Éclairage | 24 juillet 2024

Des solutions contre la faim existent. Leur financement nous manque

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La faim n’est pas due à un manque de nourriture ou de capacités agricoles. Ses premières causes sont en réalité les conflits, les changements climatiques et les aléas économiques. Pour les 733 millions de personnes qui ont souffert la faim en 2023, sans doute le constat est-il amer.

Le dernier rapport sur l’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde affirme que nous avons les moyens d’éradiquer la faim et la malnutrition d’ici à 2030 mais que ce sont l’argent et la volonté politique qui font défaut.

Il est difficile d’estimer précisément ce que coûterait d’éliminer la faim, mais on sait que le coût de l’inaction est encore plus élevé. En matière de santé, de nutrition et d’environnement, les coûts actuels des systèmes d’alimentation et d’utilisation des terres s’élèvent déjà à 12 000 milliards d’USD par an, tandis que les coûts sanitaires imputables au régime alimentaire devraient dépasser 1 300 milliards d’USD par an d’ici 2030.

En outre, transformer les systèmes alimentaires générerait une activité économique supplémentaire équivalant à 4 500 milliards d’USD chaque année. Il pourrait en résulter plus de 120 millions de nouveaux emplois décents, sans parler du ralentissement du réchauffement planétaire et de la régénération des écosystèmes naturels.

Incontestablement, investir dans la sécurité alimentaire et la nutrition n’est donc pas seulement une obligation morale, c’est aussi une décision économiquement judicieuse.

Quels sont les obstacles?

Éliminer la faim nécessite de relever une palette de défis. Premièrement, les petits exploitants et exploitantes agricoles, qui produisent un tiers des denrées alimentaires dans le monde, sont victimes d’un sous-investissement chronique. Il nous faut investir plus, mais aussi mieux. Les financements doivent ainsi être adressés aux populations qui en ont le plus besoin: celles qui vivent dans les zones rurales des pays en développement.

C’est pourquoi, dans son prochain cycle de projets, le FIDA consacrera 45% des ressources de base aux zones rurales des pays à faible revenu. C’est là que la faim sévit le plus et que les investissements sont les plus fructueux.

Deuxièmement, les fonds actuellement mis à disposition sont insuffisants. Seuls 4% du total de l’aide publique au développement, l’APD, vont au développement agricole. Par ailleurs, les dépenses publiques nationales consacrées à l’agriculture sont très limitées. Cette situation est encore aggravée par la dette écrasante qui pèse sur nombre de pays à faible revenu et contraint leurs autorités à choisir entre rembourser cette dette ou investir dans les services publics les plus élémentaires.

Enfin, perçus comme présentant un risque financier élevé, les pays qui souffrent le plus de la faim et de l’insécurité alimentaire sont aussi les moins visés par l’offre de financements.

Quelles sont les solutions?

Le monde a besoin de davantage de financements, avec un meilleur retour sur investissement. Or, il existe déjà des mécanismes de financement qui pourraient être déployés à plus grande échelle pour plus d’impact:

  • Le financement mixte: associer des dons et des prêts à faible taux d’intérêt à une assistance technique atténue le risque perçu. À terme, le financement commercial pourrait remplacer ce financement à des conditions favorables.
  • Les obligations vertes, sociales ou liées au développement durable: elles permettent de générer des fonds supplémentaires tout en contribuant à des lendemains meilleurs pour tous.
  • Les solutions basées sur la capacité d’accès au financement: les pays pour qui cet accès est limité peuvent rechercher des dons et des prêts à faible taux d’intérêt ou sans intérêts. Ceux présentant une capacité d’accès au financement moyenne peuvent augmenter leurs recettes fiscales. Enfin, ceux pour lesquels cette capacité est élevée peuvent intégrer aux instruments financiers des objectifs de sécurité alimentaire et de nutrition.
  • Augmenter la tolérance au risque: les donateurs, le secteur privé et les autres acteurs accroissent leur tolérance au risque et s’impliquent davantage dans la réduction des risques liés aux investissements en faveur des communautés rurales.
  • Les envois de fonds: un quart du montant des fonds envoyés par les migrants est épargné, investi ou utilisé pour créer des entreprises. En 2023, les envois de fonds ont atteint un montant estimé à 656 milliards d’USD, dépassant ainsi les investissements étrangers directs et l’APD combinés.

L’action du FIDA

En matière de solutions innovantes pour le financement de la sécurité alimentaire et de la nutrition, le FIDA montre l’exemple:

  • Nous avons été le premier fonds des Nations Unies à obtenir une note de crédit et à émettre des obligations durables sur les marchés des capitaux, ce qui nous a permis de lever 480 millions d’USD à ce jour.
  • Notre approche fondée sur le partage des risques attire les financements privés. Par exemple, le Mécanisme de financement de l’adaptation aux changements climatiques dans les zones rurales en Afrique associe différentes sources de financement afin de réduire les risques et d’inciter les institutions financières privées à accorder des prêts aux petits exploitants agricoles.
  • Nous investissons dans des petites et moyennes entreprises prometteuses, contribuant ainsi à mobiliser des investissements supplémentaires auprès du secteur privé.

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L’échéance de 2030 fixée pour les objectifs de développement durable approche à grands pas, or la faim et la malnutrition progressent. Il est temps de joindre le geste à la parole, il est temps d’investir pour réaliser l’objectif « Faim zéro ».

L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde est un rapport annuel élaboré conjointement par la FAO, le FIDA, l’UNICEF, le PAM et l’OMS.

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