Rome/Le Cap, le 25 février 2025. « À l’origine des deux tiers du financement officiel de l’agriculture, les banques publiques de développement, qui investissent dans l’agriculture du monde entier, peuvent jouer un rôle clé dans la transformation de systèmes alimentaires aujourd’hui non durables, qui exposent à la faim des millions de personnes », a déclaré Alvaro Lario, Président du Fonds international de développement agricole des Nations Unies (FIDA), qui se rend au Sommet Finance en commun qui se tient du 26 au 28 février au Cap, en Afrique du Sud.
« Le volume financier des banques publiques de développement (jusqu'à 1 400 milliards d’USD d'investissements annuels) est supérieur à celui du secteur de la microfinance ou de l'ensemble de l'aide publique au développement », a-t-il ajouté. « Ces banques forment la colonne vertébrale de l’architecture financière mondiale et des efforts en vue de rendre les systèmes alimentaires plus durables, plus résilients et plus équitables ».
De fait, les banques publiques de développement, ou BPD, disposent d’une capacité financière considérable. Les 522 BPD existant dans le monde détiennent 23 200 milliards d’USD en actifs et représentent 10 à 12% du financement à l’échelle de la planète.
Aujourd’hui, les systèmes alimentaires présentent une forte empreinte écologique et ne garantissent pas à tous un accès à une alimentation nutritive – en 2021, plus de 3 milliards de personnes n’avaient pas les moyens d’accéder à un régime alimentaire sain. Alors qu’ils forment l’épine dorsale de la production alimentaire, les petits producteurs et productrices agricoles vivent pour beaucoup dans une situation de pauvreté, où plane le spectre de la faim. Environ 730 millions de personnes souffrent de la faim aujourd’hui.
Transformer les systèmes alimentaires nécessite des investissements supplémentaires à hauteur de 300 à 400 milliards d’USD par an jusqu’en 2030. Toutefois la proportion de l’aide publique au développement consacrée à l’agriculture stagne entre 4 et 6% depuis deux décennies, plafonnant à 10,5 milliards d’USD en 2022, soit bien loin du montant nécessaire. En outre, les petits producteurs et productrices agricoles ne reçoivent que 0,8% du financement de l’action climatique à l’échelle mondiale, malgré leur rôle crucial pour la sécurité alimentaire.
Dans le portefeuille des BPD, les investissements en faveur de l’agriculture des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire sont souvent sous-représentés au regard de la contribution continue du secteur agricole au PIB de ces pays.
Pour augmenter les investissements en faveur d’une agriculture et de systèmes alimentaires durables et équitables, le FIDA et l’Agence française de développement ont supervisé en 2020 la création d’une coalition historique des BPD investissant en faveur de l’agriculture. Les membres de cette coalition ont fondé la Plateforme des banques publiques de développement pour des systèmes alimentaires verts et inclusifs, actuellement hébergée par le FIDA. Mise en place en 2021, elle a pris de l’ampleur, et rassemble aujourd’hui environ 140 BPD nationales investissant dans l’agriculture, quatre BPD régionales et huit réseaux régionaux, ce qui couvre plus de 95 pays du Sud.
Il s’agit d’un outil stratégique destiné à aider les BPD à accroître leurs investissements et à mieux s’aligner sur les objectifs mondiaux en matière de développement et de climat, par un partage des savoirs, un renforcement des capacités, un apprentissage entre pairs et une assistance technique.
La plateforme propose des formations portant sur l’agroécologie et sur le renforcement de la résilience. Elle dote les BPD de stratégies pour intégrer des outils d’évaluation environnementale pour mieux évaluer les risques et les impacts de leurs investissements verts.
Pour prolonger le succès de la plateforme, le FIDA mobilise des ressources additionnelles, notamment un million d’USD issus du Fonds pour l’environnement mondial dans le cadre du Programme intégré sur les systèmes alimentaires, codirigé par l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le FIDA. Depuis ses débuts en 2020, la plateforme bénéficie de l’appui et de l’engagement constants de l’AFD, qui la soutient aussi financièrement aux côtés de l’Union européenne.
À l’occasion du sommet Finance en commun prévu au Cap, le FIDA signera un mémorandum d’accord avec la Development Bank of Southern Africa (DBSA) en vue de mobiliser des ressources additionnelles et des services d’expertise supplémentaires pour ses projets, renforçant ainsi son impact en matière de développement, de réduction de la pauvreté et de résilience climatique partout en Afrique.