Des systèmes alimentaires prospères et une alimentation équilibrée pour tous sont indissociables

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Des systèmes alimentaires prospères et une alimentation équilibrée pour tous sont indissociables

Temps de lecture estimé: 7 minutes
©FIDA/GMB Akash

La malnutrition, sous toutes ses formes, reste l’une des plus grandes menaces qui pèsent sur les sociétés du monde entier. Des centaines de millions de personnes, dont beaucoup d’enfants, souffrent de la faim chronique, car elles manquent de nourriture. En parallèle, le surpoids et l’obésité augmentent rapidement dans la plupart des régions du monde. De fait, différents types de malnutrition peuvent coexister dans un même pays, une même collectivité ou un même foyer – voire chez la même personne –, et des formes de malnutrition a priori opposées peuvent paradoxalement être liées. Les perturbations des chaînes d’approvisionnement alimentaire et les pressions sur les systèmes de santé causées par la pandémie de COVID-19 n’ont fait qu’aggraver la situation.

Les mauvaises alimentations de toutes sortes et leurs retombées sur la santé humaine et nos sociétés sont également directement liées à la santé et au fonctionnement de nos systèmes alimentaires. La création de systèmes alimentaires durables, résilients et inclusifs permettra d’améliorer à long terme la santé, la nutrition et la productivité à l’échelle mondiale.

Coûts économiques et sociaux de la malnutrition

La malnutrition fait peser de lourds fardeaux sur les économies du monde entier et aucun pays n’est entièrement épargné.

Par exemple, les retards de croissance touchaient 144 millions d’enfants de moins de 5 ans en 2019. Plus de 90% d’entre eux vivent en Afrique ou en Asie, essentiellement dans des zones rurales. Les retards de croissance compromettent le développement cognitif et les capacités physiques des enfants et rendent des générations entières moins productives qu’elles n’auraient dû l’être. Ils ont également des répercussions économiques à long terme. Les recherches menées dans le cadre de la Série sur le coût de la faim en Afrique, qui couvre 21 pays africains à ce jour, montrent que ces pays perdent jusqu’à un sixième de leur PIB chaque année en raison de la dénutrition infantile. 

En parallèle, la prévalence croissante du surpoids et de l’obésité contribue à l’augmentation du diabète et d’autres maladies chroniques chez les adultes, avec des conséquences tout aussi dévastatrices sur le plan sanitaire et économique. Entre 2006 et 2015, par exemple, les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et le diabète ont infligé des pertes totales de 13,5 milliards d’USD au PIB de l’Argentine, du Brésil, de la Colombie et du Mexique.

Liens entre la nutrition et les changements climatiques

Les exploitants agricoles, les éleveurs pastoraux, les habitants des forêts et les pêcheurs ont de nombreuses difficultés pour produire des denrées alimentaires et pratiquer la cueillette en raison de l’évolution des conditions météorologiques. En outre, les taux de perte et de gaspillage de produits alimentaires ne cessent de croître. Aujourd’hui, jusqu’à un tiers de toute la nourriture produite à des fins de consommation humaine est perdue ou gaspillée. Les changements climatiques sont responsables d’une partie de ce gaspillage de nourriture, et la détérioration des aliments fait augmenter les émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, les ressources utilisées pour produire, transporter, stocker et préparer ces aliments sont également gaspillées.

Les conséquences diverses des changements climatiques compromettent la sécurité alimentaire et nutritionnelle de millions de personnes, en particulier des plus pauvres. Elles menacent non seulement la disponibilité des ressources naturelles (et donc des aliments), mais aussi l’accès aux soins de santé et la santé de l’environnement en général.

Il est essentiel de protéger et d’améliorer la biodiversité si l’on veut inverser ce genre de tendances. Cette démarche peut prendre de nombreuses formes: promouvoir la multiplicité des espèces, en particulier celles qui sont négligées ou sous-utilisées, intégrer l’utilisation de ressources végétales, animales, forestières et aquatiques, ou encore conserver et gérer les habitats terrestres et maritimes. Le renforcement de la biodiversité peut à la fois améliorer la résilience, protéger les moyens d’existence et favoriser une meilleure nutrition.

