Des organisations paysannes très réactives face à la crise

IFAD Asset Request Portlet

Agrégateur de contenus

Des organisations paysannes très réactives face à la crise

Temps de lecture estimé: 5 minutes

Dès les débuts de la pandémie de COVID-19, les femmes et les hommes qui se trouvaient en première ligne partout dans le monde se sont mobilisés pour que les secteurs essentiels de notre société continuent de fonctionner. Nombre d’entre eux se sont attachés à préserver la santé et la sécurité mondiales tandis que d’autres sont intervenus rapidement pour faire en sorte que les chaînes de production alimentaire restent opérationnelles.

Dans de nombreux pays africains, les organisations paysannes ont assumé les deux rôles.

Au début de 2020, lorsque presque tous les pays du monde se sont retrouvés face à une crise sans précédent, les organisations paysannes africaines ont réagi rapidement. Elles se sont rendu compte que la COVID-19 était sur le point de nuire gravement à tous les secteurs de l’économie mondiale, notamment à l’agriculture. Elles ont tout de suite entamé le dialogue avec les pouvoirs publics partout sur le continent et ont plaidé en faveur de leurs membres et du maintien de la production agricole en dépit des restrictions. Elles ont également œuvré au niveau local pour aider les exploitants agricoles eux-mêmes, notamment en donnant des conseils sur la façon de se protéger face au virus.

« Les exploitants ont fait appel à nous en tant que source d'information fiable, alors même que les questions sanitaires ne sont pas au cœur de nos activités », explique Norbert Tuyishime, administrateur de programme à la Fédération des agriculteurs d'Afrique orientale (EAFF).

Afin de concourir à l’excellent travail accompli par ces organisations, le FIDA et ses partenaires ont créé le programme SAFE 2020, une initiative coordonnée d'intervention rapide, mise au point par et pour les organisations paysannes africaines. Mis en œuvre dans plus de 22 pays, SAFE 2020 vise à atténuer les répercussions de la pandémie sur les petits exploitants et les systèmes alimentaires locaux. Il est exécuté par les cinq organisations paysannes régionales et leurs membres nationaux, l’Organisation panafricaine des producteurs agricoles et AgriCord, et il est notamment financé par le Mécanisme de relance en faveur des populations rurales pauvres (le fonds de secours du FIDA face à la COVID-19) et le programme Organisations paysannes dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (FO4ACP), le plus grand programme exécuté par le Fonds pour aider directement les organisations paysannes.

L’appui prêté dans le cadre de SAFE 2020 se divise en deux catégories. La première, ce sont les activités d’appui aux petits producteurs vulnérables et aux organisations auxquelles ils appartiennent: des efforts sont faits aux niveaux local et national pour assurer l’approvisionnement en liquidités et en intrants, pour faire en sorte que les marchés restent ouverts et opérationnels et pour veiller à la sécurité alimentaire. En parallèle, le programme a également donné lieu à la création d'une plateforme de communication internationale qui permet de diffuser des informations fiables et actualisées et de coordonner une action efficace et ciblée.

L’appui qu’elle a reçu grâce à SAFE 2020 était exactement l’aide dont l’EAFF avait besoin.

L’EAFF prenait déjà part à des concertations avec les gouvernements et demandait que soient prises des mesures d'urgence, comme des subventions et des réductions d'impôt, qui aideraient les membres de la Fédération à faire face aux conséquences les plus graves des confinements. Grâce aux fonds de SAFE 2020, elle a aussi pu intervenir rapidement pour aider les exploitants à continuer de travailler.

L’EAFF a commencé par distribuer des intrants (semences, engrais, aliments pour animaux). Elle a également pu proposer des services de vulgarisation en ligne qui ont aidé ses membres à se protéger de la COVID-19 et à s’adapter aux changements constants apportés aux mesures de sécurité et ainsi à continuer de travailler.

En parallèle, à Madagascar, l’organisation FIFATA s’est attachée à donner à ses agriculteurs « relais » les moyens de continuer à travailler malgré les restrictions aux déplacements et les autres mesures de lutte contre la COVID-19. Les agriculteurs relais sont indispensables à l’adoption de bonnes pratiques agricoles. Ils voyagent de ville en ville pour enseigner des compétences utiles, comme la vaccination des animaux et la meilleure manière d’utiliser des intrants agroécologiques (semences adaptées aux conditions locales, bioengrais, etc.).

FIFATA, avec le concours de l’agri-agence Fert, a équipé ses agriculteurs relais de smartphones et de vélos. Les téléphones leur ont permis d’organiser l’acheminement collectif des biens jusqu’aux marchés et de relier les producteurs aux acheteurs. Les agriculteurs relais ont également pu accéder aux informations sur les mesures de sécurité en évolution constante et les communiquer aux exploitants qu’ils rencontraient. En outre, étant donné que la circulation était en majeure partie interdite sur les routes, les vélos étaient la solution idéale pour que les agriculteurs relais puissent continuer de se déplacer dans les villages et de village en village.

Au Congo, les mesures de restriction prises par les pouvoirs publics pour lutter contre la COVID-19 ont rapidement entraîné une envolée des prix du transport et des biens courants, y compris des intrants agricoles. De nombreux exploitants ont vu leurs fonds de roulement s’amenuiser à toute vitesse. C’est par exemple le cas d’Helene Mvemba, une exploitante de Tchamba Nzassi.

« Comme je n’avais plus les moyens de travailler, je ne me rendais plus du tout à mon exploitation », se souvient-elle. « Cela a eu des répercussions sur toute ma famille. »

Grâce à SAFE 2020, Helene a toutefois reçu exactement l’aide dont elle avait besoin pour reprendre le travail.

Alors que de nombreuses régions du monde se réjouissent des progrès accomplis dans la lutte contre la COVID-19, les équipes de SAFE 2020 continuent de travailler d’arrache-pied. L’objectif est que le programme compte plus de 300 000 exploitations familiales bénéficiaires d’ici la fin de 2021. Les organisations paysannes prévoient de mettre à profit les enseignements tirés des interventions d'urgence relevant de SAFE 2020 pour être mieux préparées et atteindre ainsi leur but à long terme d’accroître la résilience des exploitants face aux chocs externes, notamment aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles.

En savoir plus sur l’action du FIDA aux côtés des organisations paysannes.