Éclairage | 17 janvier 2020

Le bambou contre les changements climatiques: cinq pistes à approfondir

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Couvrant une superficie estimée à 30 millions d'hectares dans les régions tropicales d'Afrique, d'Asie et des Amériques, le bambou peut contribuer de manière significative à la lutte contre les changements climatiques dans les pays en développement, en particulier dans les communautés rurales.

L'Organisation internationale du bambou et du rotin (INBAR) présente ci-dessous cinq façons dont le bambou peut aider les pays à atténuer les effets des changements climatiques et à s'y adapter :

1. Capturer le carbone

Les forêts de bambou, qui croissent et se renouvèlent rapidement, capturent le carbone dans leur biomasse, à des taux comparables, voire supérieurs, à bon nombre d'autres espèces d'arbres. Les nombreux produits durables fabriqués à partir du bambou peuvent également être avoir un solde négatif en carbone, car ils sont eux-mêmes des puits de carbone et encouragent l'expansion et l'amélioration de la gestion des forêts de bambou. Un rapport publié en 2015 par la TU Delft, INBAR et Moso BV International a révélé que le bambou pourrait également remplacer avantageusement les bois durs, même ceux certifiés FSC, en raison de son empreinte carbone et de son coût écologique moins élevés.

D'importantes quantités de carbone sont stockées dans les forêts de bambou de Chine, les plus grandes du monde, et ce chiffre augmente au fur et à mesure que les programmes de reboisement prévus se développent. Le carbone stocké dans les forêts de bambou chinoises devrait passer de 727 millions de tonnes en 2010 à 1 018 millions de tonnes en 2050.

2. Remplacer les combustibles fossiles et réduire la déforestation

Le bambou permet d'éviter l'utilisation de combustibles fossiles et de réduire la déforestation en offrant une source d'énergie issue de la biomasse alternative et hautement renouvelable.

Le bambou peut constituer une source durable de bioénergie pour les nombreuses personnes qui utilisent la biomasse solide pour cuisiner, comme le charbon de bois ou les briquettes. Il peut également être converti en gaz ou en granulés, pour fournir une source d'électricité et de chauffage.

Parce qu'il repousse rapidement et qu'il arrive à maturité plus vite que la plupart des autres arbres, le bambou peut soulager la pression exercée sur les autres ressources forestières, réduisant ainsi la déforestation. Le charbon de bois et le gaz de bambou ont un pouvoir calorifique similaire à celui des formes de bioénergie couramment utilisées : une communauté de 250 ménages n'a besoin que de 180 kilogrammes de bambou sec pour produire suffisamment d'électricité en six heures.

Dans des pays comme l'Union européenne, le bambou peut être transformé en granulés pour la production d'électricité et le chauffage, ce qui constitue une forme durable de biomasse et une contribution aux objectifs en matière d'énergie renouvelable. Le bambou pouvant être cultivé sur des terres non autrement exploitables, il n'a pas besoin d'entrer en concurrence avec des zones agricoles productives.

3. L'adaptation

La rapidité d'implantation et de croissance du bambou permet des récoltes fréquentes. Les agriculteurs peuvent ainsi adapter avec souplesse leurs pratiques de gestion et de récolte aux nouvelles conditions liées aux changements climatiques. Le bambou constitue une source de revenus tout au long de l'année et peut être converti en une variété de plus en plus large de produits à valeur ajoutée destinés à la vente.

4. Restauration

Le bambou fait partie intégrante de nombreux écosystèmes naturels et agricoles dans les tropiques et à proximité. Il est utile pour restaurer les terres dégradées pour plusieurs raisons : il prospère sur les sols à problèmes et les pentes abruptes qui ne conviennent pas à d'autres cultures, il constitue un brise-vent efficace et ses rhizomes et racines robustes régulent les flux d'eau et préviennent l'érosion.

Un cas récemment documenté à Allahabad, en Inde, montre comment des populations rurales ont retrouvé des moyens d’existence sur 80 000 hectares de terres dégradées ont été ramenés à la productivité en utilisant le bambou comme espèce pionnière. En 2018, INBAR a publié un rapport sur les avantages du bambou pour la restauration des terres dans huit pays : Afrique du Sud, Chine, Colombie, Ghana, Inde, Népal, Tanzanie et Thaïlande.

5. Moyens d’existence

Le bambou est une ressource polyvalente et rapidement renouvelable pouvant offrir des moyens de subsistance sous différentes formes. Son rôle économique est susceptible de s'étendre à un rythme accéléré – tant au niveau local que dans le commerce international – à mesure que les autres ressources forestières sont de plus en plus sollicitées par les changements climatiques, que l'impératif d'atténuer les changements climatiques nous impose de moins dépendre des combustibles fossiles et des ressources forestières menacées, et que la recherche découvre de nouvelles applications.

On estime que le bambou se prête à 10 000 utilisations documentées, allant des meubles et du papier aux tissus, en passant par les revêtements de sol transformés et les habitations intelligentes sur le plan climatique. Le bambou ne résoudra pas à lui seul les problèmes liés aux changements climatiques. Mais si cette ressource stratégique est correctement exploitée, elle offre des solutions pratiques pour atténuer les changements climatiques et s'y adapter, ainsi qu'un outil éprouvé pour lutter contre la pauvreté rurale et restaurer la base de ressources naturelles qui constitue le fondement de la durabilité économique.

L'Organisation internationale du bambou et du rotin (INBAR) est une organisation multilatérale de développement qui promeut le développement durable en utilisant le bambou et le rotin.

Cet article a été publié à l'origine sur le site web d'INBAR.

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