Mettre la finance mondiale au service du développement rural

En 2015, des pays du monde entier se sont engagés à éradiquer la pauvreté et la faim d’ici 2030 et à façonner un avenir où à chacun soit donné sa chance – ce qu’ils ont appelé les objectifs de développement durable (ODD).

Or, aujourd’hui, les populations rurales les plus pauvres du monde sont confrontées à un quotidien où les changements climatiques exacerbent les vulnérabilités, perturbent les modèles agricoles et pèsent sur les revenus. Dans un monde marqué par l’insécurité et par l’inflation, nombreux sont ceux qui ne peuvent avoir accès à une alimentation nutritive.

À l’échelle mondiale, les fonds disponibles pour relever ces défis croissants ne sont pas suffisants dans un contexte où les autorités nationales doivent faire face à de multiples crises entremêlées.

Aujourd’hui, les pays développés souffrent d’un déficit de financement colossal de 4 000 milliards d’USD qui leur permettrait un développement durable, et les populations rurales en seront les principales victimes.

Or les systèmes agroalimentaires à petite échelle dans les pays en développement, pourtant les plus exposés aux changements climatiques, recevaient seulement 0,8% des flux de financement consacrés à cette question.

Les dépenses publiques nationales et l’aide publique au développement ne peuvent combler seules ce déficit. C’est pourquoi le FIDA conçoit de nouveaux moyens de trouver des financements qui profitent aux populations rurales et contribuent à un développement durable.

En 2021, le FIDA est devenu le premier fonds des Nations Unies, et le seul de leurs organismes et institutions spécialisés autres que la Banque mondiale, à entrer sur les marchés des capitaux et à émettre des obligations de développement durable.

Entre 2022 et 2024, le FIDA a émis huit obligations de développement durable, les plus récentes ayant mobilisé:

• 1 milliard de SEK en obligations auprès de compagnie d’assurance suédoise  Skandia et le tout premier investisseur du FIDA, Folksam.
• 75 millions d’AUD en placements privés auprès de Meiji Yasuda Life, assureur-vie japonais.
• 50 millions d’USD en obligations, la première obligation du FIDA spécifiquement axée sur la nutrition, auprès de Zenkyoren, une coopérative d’investissement agricoles japonaise
• 100 millions d’EUR en placements privés auprès de Bank Al-Maghrib au Maroc, le premier partenariat du FIDA ave une banque centrale.

Par ailleurs, ces fonds permettront de récolter des financements supplémentaires: pour chaque dollar investi, le FIDA mobilise 1,40 dollar auprès d’autres sources, notamment les États concernés par les interventions et d’autres partenaires de développement.

Et ce n’est qu’un début. En novembre 2023, le FIDA est entré à la Bourse de Londres, affirmant ainsi sa position d’émetteur d’obligations de développement durable tout en continuant à œuvrer pour ceux qui en ont le plus besoin: les communautés rurales du monde entier.

Les obligations de développement durable du FIDA offrent aux investisseurs privés un moyen de financer les projets de développement du Fonds. Par ses interventions, le FIDA contribue à 16 des 17 ODD.

Ces fonds soutiennent les petits producteurs et productrice agricoles dans leur accès aux marchés et à des financements, dans l’amélioration de leur production et dans la gestion durable des ressources naturelles.

Investir dans ces obligations signifie non seulement participer à l’éradication de la faim et de la pauvreté dans les zones rurales, mais aussi investir dans un fonds bénéficiant d’une note de crédit AA+ de la part des deux principales agences de notation mondiales en raison de la structure solide de son capital.

Le FIDA publie un rapport d’impact annuel présentant la manière dont le produit de ses émissions d’obligations a été investi en faveur des populations rurales.

Le produit des prêts et des obligations est utilisé pour des projets soutenus par le FIDA partout dans le monde, la plus grande partie du portefeuille de prêts allant en Afrique.

Les quatre placements privés émis en 2022 et 2023, ont à eux seuls mobilisé l’équivalent de 344 millions d’USD destinés à financer des projets dans les États membres.

Parmi les effets positifs que ces obligations durables devraient avoir sur les populations rurales, citons les suivants:

• 140 000 personnes bénéficieront de services d'information sur le climat.
• 851 000 ménages adopteront des technologies et des pratiques écologiquement viables et résilientes face aux changements climatiques.
• 1,6 million de personnes bénéficieront d’un appui ciblé pour améliorer la nutrition dans leur ménage.
• 46 600 hectares de terres agricoles seront concernés par la construction ou la remise en état d’infrastructures d’adduction d’eau.
• Des pratiques résilientes aux changements climatiques seront adoptées sur 117 000 hectares de terre.

Le chemin conduisant aux ODD n’a jamais semblé aussi incertain. Mais en s’ouvrant à un investissement privé responsable, le FIDA garantit davantage de prospérité aux populations ciblées et un développement durable profitable à tous.