Au Bangladesh, trois jeunes qui aident leur communauté à sortir la tête de l’eau

IFAD Asset Request Portlet

Agrégateur de contenus

Au Bangladesh, trois jeunes qui aident leur communauté à sortir la tête de l’eau

Temps de lecture estimé: 5 minutes
© FIDA/GMB Akash

Six mois par an, la population de la région des Haors, au Bangladesh, est prise au piège. Les pluies diluviennes et les inondations rendent presque impossible de quitter cette région de zones humides. Compte tenu de leur accès limité aux écoles, aux marchés et à l’emploi, de nombreux jeunes migrent à la recherche d’une situation plus stable. Ceux qui restent ne trouvent que des emplois saisonniers dans le secteur agricole, et les eaux de crue continuent de recouvrir les champs de riz, les fermes piscicoles et les jardins potagers.

Le FIDA espère changer la situation. Son Projet d’amélioration de l’infrastructure et des moyens de subsistance dans les Haors – adaptation aux changements climatiques et protection des moyens de subsistance (HILIP-CALIP) offre aux jeunes des formations dans différents domaines, comme l’horticulture, la fabrication de bougies, la plomberie ou la soudure, leur donnant ainsi l’occasion de trouver de nouvelles façons de gagner leur vie tout en restant dans la région.

« Ces formations pratiques aident les jeunes à acquérir une expérience et à se préparer à un secteur des services et à un marché du travail exigeants », explique le directeur du projet HILIP-CALIP, Gopal Sarker. « Notre programme, qui vise à donner aux jeunes des zones isolées des compétences nouvelles et variées, change complètement la donne, puisqu’il donne leur chance à des personnes qui n’en auraient que très peu dans d’autres circonstances. »

Voici trois jeunes qui perfectionnent leurs compétences et celles de leurs communautés.

De fil en aiguille, les femmes tirent leur épingle du jeu

Parveen (deuxième à gauche) forme un groupe de filles et de femmes dans sa cour. Parveen fournit à ses élèves, contre rémunération, des machines à coudre et des habits simples pour leur apprendre à découper et à coudre. © FIDA/GMB Akash

Après la naissance de son premier enfant, Parveen (34 ans) a trouvé un emploi dans un atelier de couture pour compléter les revenus saisonniers de son mari, ouvrier agricole. Mais elle voyait plus grand.

Grâce au HILIP-CALIP, Parveen a bénéficié d’une formation en découpe, couture et confection d’habits. Elle a transmis ses connaissances à deux voisines, et la nouvelle qu’elle donnait des cours de couture s’est vite répandue. Grâce aux revenus tirés de ces cours, Parveen a pu ouvrir sa propre entreprise de confection et emploie aujourd’hui trois assistantes.

« Je n’avais aucune idée qu’une formation solide pouvait tout changer à ce point », se souvient-elle. « Aujourd’hui, je vois mes élèves apprendre et travailler en même temps. Grâce à ces revenus, certaines financent leur propre projet de formation, d’autres investissent dans l’éducation de leurs enfants. Pour moi, c’est très gratifiant de voir tout ce que les filles de mon village savent faire, par-delà les tâches domestiques et le travail agricole traditionnel. »

Les rouages d’une entreprise prospère

Olok répare une moto dans son atelier. © FIDA/GMB Akash

Olok (28 ans) bricolait des vélos et d’autres petites pièces électriques, jusqu’à devenir le mécanicien préféré de son quartier. Pour développer son entreprise, il s’est inscrit à un cours de réparation et d’entretien de motos organisé par le projet HILIP-CALIP. Il a obtenu son certificat émis par le Conseil national de l’enseignement technique du Bangladesh et il est aujourd’hui un mécanicien pour deux-roues pleinement qualifié.

« Maintenant que j’ai ma propre entreprise, je peux travailler toute l’année, même pendant la mousson », nous explique-t-il. « Si mon atelier est inondé, je peux quand même travailler sur demande. Et aujourd’hui, les routes et infrastructures locales sont de meilleure qualité et les habitants des villages des Haors utilisent davantage de deux-roues. Grâce à mes compétences, mon entreprise se développe. »

Pour partager ses connaissances, Olok organise des ateliers d’entretien de motos, auxquels assistent des jeunes habituellement touchés par le chômage pendant la longue saison des crues.

Un vétérinaire itinérant

Siddiqur, vétérinaire, inspecte ses instruments. Il a obtenu gratuitement son matériel pendant sa formation professionnelle.© FIDA/GMB Akash

Si les inondations dans la région limitent les possibilités pour de nombreux jeunes, d’autres ont tiré des opportunités de l’adversité en fournissant des services dans ces zones généralement mal desservies. Puisque la région est sous l’eau une bonne partie de l’année, il est difficile de se rendre chez le vétérinaire avec son bétail. Les services vétérinaires à domicile proposés par Siddiqur Rahman sont donc très recherchés.

Après avoir suivi une formation de 15 jours à l’Université agricole du Bangladesh, Siddiqur (25 ans) fournit aujourd’hui aux propriétaires de bétail des services tels qu’insémination artificielle, premiers soins, vaccins ou encore soins antiparasitaires. Il prévoit d’ouvrir avec ses économies un magasin de médicaments vétérinaires dans son village.

« En fournissant des services d’insémination artificielle, de premiers soins et de vaccination du bétail, je réponds non seulement aux besoins des éleveurs des zones isolées, mais je les sensibilise aussi aux besoins de leurs animaux sur le plan de la santé », explique-t-il. « J’aime beaucoup être dans un secteur qui appuie les moyens d’existence des autres. »

Grâce aux formations du projet HILIP-CALIP, les jeunes de la région des Haors dépendent moins des ressources naturelles de cette zone vulnérable aux aléas du climat. Avec ces sources de revenus alternatives et ces bons emplois, ils n’ont plus besoin de migrer pour gagner leur vie correctement. En transmettant leurs savoirs, ces jeunes produisent des répercussions positives pour la communauté. Et en démarrant leurs propres entreprises et en créant eux-mêmes de l’emploi, ils donnent aux autres jeunes de nouvelles raisons de rester.

Découvrez l’action du FIDA au Bangladesh.

Consultez le blog de Qasa Alom sur son voyage dans les régions inondées du Bangladesh.