Notre maison brûle, mais n’oublions pas les femmes des zones rurales

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Notre maison brûle, mais n’oublions pas les femmes des zones rurales

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©FIDA/Wahid Ali, ©FIDA/Muhammad Sharjeel Arif, ©FIDA/Muhammed Zain

À l’instar de Shaban Bibi, agricultrice et couturière, les femmes rurales supportent le plus lourd du fardeau de la pauvreté et de la faim

Au sein de l’équipe du FIDA chargée des questions d’égalité femmes-hommes, nous travaillons au quotidien au progrès des droits et capacités des femmes rurales. Nous nous souvenons donc très précisément du jour où nous avons célébré le 25e anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Pékin. C’était au début de l’année 2020, et la bataille acharnée pour l’égalité femmes-hommes et l’autonomisation des femmes semblait bien engagée: les femmes avaient plus de chances d’occuper des postes à responsabilités et des emplois décents, mais aussi d’accéder aux soins de santé et à l’éducation.

Et pourtant, aujourd’hui, alors que le monde entier est aux prises avec une triple crise, nous craignons d’assister à un retour en arrière sur les progrès pour lesquels les femmes et les filles rurales se sont si vaillamment battues. Pourquoi?

Les communautés rurales les plus pauvres du monde seront celles qui souffriront le plus de ces crises, or les femmes sont encore aujourd’hui celles qui y supportent  le plus lourdement le fardeau de la pauvreté et de la faim. Alors que la communauté mondiale se démène pour réagir à ces situations d’urgence, l’investissement dans les femmes et les filles des zones rurales pourrait glisser vers le bas dans la liste des priorités.

Mais alors que nous passons d’une crise à l’autre et concentrons nos efforts sur les interventions à court terme, nous risquons de perdre de vue le tableau d’ensemble: le monde ne peut avancer vers le progrès sans égalité entre les femmes et les hommes.

Comment le FIDA donne aux femmes les moyens de devenir de puissants moteurs du changement

Donner des moyens aux femmes rurales est la clé d’un avenir plus durable et résilient. L’exploitation des compétences et savoirs locaux peut améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, éradiquer la pauvreté et renforcer la résilience des communautés rurales face aux changements climatiques, entre autres crises.

Pour donner aux femmes les moyens qu’elles méritent, il convient de faire entendre leurs voix et de les impliquer véritablement dans la prise de décisions. Au Soudan, pays ravagé par les conflits, les croyances traditionnelles et religieuses affirmant la domination masculine ont été remises en question à l’échelle des villages grâce à l’organisation de groupes communautaires, d’ateliers de sensibilisation sur les normes et rôles liés au genre et de formations sur la gestion de l’eau, la santé des animaux et la transformation des aliments. Cela a permis aux femmes d’avoir la parole et de participer à la gestion et à la prise de décision à l’échelle locale.

Au Soudan, des ateliers de sensibilisation ont permis aux femmes de participer à la gestion et à la prise de décision à l’échelle locale ©FIDA/Imam Ibrahim Albumey

Le FIDA investit dans la croissance économique des femmes afin de permettre à ces dernières de gagner plus et de diversifier leurs revenus, et ainsi de se protéger, ainsi que leur famille, face à des chocs éventuels. En Gambie, le FIDA a accordé des dons en espèces aux femmes rurales vulnérables lors des premières vagues de COVID-19. Elles ont utilisé cet argent pour créer des entreprises et combler leurs besoins immédiats, par exemple en achetant de la nourriture et des manuels scolaires.

Le nombre d’heures passées par les femmes et les filles à accomplir des tâches domestiques et à prendre soin de leur famille est disproportionné par rapport aux hommes et aux garçons. Même lorsqu’elles peuvent s’exprimer et ont les moyens de subvenir à leurs propres besoins, elles ne peuvent réaliser leur potentiel compte tenu du temps qu’elles doivent accorder à ces obligations. Le FIDA réduit la charge de travail des femmes en encourageant l’adoption d’outils ou de techniques permettant de réduire considérablement le temps et les efforts consacrés à ces tâches fastidieuses. Par exemple, dans les zones rurales de la Chine, des convertisseurs de biogaz produisent de l’électricité à partir de déchets, ce qui évite aux femmes d’avoir à aller chercher du bois ou à s’occuper du feu de cuisson. Aujourd’hui, les femmes locales investissent les 60 jours de travail économisés chaque année à élever des porcs et à produire des cultures.

Dans l’État de Niger, les femmes manifestent leur joie autour d’une épierreuse mécanisée financée par le FIDA
©FIDA/ Bernard Kalu

Des normes et structures sociales néfastes, tant explicites qu’implicites, exacerbent les inégalités femmes-hommes. Par exemple, le rôle des femmes a souvent été ignoré dans les communautés rurales du Rwanda. Grâce au Système de formation-action pour l’égalité femmes-hommes, les femmes ont pu réaliser leur potentiel économique et des rapports plus sains et plus justes entre hommes et femmes au sein des ménages ont été encouragés. Les hommes ont mieux compris pourquoi leurs épouses étaient surchargées de tâches chronophages, et un grand nombre d’entre eux ont participé aux tâches domestiques de façon plus juste et commencé à partager la prise de décision avec elles.

La crise à laquelle nous sommes aujourd’hui confrontés ne sera pas la dernière; nous devons donc investir à long terme, tout en tenant compte des besoins spécifiques des femmes et des filles, en luttant contre les inégalités femmes-hommes et en renforçant la résilience. Un avenir plus juste, plus inclusif et plus durable en dépend.