Disséminer l'agroécologie dans la région Asie et Pacifique

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Disséminer l'agroécologie dans la région Asie et Pacifique

Temps de lecture estimé: 7 minutes
© FIDA / Irshad Khan

L’agroécologie est une approche globale qui intègre les dimensions écologiques, économiques et sociales dans le cadre d’un système alimentaire. Elle peut permettre d’aider les petits producteurs de plusieurs façons: elle peut contribuer à accroître leur résilience, à réduire les coûts et la dépendance à l’égard d’intrants externes et à améliorer l’accès à des aliments nutritifs et sûrs et aux marchés. Le bien-être des petits producteurs est également un objectif central de cette approche, notamment les moyens de leur autonomie et l'inclusion sociale.

L’agroécologie présente donc de plus en plus d’intérêt pour le FIDA qui cherche à assurer des interventions durables sur les plans environnemental, social et économique. C’est pourquoi on retrouve des pratiques agroécologiques dans plus de la moitié du portefeuille actuel du Fonds. Plus précisément, d’après une étude récente portant sur plus de 200 projets appuyés par le FIDA, il existe une corrélation positive manifeste entre la promotion d’approches agroécologiques et l’intégration d’activités axées sur la nutrition, le climat et les jeunes. Cette corrélation vient renforcer l’action en faveur des populations autochtones et de l’équité femmes-hommes. Dans la région Asie et Pacifique en particulier, environ les deux tiers des projets examinés intègrent des pratiques agroécologiques.

De fait, le FIDA encourage depuis longtemps l’adoption de pratiques agroécologiques dans toute la région, en particulier dans la région de l’Himalaya. Il s’agit essentiellement de pratiques de gestion intégrée des ravageurs et d’agriculture biologique, de gestion des eaux et de lutte contre l’érosion du sol, de gestion intégrée de la fertilité des sols, de collecte des eaux pluviales et de micro-irrigation, de gouvernance locale et de gestion des ressources naturelles partagées, ainsi que de diversification et d’intégration de différentes espèces végétales et animales afin d’améliorer la résilience, l’alimentation et les revenus. D’autres aspects fondamentaux consistent à adopter des approches territoriales, à faciliter la création de régimes fonciers, à promouvoir des filières inclusives et à améliorer l’accès aux marchés.

La place de l’agroécologie dans les projets du FIDA de la région Asie et Pacifique

En Inde par exemple, le Projet d’encouragement aux systèmes d’exploitation agricole résilients aux changements climatiques dans les hautes terres du Nord-Est (également connu sous son acronyme an anglais, FOCUS) associe des systèmes d’agroforesterie et le renforcement de la sécurité foncière, ce qui encourage les agriculteurs participants à investir davantage dans les systèmes. De nombreux exploitants dans la zone de projet pratiquent traditionnellement une agriculture itinérante appelée « jhum », qui n’est désormais plus viable. Le projet a pour but de former les agriculteurs à adopter des pratiques plus productives et plus durables pour la culture par jhum; l’objectif étant de réduire la déforestation et de créer des systèmes équilibrés sur le plan écologique qui peuvent accroître la résilience face aux changements climatiques et les revenus. L’équipe de projet aide également les ménages qui pratiquent le jhum à appliquer d’autres méthodes agricoles et facilite l’accès aux marchés et le développement des filières. Au total, 201 500 ménages bénéficient directement du projet. La plupart d’entre eux viennent de villages tribaux.

Au Népal, le Projet en faveur de l’adaptation des petits paysans des zones collinaires (ou projet ASHA) montre clairement que des exploitations modèles innovantes et efficaces qui pratiquent la permaculture selon une méthode agroécologique peuvent profiter à l’ensemble de la collectivité. La permaculture permet de créer des environnements productifs qui répondent aux besoins en matière d’alimentation, d’énergie et de logement, ainsi qu’à d’autres besoins matériels et non matériels, et qui instaurent les infrastructures sociales et économiques dont les populations ont besoin. Elle favorise grandement la gestion durable des ressources naturelles et la réduction des achats d’intrants. Le projet a mené à la création de six exploitations pilotes, une dans chaque district ciblé. Les exploitations bénéficient directement à 343 agriculteurs chefs de file, qui ont ensuite offert leurs services à un total de 17 387 exploitants. Les fermes modèles servent de plateforme d’apprentissage pour les autres agriculteurs intéressés et contribuent à créer une base de connaissances aux fins d’activités de subsistance potentielles propres à chaque zone agroécologique.

