Madrid, le 13 janvier 2025 – Dans un contexte où l’incertitude géopolitique croissante menace le multilatéralisme dans les relations internationales, Álvaro Lario, Président du Fonds international de développement agricole des Nations Unies (FIDA), et Pedro Sánchez, Premier ministre espagnol, se sont rencontrés aujourd’hui pour préparer la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, qui aura lieu à Séville du 30 juin au 3 juillet.
Dix ans après la troisième édition, qui s’est tenue à Addis-Abeba, en Éthiopie, la rencontre prévue à Séville cet été sera capitale pour redéfinir le financement de la coopération pour le développement dans le cadre d’une architecture financière internationale adaptée, répondant aux besoins du contexte actuel. Son succès dépendra de la capacité de l’Espagne, pays hôte, à promouvoir la coopération multilatérale et le développement durable tout en conciliant les intérêts des pays du Nord et du Sud.
« Pour répondre aux besoins les plus pressants du monde, il faut des investissements financiers ambitieux et coordonnés, notamment lorsqu’il s’agit d’être aux côtés des plus pauvres et des plus vulnérables », a déclaré Álvaro Lario à l’issue de la réunion qui s’est tenue au Palais de la Moncloa.
« En ces temps troublés, il nous faut privilégier des accords fondés sur la solidarité, conclus à la table des négociations, pour éviter le recours à la violence sur les champs de bataille », a ajouté Alvaro Lario, Président du FIDA et seul Espagnol actuellement à la tête d’une organisation des Nations Unies. « La conférence de Séville est l’occasion de renforcer le multilatéralisme qui est la réponse la plus efficace aux problèmes internationaux. »
Défis d’envergure mondiale
Pedro Sánchez et Alvaro Lario ont débattu des problèmes mondiaux qui appellent de manière urgente un financement accru et substantiel pour atteindre les objectifs de développement durable d’ici 2030. Ils ont notamment abordé les questions de la crise climatique, des inégalités, des migrations, des disparités fondées sur le genre et de la dette dans les pays en développement. Le FIDA s’appuie déjà sur des solutions financières innovantes pour élargir l’implication du secteur privé dans la réponse à apporter à ces problèmes.
Alors que le nombre de petites embarcations et de radeaux arrivant sur les côtes espagnoles a atteint un record en 2024, le Président du FIDA a rappelé que les causes profondes de la crise résidaient dans les inégalités et l’absence de perspectives qui caractérisent les zones rurales. Il a insisté sur l’intérêt d’investir en faveur des communautés rurales les plus pauvres, moyen le plus efficace pour leur éviter ces traversées souvent mortelles, en proie aux réseaux de passeurs.
« Aucune barrière, aucun mur, aucune patrouille de surveillance côtière ne pourront faire perdre espoir à des personnes en quête d’une vie meilleure. Il est beaucoup plus simple de les sauver et d’améliorer leur existence sur la terre ferme, dans les zones rurales d’origine de ces migrants. Il est essentiel d’investir dans l’agriculture pour construire un monde plus juste, plus prospère et pacifié », a déclaré Alvaro Lario.
Dans le cadre de sa récente loi sur la coopération pour le développement durable et la solidarité mondiale, l’Espagne s’est officiellement engagée à allouer 0,7% de son revenu national brut à l’aide publique au développement d’ici à 2030, initiative largement plébiscitée par les citoyens selon une enquête Eurobaromètre. Dans un contexte de forte croissance économique nationale, l’Espagne peut s’appuyer sur cette nouvelle loi pour devenir un chef de file en matière de développement durable, notamment par des actions visant la sécurité alimentaire et l’action climatique dans le cadre du multilatéralisme.
Le rôle du FIDA
Institution financière internationale, le FIDA joue un rôle toujours plus important dans le paysage géopolitique actuel par sa capacité sans équivalent à toucher celles et ceux qui en ont le plus besoin. C’est le seul organisme spécialisé des Nations Unies à investir exclusivement en faveur des zones rurales, dans ce que l’on appelle le « premier kilomètre », où les petits producteurs et productrices agricoles cultivent un tiers de la nourriture mondiale.
Le FIDA est aussi à la pointe de l’innovation financière; il émet notamment des obligations durables pour mobiliser des capitaux privés destinés à des initiatives de lutte contre la faim et la pauvreté. Entre 2019 et 2021, les projets soutenus par le FIDA ont amélioré les revenus de plus de 77 millions de personnes, gage d’une capacité d’impact à grande échelle.
À l’intention des journalistes:
Visite à Madrid
Lors de sa visite de deux jours, Alvaro Lario rencontrera également Luis Planas, Ministre de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation, José Manuel Albares, Ministre des affaires étrangères, de l’Union européenne et de la coopération, Antón Leis, Directeur de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), et Eva María Granados Galiano, Secrétaire d’État à la coopération internationale. Sa visite officielle dans la capitale espagnole s’achèvera par sa participation à l’événement Le FIDA en Amérique latine et dans les Caraïbes: possibilités d’investissement, qui se tiendra le 14 janvier à 18h30 à la Casa América. Les débats seront menés par Belén Delgado, journaliste pour Agencia EFE.
L’Espagne et le FIDA
Membre fondateur du FIDA, l’Espagne a contribué à hauteur de 119,66 millions d’USD aux ressources de base du Fonds depuis sa création en 1977. Elle a en outre apporté des fonds supplémentaires sous forme de dons pour un montant total de 18 millions d’USD. Dans le cadre de la reconstitution triennale des ressources destinée à financer le programme de travail du FIDA de 2025 à 2027, l’Espagne s’est engagée à verser 20 millions d’EUR, volume qui positionne le pays à la 17e place des contributeurs.
Le partenariat entre l’Espagne et le FIDA porte essentiellement sur des investissements en faveur de la petite agriculture. La finalité en est la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’accent étant mis sur l’égalité femmes-hommes, l’adaptation aux changements climatiques, l’utilisation durable des terres, l’inclusion financière et le renforcement de la collaboration avec le secteur privé. L’Espagne a également participé à la mise au point de nouveaux instruments financiers pour le FIDA. En 2010, le pays a soutenu la création du Fonds fiduciaire du mécanisme de cofinancement espagnol pour la sécurité alimentaire. Un prêt concessionnel de 285,5 millions d’EUR et un don de 14,5 millions d’EUR ont permis au FIDA d’accorder des financements additionnels à 24 pays sous forme de prêts ordinaires et de prêts à des conditions particulièrement favorables.
Alvaro Lario
Actuellement, Alvaro Lario est le seul Espagnol à diriger une institution spécialisée des Nations Unies. Deux de ses compatriotes l’ont précédé dans une fonction similaire: Federico Mayor Zaragoza, Directeur général de l’UNESCO de 1987 à 1999, et Joan Clos, Directeur exécutif d’ONU-Habitat de 2010 à 2018.
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Communiqué de presse no IFAD/01/2025
Le Fonds international de développement agricole (FIDA) est une institution financière internationale et un organisme spécialisé des Nations Unies dont le siège est situé à Rome, centre névralgique des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Il investit dans les populations rurales, leur donnant les moyens de réduire la pauvreté, d’accroître la sécurité alimentaire, d’améliorer la nutrition et de renforcer la résilience. Depuis 1978, le Fonds a octroyé plus de 24 milliards de dollars dans des pays en développement sous forme de dons ou de prêts à faible taux d’intérêt.
De nombreuses photographies illustrant l’action du FIDA aux côtés des populations rurales peuvent être téléchargées à partir de la banque d’images de l’organisation.