L'herbe n'est pas plus verte ailleurs: les jeunes moldoves font des affaires à la campagne

IFAD Asset Request Portlet

Agrégateur de contenus

L'herbe n'est pas plus verte ailleurs: les jeunes moldoves font des affaires à la campagne

Temps de lecture estimé: 6 minutes

Le secteur agricole moldove ne cesse de se développer et de se moderniser. Cela s’explique par sa présence accrue sur les marchés lucratifs comme l’Union européenne et par les mesures prises par le FIDA et le Gouvernement moldove pour aider à restructurer le secteur, principalement au moyen d’investissements soutenus et d’une aide financière aux petits exploitants, afin d’accompagner cette modernisation.

Les jeunes moldoves des zones rurales devraient être au cœur de ce processus, en particulier ceux qui ont l’esprit d’entreprise. Or l’accès au crédit, à la formation et aux technologies modernes reste limité dans ces zones. C’est pourquoi peu de jeunes moldoves considèrent que le secteur agricole offre des perspectives de carrière viables et beaucoup finissent par chercher du travail dans les centres urbains du pays, voire à l’étranger.

Pour le FIDA, les initiatives prises par la République de Moldova pour moderniser son secteur agricole n’aboutiront que si les jeunes ruraux peuvent trouver des emplois rémunérateurs dans leur région d’origine. Nous appuyons actuellement deux projets menés dans le pays qui visent à aider les jeunes ruraux à lancer et à développer leur propre entreprise agricole dans leur ville natale. Octavian et Ana font partie des milliers de jeunes avec lesquels nous avons travaillé jusqu’à présent. Voici leur histoire.

Octavian travaillant dans son vignoble

Les frères Curjos, d’expatriés à vignerons

Octavian Curjos et son frère ont travaillé à l’étranger pendant de nombreuses années. Mais quand ils étaient enfin prêts à avoir leur propre vignoble, ils savaient exactement où ils voulaient se lancer: dans leur village natal d’Andrusul de Jos, dans le sud-ouest de la République de Moldova. Après tout, comme le dit Octavian, on peut s’adapter plutôt bien à la vie à l’étranger, mais "le pain n’est jamais aussi bon qu’à la maison".

Bien que disposés à investir une part considérable des économies qu’ils avaient faites en travaillant à l’étranger, ils se sont mis en quête d’autres ressources susceptibles de les aider – et c’est ainsi qu’ils ont découvert le Programme sans exclusive de croissance économique rurale et d’adaptation au changement climatique.

En République de Moldova, les jeunes peuvent avoir du mal à accéder au crédit. N’ayant pas les garanties nécessaires ni d’expérience reconnue dans le domaine des affaires, beaucoup de jeunes entrepreneurs potentiels ne peuvent satisfaire aux conditions de prêt très strictes des banques, ce qui crée un cercle vicieux. C’est là qu’entrent en jeu les programmes tels que le Programme sans exclusive de croissance économique rurale et d’adaptation au changement climatique. À ce jour, ce dernier a permis d’épauler plus de 1 500 jeunes entrepreneurs agricoles, les aidant à investir dans leur petite entreprise au moyen d’offres de prêt et de don et prévoyant régulièrement des ateliers et des voyages d’étude pour qu’ils en apprennent davantage sur leur métier.

Grâce au prêt du FIDA, les frères Curjos ont pu acheter des plants de vigne, des piquets et du fil de fer – en somme, tout ce dont ils avaient besoin pour planter le vignoble.

