistan, la FAO fournit un appui technique à l’élaboration et à l’exécution des projets financés par le FIDA. Le Fonds collabore en outre avec la FAO à la mise au point d’une nouvelle proposition au titre du Programme mondial sur l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP) couvrant quatre petites îles du Pacifique. Le PAM est également un partenaire important de plusieurs programmes conjoints. Au Bangladesh, il appuie les projets d’investissement du FIDA en établissant une cartographie de la pauvreté et de la nutrition. À Sri Lanka, une initiative conjointe du FIDA, de la FAO et du PAM a été lancée en vue du Sommet sur les systèmes alimentaires de 2021. En République démocratique populaire lao, un projet tripartite entre le FIDA, la FAO et le PAM, financé au titre du GAFSP, vise à favoriser les activités agricoles tenant compte des enjeux nutritionnels. Au Népal, un programme conjointement mené par la FAO, le FIDA, le PAM et l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes (ONU-Femmes) met l’accent sur l’autonomisation des femmes rurales. Au Pakistan, la FAO et le PAM, en partenariat avec le FIDA, appuient l’exécution d’un nouveau projet au Baloutchistan axé sur la sécurité alimentaire et la résilience. Des partenariats avec ONU-Femmes, visant à promouvoir l’avancement des femmes, sont également menés en Chine. À l’avenir, au fur et à mesure du déploiement des plans-cadres de coopération des Nations Unies pour le développement durable, et grâce à la collaboration plus étroite des équipes de pays des Nations Unies, il est certain que des initiatives conjointes comme celles-ci se multiplieront dans les pays.

Nouvelles équipes de pays des Nations Unies. Depuis le 1er janvier 2019, les coordonnateurs résidents des Nations Unies ont pris leurs nouvelles fonctions en tant que plus hauts représentants du système des Nations Unies pour le développement, afin de diriger la nouvelle génération récemment mise en place d’équipes de pays des Nations Unies. Ces équipes de pays remaniées sont axées sur la demande, et leurs compétences ont été renforcées compte tenu des priorités et des besoins spécifiques des pays en matière de développement. Le rôle principal des coordonnateurs résidents est d’apporter une réponse collective aux besoins nationaux et de garantir la cohérence du système et la responsabilisation sur le terrain. Pour le FIDA, l’impartialité, l’autonomie et le renforcement de la fonction des coordonnateurs résidents revêtent une importance essentielle pour assurer l’efficacité des interventions dans les pays. Grâce à la politique de décentralisation qu’il mène depuis ces trois dernières années, le Fonds est désormais beaucoup plus à même de participer aux réunions des équipes de pays des Nations Unies et des sous-groupes associés sur des questions relatives à l’agriculture et au développement rural. Cette forte participation est particulièrement notable au Cambodge, en Chine, en Inde, en Indonésie et au Viet Nam. Des membres du personnel du FIDA ont d’ailleurs coprésidé plusieurs sous-groupes. Ainsi, au Cambodge, le FIDA et la FAO coprésident le groupe de travail technique sur l’agriculture. Néanmoins, en raison de l’effectif souvent réduit des bureaux de pays et des exigences en matière de supervision des multiples projets en cours, les équipes nationales font inévitablement face à des choix difficiles pour décider des réunions auxquelles participer. Au Cambodge, au Népal et du Pakistan, par exemple, le FIDA ne compte qu’un seul représentant. En pareil cas, le personnel ne peut participer qu’aux réunions les plus stratégiques et les plus importantes de l’équipe de pays. Le FIDA rencontre également des difficultés particulières dans les pays où il n’a pas de bureau, comme en Afghanistan, au Bhoutan, aux Maldives, au Myanmar, en République démocratique populaire lao et à Sri Lanka. Si de bonnes pratiques se font jour dans certains de ces pays, comme une participation régulière par visioconférence en Afghanistan et au Bhoutan, dans d’autres il est souvent difficile de prendre part activement aux réunions des équipes de pays des Nations Unies. Une des solutions à long terme pourrait être qu’un des deux autres OSR présents sur place représente le FIDA aux réunions.

