La COP27 s’achève. Voici cinq choses à faire pour que le monde aille de l'avant

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La COP27 s’achève. Voici cinq choses à faire pour que le monde aille de l'avant

Temps de lecture estimé: 6 minutes
©FIDA/ @rogeranis

Certains vont inévitablement être déçus par les résultats de la COP27, notamment au vu de l'urgence de respecter les engagements pris en 2015 et une avalanche de preuves montrant que le monde n’est en aucun cas sur la voie d'atteindre ses objectifs climat.

Alors que le tic-tac du compte à rebours jusqu'en 2050 retentit de plus en plus fort, le FIDA était en Égypte pour partager ce que nous savons sur les réponses à apporter aux changements climatiques. Forts de plus de 40 ans d'expérience de soutien aux populations rurales pauvres qui sont en première ligne de la bataille climatique, nous avons exploré des solutions pour aider le monde à retrouver le chemin d'un avenir plus durable.

1. S'adapter ou mourir de faim

Un message dérangeant mais un message honnête. Les effets des changements climatiques étant de plus en plus fréquents et graves – des inondations dévastatrices au Pakistan à la pire sécheresse depuis quarante ans en Afrique de l'Estle FIDA sonne l’alarme. Bien sûr, il reste important de prendre des mesures d'atténuation, mais nous avons besoin de toute urgence de fonds supplémentaires pour aider des centaines de millions de petits exploitants agricoles à s'adapter aux conséquences bien réelles d’un climat en pleine mutation.

Si nous n'agissons pas maintenant, c’est l'insécurité alimentaire qui va augmenter à l'avenir, alors que les catastrophes climatiques deviendront de plus en plus courantes. Un monde plus chaud et plus fragile signifie davantage de migrations et de conflits. Or notre fenêtre d’action se rétrécit rapidement, et les ressources sont loin de suffire à répondre aux besoins mondiaux.

Alors, de quoi avons-nous besoin ? Le FIDA exhorte les dirigeants mondiaux à doubler les financements qu’ils consacrent à l'adaptation, au minimum. Aujourd'hui, l’aide à l'adaptation représente moins d'un dixième du montant nécessaire.

Pour sa part, le FIDA consacre 40% de ses ressources de base à l'action climatique, en mettant l'accent sur l'adaptation.

La promesse de 9,5 millions de dollars de la Norvège et l'engagement de 15 millions d'euros de l'Allemagne en faveur d'ASAP+ lors de la COP27 constituent des avancées encourageantes.

Le Président du FIDA, Alvaro Lario, rejoint la Présidente de la BERD, Odile Renaud-Basso, Akinwumi Adesina de la BAfD et le Premier ministre égyptien, Moustafa Kamal Madbouly, lors de la signature du programme NWFE à la COP27.

2. Trouver ce qui fonctionne et le reproduire

Le deuxième jour de la COP27, dans une salle comble du pavillon de l'Égypte, le programme Nexus of Water, Food and Energy (NWFE) a été lancé.

D'un coût total de 15 milliards de dollars, cet ambitieux programme met en relation les secteurs essentiels que sont l'eau, l'alimentation et l'énergie. Il prépare l'Égypte à respecter son programme de lutte contre les changements climatiques à l'horizon 2030 tout en reconnaissant les liens entre l'action climatique et le développement.

Le FIDA sera le chef de file pour le pilier alimentaire, la Banque africaine de développement (BAfD) pour l'eau et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) pour l'énergie.

Mais il ne s'agit pas seulement d'un progrès pour l'Égypte. Comme l'a déclaré l'Envoyé spécial du Président des États-Unis pour le climat, John Kerry, lors de la signature de la NWFE, il s'agit d'un modèle qui peut être reproduit dans tous les pays africains en créant des plateformes multipartites et en reliant les principaux piliers d'un programme de développement rural global.

3. Aider les pays pauvres à s'aider eux-mêmes

Rien que l'année dernière, d'innombrables catastrophes climatiques ont bouleversé la vie des habitants des pays les plus pauvres du monde. Les plus touchés sont les populations rurales pauvres qui ont le moins contribué à la crise climatique.

Beaucoup se demandent comment ces pays en développement peuvent résister à la tempête climatique tout en réduisant leurs émissions et en aidant une population pauvre.

Parallèlement, plus de 50 des pays en développement les plus pauvres risquent de ne pas rembourser leur dette si le monde riche ne leur apporte pas une aide urgente.

Lors de la COP15, les pays riches se sont engagés à verser 100 milliards d’USD de financements climatiques par an aux pays moins riches. Douze ans plus tard, ces promesses n'ont toujours pas été tenues, alors que faut-il faire ?

Le Programme d'adaptation de l’agriculture paysanne du FIDA aide les petits exploitants à renforcer leur résilience face aux changements climatiques. Ces agriculteurs n’ayant que très peu contribué à la crise climatique, les pays n'ont pas à rembourser ces fonds, qui les aident à s'adapter à cette nouvelle situation qui devient la norme sans avoir à en supporter les coûts.

Lors de la rencontre du FIDA intitulée Reprise. Reconstruction. Résilience. Les femmes rurales en première ligne de la crise économique, alimentaire et climatique mondiale, l'Allemagne a annoncé sa volonté d'apurer les 6 millions de dollars d'arriérés de la Somalie envers le FIDA, rejoignant ainsi la Belgique, la Suède et l'Italie dans cet effort. Cela permettrait de débloquer de nouveaux fonds pour que le FIDA puisse continuer à soutenir les petits exploitants agricoles du pays.

4. Promouvoir ce que nous savons déjà

Qu'il s'agisse de recettes durables ou d’être les gardiens des semences, les peuples autochtones ont un rôle particulier à jouer dans la conservation des ressources naturelles. Leurs connaissances approfondies des réalités locales peuvent aider le monde à s'adapter aux changements climatiques. 

Nous l'avons constaté lors de la COP27, lorsque trois femmes autochtones de la communauté Awajún, au cœur de la forêt pluviale amazonienne péruvienne, ont illustré leurs traditions ancestrales. En collaboration avec le FIDA, ce groupe composé uniquement de femmes reboise leur région et utilisent l'irrigation au goutte-à-goutte pour faire face aux les sécheresses et cultiver des plantes médicinales et du thé.

Ce n'est là qu'un exemple parmi tant d'autres de la manière dont les savoirs autochtones – qui se transmettent depuis des siècles – peuvent nous aider à résoudre les problèmes d'aujourd'hui.

5. Impliquer le secteur privé

Comme l'a souligné le Président du FIDA, Alvaro Lario, les financements publics ne suffisent pas à eux seuls à faire face à l'énormité de la crise climatique. Le secteur privé doit faire partie de la solution. Or, à l'heure actuelle, moins de 1% des financements climatiques proviennent du secteur privé.

L'adaptation ouvre des perspectives commerciales nouvelles et sous-utilisées. Les institutions publiques doivent faire davantage pour exploiter son potentiel en élaborant des analyses de rentabilité, des instruments et des mesures incitatives pour encourager l'investissement privé dans l'agriculture à petite échelle.

Pour sa part, tout en collaborant avec un groupe de partenaires très différents, le FIDA a émis ses premières obligations de développement durable en juin 2022, ce qui en fait le premier Fonds des Nations Unies et le seul organe et agence spécialisée des Nations Unies, autre que le Groupe de la Banque mondiale, à entrer sur les marchés des capitaux.

 

En savoir plus sur le FIDA à la COP27.