Au Bhoutan, dans le cadre du Programme d’amélioration de l’agriculture commerciale et de la résilience des moyens d’existence (CARLEP), des exploitations de permaculture ont également été établies, et des terres en jachère sont de nouveau utilisées grâce à l’application de modèles de permaculture et d’agriculture régénératrice. Le programme a même permis aux agriculteurs locaux du Népal de recevoir une formation dans les exploitations pilotes du projet ASHA. Des coopératives ont aussi été créées à l’intention des jeunes, afin de les inviter à s’investir dans le secteur agricole.

Au Viet Nam, le Projet d’adaptation dans les provinces de Ben Tre et Tra Vinh dans le delta du Mékong (AMD), achevé récemment, est un parfait exemple de la mise en pratique d’approches agroécologiques. L’équipe de projet a travaillé avec plus de 15 000 petits producteurs, notamment des femmes et des personnes issues de minorités ethniques, afin de renforcer leur capacité de faire face aux changements climatiques. Grâce au projet, les agriculteurs ont appris à utiliser de manière plus efficiente les ressources naturelles (en particulier l’eau) et ont pu s’adapter à l’augmentation de la salinité de l’eau en introduisant des cultures intercalaires de riz, de fruits et de légumes et des systèmes de rotation pour le riz et les crevettes. Le projet a également eu pour effet d’aider les agriculteurs à améliorer leurs pratiques de gestion de la fertilité des sols.

L’agroécologie, facteur potentiel de la transformation des systèmes alimentaires de la région

Le FIDA a conscience que les pratiques agroécologiques ont un rôle important à jouer dans l’avènement de systèmes alimentaires durables et inclusifs. Le cycle de reconstitution des ressources en cours (FIDA12) est consacré à la recherche d’investissements responsables dans des pratiques agricoles durables qui tirent parti des dernières avancées scientifiques et technologiques, notamment l’agroécologie. En outre, notre nouveau Programme de participation du secteur privé au financement, axé sur l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes, offrira à ces groupes de nouvelles possibilités au moyen d’investissements à impact dans l’agroécologie.

Dans toute la région Asie et Pacifique, la croissance démographique et les effets de plus en plus forts des changements climatiques mettent à rude épreuve les capacités des systèmes alimentaires et la sécurité alimentaire des populations rurales. Nous pensons que l’agroécologie sera essentielle pour surmonter les difficultés. Au cours des prochaines années, nos efforts seront axés sur les jeunes de la région en tant qu’élément moteur potentiel de l’adoption de pratiques agroécologiques. En particulier, nous chercherons à aider les jeunes à créer des entreprises autres que des exploitations, spécialisées dans les intrants agricoles organiques, comme du compost de haute qualité, du lisier et des biopesticides.

Récemment, nous avons également collaboré avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, le Ministère fédéral allemand de la coopération économique et du développement, la Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique et la Banque nationale indienne pour l’agriculture et le développement rural, afin de rassembler des décideurs de tous les niveaux (pouvoirs publics, organes législatifs, chercheurs, représentants de la société civile) pour reproduire à plus grande échelle des pratiques agroécologiques dans la région de l’Himalaya. Ensemble, nous nous efforçons de faire de la région de l’Hindou Kouch un exemple dans ce domaine.

Afin d’atteindre l’objectif de développement durable no 2 (Faim zéro) et de ne laisser personne de côté malgré les difficultés croissantes engendrées par les changements climatiques, le FIDA continuera de prendre part à ce type de partenariats cruciaux et d’en encourager de nouveaux en vue de mobiliser des investissements dans le développement rural. Cela contribuera considérablement à la transition vers des systèmes alimentaires durables qui bénéficient aux petits producteurs et aux populations rurales vulnérables de la région et des pays en développement.

Découvrez l’action du FIDA au Bhoutan, en Inde, au Népal et au Viet Nam.