Ce que les communautés rurales du Guatemala m’ont appris sur la résilience

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Ce que les communautés rurales du Guatemala m’ont appris sur la résilience

Temps de lecture estimé: 5 minutes

Bien qu’étant la première économie d’Amérique centrale, le Guatemala est frappé par la pauvreté et les inégalités. Le pays a le quatrième taux de malnutrition chronique le plus élevé au monde. Les peuples autochtones, les populations rurales et les femmes sont touchés de façon disproportionnée par la malnutrition, la pauvreté, les inégalités et les risques naturels (sécheresses, inondations, séismes, ouragans ou températures extrêmes).

Cela fait plusieurs années que je travaille en tant qu’experte en assurance contre les risques climatiques dans ce pays remarquable et que je m'efforce de trouver des solutions pour renforcer la résilience des plus vulnérables face aux risques naturels.

S’adapter à un environnement en évolution

Les personnes que j’ai rencontrées dans le couloir de la sécheresse du Guatemala et dans le nord-ouest du pays, près de la frontière mexicaine, m'ont énormément appris, notamment sur la biodiversité et le respect de l’environnement, mais aussi sur la résilience face à l’adversité.

Je me souviens comme si c’était hier d’une discussion de groupe lors de laquelle nous avons demandé aux participants quelle était leur plus grande peur. La réponse était unanime: le recul de la biodiversité et la menace qui pesait sur leur propre survie à cause des changements climatiques. Les participants nous ont expliqué comment les choses avaient changées au fil des ans et nous ont montré l’endroit où coulait autrefois une rivière que leurs ancêtres remerciaient après une saison abondante. Le lit de cette rivière est aujourd'hui asséché.

Malgré les difficultés, et avec un optimisme modéré, les communautés que j’ai rencontrées ont partagé leurs idées et solutions pour s’adapter à leur nouvelle réalité, atténuer les effets néfastes des changements climatiques et garantir un avenir meilleur. Celles-ci consistent notamment à prévoir les changements météorologiques (visibles dans le changement de comportement des animaux) selon des méthodes ancestrales, à adopter les pratiques anciennes d’agroforesterie, à créer des organisations communautaires pour financer la mise en œuvre des mesures de préparation, à constituer des fonds d’urgence en cas de catastrophe, et à s’appuyer sur la famille et les amis grâce aux envois de fonds de travailleurs migrants et d’autres types de transferts. Parmi les mesures plus drastiques, il y a notamment la migration vers des pays comme les États-Unis.

Les assurances sont indispensables

Toutefois, pour faire face aux conséquences catastrophiques des sécheresses, des pluies diluviennes ou des inondations, il est urgent de mettre en place une gestion globale des risques et de proposer des outils de financement des risques, tels que des assurances.

Le Guatemala a pris des mesures importantes pour élaborer un portefeuille d’outils de ce type. Depuis 2016, des produits d’assurance indicielle permettent de gérer les catastrophes. En 2018, le pays a adopté une Stratégie de financement des risques de catastrophe et, en 2019, a rejoint le Dispositif d’assurance catastrophes naturelles pour les Caraïbes (CCRIF).

En 2021, avec l’appui du FIDA, le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est associé à la Microinsurance Catastrophe Risk Organisation (MiCRO) et une compagnie d’assurance locale, Aseguradora Rural, afin de proposer des produits de microassurance visant à protéger les petits producteurs et les petites et moyennes entreprises qui n’ont généralement pas accès au crédit contre la sécheresse et les pluies torrentielles.

INSURED encourage les populations rurales à souscrire à des polices d’assurance agricoles afin de renforcer leur résilience et de consolider leurs moyens d’existence. Financé par l’Agence suédoise de coopération pour le développement international et exécuté par le FIDA grâce à la Plateforme pour la gestion des risques agricoles, INSURED aide le PAM au Guatemala à étendre son programme de microassurance. En 2022, ce dispositif couvrait plus de 9 000 personnes, dont plus de 80% de femmes et près de 30% de membres de communautés autochtones.

Cet action s’inscrit dans le cadre du Programme de nutrition en milieu scolaire, financé par le FIDA et conjointement mis en œuvre par la FAO et le PAM, qui vise à intégrer de petits producteurs dans la chaîne d’approvisionnement des écoles, leur donnant ainsi accès à un marché et un revenu stables.

Ce produit de microassurance doit son succès au démarrage à des facteurs clés: une approche axée sur les clients, permettant de tester des modèles de distribution et des plans d’affaires innovants, et un engagement sans faille des parties prenantes.

Se préparer à un avenir incertain

Tourné vers l’avenir, INSURED aide le PAM au Guatemala à élaborer le premier produit d’assurance indicielle et prévisionnelle d’Amérique centrale. Celui-ci prévoit des versements en fonction des prévisions afin que les communautés disposent de fonds suffisants pour prendre des mesures permettant de réduire l’incidence des épisodes de sécheresse avant leur apparition.

La route est encore longue et les assurances ne sont qu’une des composantes d’une approche intégrée de la gestion des risques. Mais je suis certaine que s'ils placent la durabilité au cœur de leurs préoccupations, les Guatémaltèques parviendront à mieux gérer les risques et ainsi à garantir un avenir meilleur aux générations futures.

Apprenez-en davantage sur notre action au Guatemala.

Découvrez comment les polices d’assurance aident les populations rurales à renforcer leur résilience, notamment dans le cadre du programme INSURED.

Plus d'informations sur le produit de microassurance du PAM.

Andrea Camargo est une juriste spécialisée dans le droit des assurances, qui travaille en qualité d’experte du financement des risques pour INSURED depuis 2019.