Équipes de pays des Nations Unies et COVID-19. Le premier grand test du potentiel de coordination des équipes de pays des Nations Unies a eu lieu au début de l’année 2020, à la faveur de la flambée de la pandémie. Grâce à l’augmentation des effectifs du FIDA dans les pays et à la collaboration renforcée avec les équipes de pays des Nations Unies, le Fonds a pu participer activement aux travaux d’analyse sur la COVID-19, coordonnés par ces dernières au niveau national. En Chine, en Inde, aux Philippines et en République démocratique populaire lao, le FIDA a cofinancé les évaluations menées conjointement par les équipes de pays des Nations Unies et les OSR au sujet des répercussions de la COVID-19 sur les systèmes alimentaires. Dans la région Pacifique, il a dirigé les travaux d’analyse des conséquences de la pandémie sur la sécurité alimentaire et la nutrition dans le cadre de l’évaluation socioéconomique des Nations Unies, en étroite collaboration avec les autres OSR. Il a également pu s’assurer que les projets d’urgence face à la COVID-19, financés dans le cadre de son Mécanisme de relance en faveur des populations rurales pauvres, cadrent pleinement avec les plans d’intervention coordonnés par les équipes de pays des Nations Unies. Dans deux cas, au Viet Nam et dans le Pacifique, il a obtenu un financement du Fonds d’affectation spéciale pluripartenaires des Nations Unies pour l’action face à la COVID-19 et pour le relèvement. Au Viet Nam, une proposition de projet conjoint entre le FIDA, l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et ONU-Femmes au titre du Fonds d’affectation spéciale vise à appuyer l’autonomisation des femmes et des jeunes dans des filières agricoles face à la COVID-19. Dans la région Pacifique, une proposition de projet conjoint entre l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le FIDA au titre du Fonds d’affectation spéciale vise à appuyer les mesures de redressement face à la COVID-19 à Fidji, aux Palaos, aux Tonga et à Vanuatu.

Cadre de gestion et de responsabilité. Le Cadre de gestion et de responsabilité est un élément fondamental de la revitalisation du système des coordonnateurs résidents, car il fournit un cadre clair et précis en matière de gestion et de responsabilité au sein des équipes de pays des Nations Unies. Il repose sur un double système de responsabilité, au cœur du nouveau système des coordonnateurs résidents, qui associe à la fois ces derniers et les organismes des Nations Unies. Pour les membres des équipes de pays des Nations Unies, au moins un indicateur de performance sera lié aux résultats de leurs équipes dans le cadre de l’évaluation de leur performance, et les coordonnateurs résidents participeront officiellement au processus d’évaluation. Ainsi, en décembre 2020, pour la toute première fois, les coordonnateurs résidents participeront au processus d’évaluation de la performance des directeurs de pays du FIDA dans la région Asie-Pacifique, et vice versa.

En conclusion, si l’on considère l’ensemble de la région, et malgré la présence relativement faible des bureaux de pays du FIDA et les difficultés liées à la pandémie, beaucoup a été fait pour appuyer le programme de réforme du système des Nations Unies. Une nouvelle génération de plans-cadres de coopération des Nations Unies pour le développement durable est en train d’être mise en place. De nouvelles initiatives tripartites voient le jour parmi les OSR. Les exemples de programmes communs sont nombreux. Et surtout, l’action du personnel du FIDA dans le cadre de la réforme du système est bien plus visible et renforcée. Dans le cadre du cycle couvert par la Douzième reconstitution des ressources du FIDA et de la "phase 2.0" de son programme de décentralisation, le Fonds prévoit de détacher 45% de son personnel sur le terrain. Il renforcera ainsi ses capacités au niveau des pays et améliorera sa collaboration avec les organismes des Nations Unies en vue de répondre aux priorités nationales à l’égard des objectifs de développement durable et d’autres domaines.