Avec le groupe de jeunes de Wazo Jema, faire le point sur la commercialisation des produits laitiers

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Avec le groupe de jeunes de Wazo Jema, faire le point sur la commercialisation des produits laitiers

Temps de lecture estimé: 5 minutes
©FIDA/Susan Beccio

Cette série sur l’Afrique orientale et australe porte sur les réalisations de cinq entreprises agricoles dirigées par des jeunes dans les comtés de Nakuru et Kilifi, au Kenya. Ces cinq entreprises, qui ont toutes remarquablement réussi, nous livrent un enseignement précieux en matière de développement rural, applicable à d’autres projets. Les groupes présentés dans cette série bénéficient tous de l’appui du Vijabiz, un projet financé par le FIDA qui, grâce au mentorat et à l’entrepreneuriat agricole, vise à donner aux jeunes les moyens de leur autonomie.

Établi dans le comté de Kilifi au Kenya, le groupe Wazo Jema est constitué de quatre jeunes femmes et six jeunes hommes qui se sont réunis pour démarrer leur propre activité après avoir rencontré des difficultés pour trouver du travail au sein de leur collectivité. Ils se sont d’abord lancés dans l’aviculture, mais sont rapidement passés à la vente de produits laitiers. Ils achètent du lait cru aux éleveurs, le pasteurisent et transforment le lait pasteurisé en une variété de produits destinés à la vente, comme les yaourts, les mélanges de jus et le ghee.

Quelque temps après le démarrage de leur activité, ils ont entendu parler, dans une publicité locale, du projet « Autonomisation économique des jeunes dans l’industrie agroalimentaire au Kenya », plus connu sous le nom de Vijabiz, qui propose aux jeunes entrepreneurs kenyans des activités de mentorat et des formations dans le domaine de l’entrepreneuriat. Dans le cadre de ce projet, des séances de formation commerciale, qui couvrent aussi bien la comptabilité que la commercialisation via les réseaux sociaux, sont organisées à l’intention des groupes intéressés. Parmi eux, certains groupes sont sélectionnés et bénéficient d’un don qu’ils peuvent réinvestir dans leur entreprise. Si les jeunes de Wazo Jema n’ont pas été retenus pour l’aide financière, ils se sont en revanche inscrits à tous les cours auxquels ils pouvaient assister.

Ils ont rapidement observé les énormes progrès réalisés dans leur activité. Grâce à la formation qu’ils ont reçue sur les réseaux sociaux, ils utilisent dorénavant WhatsApp et Facebook pour la vente et la publicité de leurs produits. Leur clientèle est aujourd’hui beaucoup plus vaste, et le potentiel de revenu de l’entreprise a considérablement augmenté. De plus, forts des compétences nécessaires pour suivre de près leurs ventes, les jeunes du groupe sont en mesure de repérer les pertes et reconnaître les bénéfices.

Cependant, ils ne sont pas encore au bout de leurs peines. En effet, ils pasteurisent encore le lait selon la coutume locale, au feu de bois. Outre le fait que cette méthode n’est pas respectueuse du climat, elle permet difficilement de vérifier la bonne température d’ébullition du lait. En outre, la pandémie a pesé fortement sur leur activité. Avant l’apparition de la COVID‑19, les ventes s’élevaient de 60 à 70 litres de lait par jour, mais ces derniers temps elles atteignent en moyenne 15 à 20 litres par jour, une baisse de 71%.

Néanmoins, leur entreprise continue d’offrir aux membres de Wazo Jema et leurs familles une source fiable de revenus, et les emplois créés dans le cadre de leur activité ont permis de réduire le taux de chômage du comté de Kilifi.

Bilan de l’expérience

Même si nous nous réjouissons des progrès accomplis par Wazo Jema, il convient de faire le point sur les difficultés que le groupe a rencontrées, car elles mettent en lumière les améliorations qui pourraient être apportées aux futures initiatives.

Premier point, penchons‑nous sur la disponibilité des équipements. L’insuffisance d’équipements adéquats peut évidemment restreindre fortement le potentiel de revenu d’une entreprise, et le groupe Wazo Jema ne fait pas exception à la règle. Des installations modernes pour la pasteurisation représenteraient bien plus qu’un sage investissement: elles permettraient de garantir une forte augmentation des recettes. L’achat de nouveaux équipements pourrait aussi constituer une solution à la chute des ventes liée à la pandémie de COVID‑19. Un distributeur automatique de lait, par exemple, représenterait un moyen sûr et sans contact d’exécuter les opérations et, comme peuvent l’attester les autres groupes du projet Vijabiz, cette idée rencontre un franc succès auprès des clients aussi.

Second point, lié étroitement au premier, examinons la question des financements. Dans le passé, seuls quelques groupes de Vijabiz ont pu prétendre à un financement, en plus des séances de formation. De nombreux groupes sont parvenus à la réussite grâce aux formations dispensées seulement, mais d’autres, comme Wazo Jema, ont continué à rencontrer des difficultés. Après la période de formation, ces groupes tireraient probablement profit d’un financement qui les aiderait à mettre en pratique leurs acquis. À l’avenir, séances de formation et dons pourraient être couplés afin de garantir l’autonomisation financière de tous les participants.

À de nombreux égards, cette situation reflète combien d’entreprises du continent comme celle-ci auraient besoin d’Être mieux accompagnées. La plupart des économies africaines sont tributaires des entreprises naissantes et des autres petites et moyennes entreprises, mais l’accès aux financements concessionnels (y compris les dons) est insuffisant: le déficit de financement de ces entreprises s’élève actuellement à un total de 331 milliards d’USD par an. Comme en témoigne l’histoire de Wazo Jema, il est pourtant crucial d’investir dans ce secteur pour générer des emplois en faveur des jeunes et promouvoir les possibilités de création de richesses.

Écoutez les jeunes du groupe Waso Jema vous raconter leur projet ici.

Découvrez l’action du FIDA au Kenya.

Retrouvez les quatre premiers épisodes de la série:
     1- De nouveaux horizons pour le groupe des jeunes d’Ingobor
     2- Les jeunes du groupe Greenthumb lancent leurs filets
     3- Comment le groupe des Lare Milk Dealers a trouvé son public
     4- Une moisson de récompenses pour le groupe de jeunes Gilani Umoja