Statement by France to IFADs 27th Session of the Governing Council
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Statement by France to IFAD's 27th Session of the Governing Council
Discours de la France
27ème Conseil des gouverneurs FIDA, 18 février 2004
Monsieur le président
Excellences,
Mesdames et Messieurs les Gouverneurs,
C'est en citant Kofi Annan que je commencerai mon intervention : "un monde prisonnier de la faim, de la maladie et de la pauvreté ne peut être un monde de paix."
Le chemin à parcourir pour libérer le monde de la faim et de la pauvreté est long : l'ampleur de la tâche à accomplir est à la mesure de la gravité du problème. Les chiffres parlent d'eux-mêmes: plus d'un milliard de personnes vivent, je devrais dire Survivent ! avec moins d'1$ par jour, 840 millions de personnes souffrent de manière endémique de la faim et 24 000 personnes meurent chaque jour de causes directement liées à la faim, dont chaque minute 11 enfants! Plusieurs régions d'Afrique connaissent des situations de famine quasi permanente, particulièrement dans la corne de l'Afrique.
La récente réunion à Genève du Président de la République française, Jacques Chirac, avec ses homologues du Brésil et du Chili et le Secrétaire Général de l'ONU Kofi Annan, a été l'occasion de rappeler la priorité que la France attache à la lutte contre la faim et la pauvreté, tout particulièrement dans le cadre de la mise en œuvre des Objectifs de Développement du Millénaire.
Permettez-moi de vous rappeler la teneur du premier de ceux-ci : réduire de moitié la proportion de la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour et réduire de moitié la proportion de la population qui souffre de la faim. Nous touchons là au cœur du mandat du FIDA.
S'agissant de la lutte contre la faim, l'action à mener se décompose en deux branches complémentaires : l'action d'urgence et l'action sur le plus long terme vers la sécurité alimentaire pour chacun. La FAO, qui porte plusieurs initiatives en ce sens dans différents pays, comme en Éthiopie, nous a encore rappelé le lien nécessaire à faire entre l'urgence et le long terme lors de sa récente Conférence présidée par son Directeur Général, M.Diouf.
Il faut d'abord satisfaire les besoins urgents, immédiats, c'est une tâche lourde et indispensable, menée sous l'égide du PAM, dont je salue le Directeur Exécutif, M. Morris, pour le travail qu'il mène à la tête de cette institution.
Mais, au-delà de l'urgence, il est nécessaire d'améliorer la sécurité alimentaire dans les régions du monde en situation de famine endémique, et de garantir aux populations qui souffrent de malnutrition un accès à une alimentation de base. Le FIDA a là un rôle essentiel à jouer. Un rôle tout d'abord à travers son action auprès des populations rurales, particulièrement les plus pauvres d'entre elles. Mais le FIDA est également actif dans le soutien à la recherche agricole et au transfert de connaissance. Enfin, Le FIDA contribue de façon remarquable aux réflexions sur l'insertion des ruraux pauvres dans les marchés. En définitive, le FIDA, par les projets qu'il a financés, est probablement l'institution qui a la meilleure connaissance du développement rural.
Le FIDA est aussi une institution qui se modernise. Ainsi, la 6ème reconstitution de ses ressources est pour le FIDA une période de réforme en profondeur pour une plus grande efficacité : rétablissement avec succès de sa situation financière, mise en place d'un système d'allocation fondée sur la performance qui ne lésera aucune des régions dans lesquelles le FIDA opère, mais tiendra compte, au sein des enveloppes régionales, des performances des pays. Nous veillerons à ce que la mise en œuvre de ces réformes se fasse dans le respect de son mandat : que l'on n'oublie que les projets qu'il finance s'adressent avant tout à des personnes plus encore qu'à des Etats. Nous serons également attentifs à ce que le continent Africain reste une priorité forte pour l'action du FIDA.
Bientôt, le FIDA va s'engager dans la préparation des négociations pour la 7ème reconstitution de ses ressources. Cette 7ème reconstitution ne doit pas, selon nous, déboucher sur un nouveau train de réformes : mettons en œuvre celles déjà adoptées et achevons celles déjà engagées mais non encore abouties, telle la réforme de la politique de placement. En revanche, cette reconstitution devrait s'attacher au cœur du métier du FIDA, ce qui est sa raison d'être : le financement de projets en faveur des ruraux pauvres pour les sortir de la pauvreté. La France demande que la "lutte contre la Faim et la Pauvreté" figure à l'ordre du jour des travaux de la 7ème reconstitution, avec un objectif de résultat pour le FIDA, qui pourrait être formalisé par un plan d'action pluriannuel.