Le programme les a également aidés à établir un plan d’investissement pour faciliter l’optimisation de leurs ressources. Pour des vignerons comme les frères Curjos, ce plan permet d’anticiper non seulement les possibles revers économiques, mais aussi les difficultés engendrées par les changements climatiques. Appuyés par le programme, les frères ont mis l’accent sur la qualité plutôt que sur la quantité, s’attachant à produire des vins à forte valeur marchande qui seront attractifs sur les marchés spécialisés. Au vu des sécheresses qui frappent de plus en plus la République de Moldova depuis quelques années, ils ont également réinvesti une partie de leurs revenus dans un système d’irrigation au goutte-à-goutte pour le vignoble et ont commencé à construire un lac artificiel pour stocker l’eau. Ils comptent bientôt mettre en place une installation de stockage et une ligne de tri et de conditionnement, ce qui leur permettra d’exporter leurs raisins vers les marchés russes et roumains.

Bien que les frères Curjos ne soient qu’au début de leur aventure, ils sont optimistes quant à l’avenir – non seulement celui de leur entreprise mais aussi celui du secteur agricole moldove en général.

"Nous incarnons une nouvelle vision de l’agriculture d’aujourd’hui", affirme Octavian. "J’espère que notre histoire fera comprendre aux gens que l’agriculture est un secteur rentable plein de possibilités – et surtout que le meilleur endroit pour se lancer est sa ville natale, avec sa famille."

Ana montrant l’une de ses ruches

Ana et ses abeilles, une perpétuation des traditions familiales

Ana Arnaut travaille avec des abeilles depuis qu’elle a 13 ans, âge auquel son père lui a offert des ruches et lui a appris à s’en occuper. Pendant longtemps, elle n’a vu ça que comme un passe-temps – jusqu’à l’année dernière, où elle a assisté à un atelier tenu dans le cadre du Projet de renforcement de la résilience en milieu rural, appuyé par le FIDA, et s’est rendu compte des débouchés commerciaux potentiels.

Comme le Programme sans exclusive de croissance économique rurale et d’adaptation au changement climatique, le Projet de renforcement de la résilience en milieu rural vise à accroître les possibilités d’emploi qui s’offrent aux entrepreneurs ruraux, en donnant la priorité aux jeunes. En septembre 2020, il a permis de financer 17 entreprises agricoles dirigées par des jeunes dans tout le pays, aidant ces derniers à investir dans tout ce dont ils avaient besoin, des ruches aux équipements de boulangerie. Un accent particulier a été mis sur l’investissement dans les entreprises dirigées par des femmes.

À l’atelier, Ana a appris que, en tant que femme à la tête d’une entreprise agricole, elle pouvait demander à être bénéficiaire d’un don dans le cadre du projet. Le personnel du FIDA l’a aidée à établir sa demande et elle a rapidement reçu 89 000 lei (environ 5 000 USD).

Elle a utilisé cet argent pour investir dans du nouveau matériel, remplaçant ses anciennes ruches par 50 ruches verticales en bois flambant neuves. De nouveaux modèles de ce type facilitent grandement la production systématique de miel de qualité.

Grâce au don, Ana a pu obtenir d’excellents résultats. Aujourd’hui, elle possède 150 ruches et est fière de poursuivre le travail légué par son père. Elle a même mis son mari et ses deux enfants à contribution.

"Maintenant, l’apiculture nous donne plus que des bons souvenirs, elle nous fait vivre", assure-t-elle. "En toute honnêteté, c’est aussi pour ça que je n’ai jamais pensé à partir à l’étranger."

Ana vend essentiellement son miel aux détaillants locaux, mais une partie est également exportée.

"Ce sont les clients satisfaits qui font la meilleure publicité", raconte-t-elle. "Nous recevons des commandes de Moldoves travaillant à l’étranger, qui nous demandent de ne pas les oublier. Leur reconnaissance nous encourage à continuer de faire ce que nous aimons, malgré toutes les difficultés."

Pour Ana, les relations de ce genre sont primordiales – pour son entreprise et pour sa communauté.

"Mes abeilles font maintenant partie de la famille", conclut-elle. "Je ne regrette pas un instant d’avoir choisi de vivre de l’apiculture. Je ne peux imaginer ma vie sans les abeilles."

 

Découvrez l’action du FIDA en République de Moldova