Promouvoir des systèmes alimentaires équitables et inclusifs

La nourriture doit être accessible à tous, en particulier aux groupes les plus vulnérables. Les femmes et les jeunes, par exemple, participent activement aux systèmes alimentaires de nombreuses façons, mais se heurtent à de multiples obstacles sociaux, économiques et culturels qui nuisent à leur sécurité alimentaire et nutritionnelle et à celle de leurs enfants. En outre, un manque d’intégration de parties prenantes essentielles, comme les familles de petits producteurs et d’autres acteurs, empêche la création de systèmes alimentaires durables et inclusifs.

La transformation des systèmes alimentaires suppose non seulement de garantir la participation pleine et entière de ces groupes, mais aussi d’autonomiser ces derniers. S’ils jouissent des bonnes possibilités et ont facilement accès à des intrants, les petits producteurs peuvent gérer durablement les ressources naturelles et produire des aliments variés et nutritifs. Pour certains groupes, une telle inclusion peut exiger qu’ils reçoivent un appui leur permettant de surmonter les difficultés qui entravaient leur participation. Par exemple, la répartition équitable des tâches ménagères créé un équilibre travail/vie personnelle sain pour toute la famille tout en laissant suffisamment de temps pour bien s’occuper des enfants en bas âge et des femmes enceintes ou allaitantes. 

Mesures de politique générale favorisant la résilience des systèmes alimentaires et l’amélioration de la nutrition

Les systèmes alimentaires se composent d’activités qui se recoupent tout au long de la chaîne de valeur. En envisageant les filières sous l’angle des systèmes alimentaires, on peut passer d’une perspective purement économique à une perspective qui intègre la nutrition et la résilience, encourage la demande d’aliments sains et favorise les investissements dans divers produits, tout en promouvant une alimentation plus saine, des choix alimentaires plus durables et une réduction du gaspillage.

Si l’on veut améliorer la production d’aliments nutritifs – et la productivité à cet égard –, il faut pouvoir compter sur l’appui des pouvoirs publics, en particulier dans le cas des familles de petits producteurs. En aidant ces exploitants à optimiser leur production et à accéder aux marchés, on améliorera leurs moyens d’existence et leur sécurité alimentaire et nutritionnelle, et contribuera au développement de filières et de systèmes alimentaires résilients et productifs.

Pour tirer le meilleur parti des synergies et limiter autant que possible les arbitrages dans les systèmes alimentaires, il faut comprendre de quelle façon les systèmes sont liés sur le plan physique et institutionnel. Cela suppose une coordination et une intégration entre tous les niveaux des pouvoirs publics et entre les secteurs, une communication efficace et un équilibre entre les pouvoirs et les capacités de tous les acteurs. Cette coordination peut même favoriser la création de politiques budgétaires favorables (concernant par exemple les impôts et l’octroi de subventions), ainsi que des investissements du secteur privé en accord avec les politiques publiques.

Si l’on veut mettre un terme à la faim et à la malnutrition, les systèmes alimentaires doivent permettre de produire des aliments plus nutritifs et sains de façon durable. En garantissant l’accès de tous à des aliments nutritifs, en promouvant l’inclusion et en élaborant des politiques d’appui, nous pouvons améliorer nos systèmes alimentaires.

Vous trouverez ci-dessous des ressources sur la conception de projets tenant compte des enjeux nutritionnels.

Chaînes de valeur et enjeu nutritionnel: Guide pour la conception de projets

Soutenir une agriculture axée sur la nutrition grâce aux espèces négligées et sous-utilisées: Cadre opérationnel 

Notes pratiques sur les investissements dans les filières des espèces négligées ou sous-utilisées