En effet, le FIDA apparaît comme un partenaire naturel de l'Alliance Mondiale contre la faim et la pauvreté, dont les Présidents Chirac, Lula et Lagos et le Secrétaire Général de l'ONU ont appelé la création. Il a vocation a en devenir l'un des pivots, avec la FAO, le PAM, les principales institutions de financement du développement (Banque Mondiale et les Banques régionales de développement) et les programmes et organes de l'ONU en charge des questions de développement.
La coordination de l'action des différentes institutions opérant dans le domaine de la lutte contre la faim et la pauvreté est évidemment une priorité : les moyens sont encore limités, il faut utiliser au mieux ceux dont nous disposons. Cette coordination doit s'effectuer sur le terrain, entre les bailleurs bilatéraux et multilatéraux et les acteurs locaux. Elle doit aussi s'effectuer au niveau central. Concernant plus particulièrement les institutions spécialisées dans le domaine agricole et alimentaire ayant leur siège à Rome, je me félicite des progrès importants réalisés ces dernières années en matière de coordination. Il me semble pourtant que l'on peut encore faire plus et mieux. A cet égard, je souhaite que soit étudiée la proposition suivante : la FAO, le PAM et le FIDA ne pourraient-ils pas organiser une fois par an une réunion conjointe de leurs Conseils d'Administration, sur le modèle de ce que font déjà certaines agences et programmes de développement de l'ONU (PNUD et FNUAP) ? La complémentarité de ces trois institutions n'en serait que renforcée.
Lors de leurs entretiens à Genève, les Présidents Chirac et Lula ont placé la question des ressources au centre de leur initiative. Si nous ne sommes pas capables, à brève échéance, d'accroître significativement les montants consacrés au financement du Développement, nous n'atteindrons pas les objectifs que nous nous étions solennellement collectivement fixés. Afin d'alimenter la réflexion sur ce sujet, il a été décidé de créer un groupe de travail chargé d'étudier des propositions concrètes et innovantes à promouvoir au sein de la communauté internationale pour atteindre cet objectif. Ce groupe de travail, qui rendra ses conclusions en septembre 2004, mènera une réflexion autour de trois axes : (1) les moyens innovants d'augmentation des ressources, (2) l'affectation de ces ressources supplémentaires à la lutte contre la faim et la pauvreté, et (3) l'identification et la promotion des bonnes pratiques, au premier rang desquelles celles mises en œuvre par le FIDA.
S'agissant plus particulièrement des moyens d'augmenter à court terme les ressources de l'aide au développement, il faut à la fois mobiliser, aux côtés des traditionnels bailleurs publics, le secteur privé, et imaginer des sources innovantes de financement. A cette fin, la France soutient le projet de Facilité Financière Internationale (IFF) proposée par le Gouvernement britannique, et le Président de la République a installé un groupe de travail qui doit lui présenter prochainement des propositions sur la taxation de certaines transactions internationales, tels certains types de ventes d'armes ou certaines transactions financières. La France associera à ces réflexions le FIDA et les autres institutions spécialisées romaines, la FAO et le PAM.
Enfin, le groupe de travail annoncé à Genève n'a pas vocation à être un groupe fermé, mais au contraire un groupe ouvert, tant aux pays intéressés par cette initiative qu'aux institutions. Il entend ainsi contribuer aux réflexions en cours au sein des Nations-Unis ou des institutions de Bretton Woods sur les sources innovantes de financement.
La France renouvelle donc à l'occasion de ce Conseil des Gouverneurs son soutien fort au FIDA. Le FIDA a fait un réel effort de réforme, auquel je rends hommage. Ce ne furent pas des décisions toujours faciles à prendre, mais elles portent aujourd'hui leurs fruits et permettront à l'avenir à cette institution de continuer à mieux encore jouer son rôle auprès des plus pauvres. Surtout, ces réformes courageuses nous permettent aujourd'hui d'envisager un avenir prometteur pour le FIDA : il a la vocation et les moyens de devenir une institution clé pour la lutte contre la faim et la pauvreté. C'est en tout cas le souhait de la France et j'invite le Conseil des Gouverneurs à faire sien cet objectif : faisons en sorte que cette vocation se traduise plus encore dans les faits, par l'adoption d'un véritable plan d'action pluriannuel contre la faim et la pauvreté en milieu rural, en étroite coordination avec les autres institutions compétentes.