Opinions & Idées | 18 juin 2024

En Zambie, j’ai vu la résilience rurale de mes propres yeux

Temps de lecture estimé: 5 minutes

Par Guoqi Wu

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La Zambie a été durement frappée par des phénomènes météorologiques extrêmes ces dernières années. Les effets de la sécheresse sur la sécurité alimentaire et les moyens d’existence ruraux sont si graves que le gouvernement a déclaré un état d’urgence nationale.

Mais le pays avance à grands pas vers la résilience. La restructuration récente de la dette signifie qu’il peut mieux absorber les financements, permettant ainsi aux investissements du FIDA de favoriser la croissance inclusive et durable dans les communautés rurales.

Je me suis récemment rendu dans les zones de projet du FIDA en Zambie, où j’ai eu l’occasion de voir de mes propres yeux la résilience des petits exploitants, et l’impact de nos interventions sur le terrain.

L’exploitation infaillible de Faless

Dans un pays où les animaux d’élevage représentent un facteur économique essentiel, l’un des effets les plus graves de la sécheresse est que les agriculteurs ne peuvent plus nourrir leurs troupeaux. Mais Faless Gwantula, une petite exploitante participant au Programme d’investissement renforcé en faveur de l’élevage paysan (E-SLIP) financé par le FIDA, prospère malgré cette difficulté.

J’ai rencontré Faless dans le village de Shimwengwe, dans le centre de la Zambie, où elle a déménagé après plusieurs années comme vendeuse de poisson dans la capitale, Lusaka. Confrontée à une faible pluviométrie, elle a commencé à se demander si elle n’avait pas pris la mauvaise décision.

Mais les semences qu’elle a reçues dans le cadre d’E-SLIP ont garanti sa résilience. La résistance aux sécheresses des pois mascate et du sorgho lui a permis de continuer à cultiver du fourrage en quantité suffisante pour ses animaux.

Ses vaches lui donnent 10 litres de lait par jour, qu’elle vend sous forme de lait frais ou de lait tourné. Grâce aux revenus qu’elle tire de ces ventes, elle peut acheter d’autres aliments, comme du poisson, diversifiant ainsi son alimentation.

Elle cherche désormais à élargir son troupeau de vaches pour produire du lait en plus grande quantité. J’étais touché de l’entendre remercier le FIDA de lui avoir donné le soutien dont elle avait besoin pour rester forte face aux conditions météorologiques extrêmes.

« Je n’ai pas besoin de demander de l’argent à mes enfants. Et je n’ai pas besoin de mendier non plus », m’a-t-elle confié. « E-SLIP me nourrit, et pour cela, je vous en suis éternellement reconnaissante. »

Pendant mon séjour à Shimwengwe, j’ai offert un poulet à Faless lors de notre rencontre avec Evans Lupiya, le Commissaire de district local. © FIDA / Enoch Kavindele Jr

Mettre en place des moyens d’existence durables

E-SLIP nous a aussi aidés à mettre en place des comités de gestion des pâturages à travers toute la Zambie. Ces comités améliorent la durabilité des exploitations d’élevage grâce à l’adoption de plans de pacage et à la mise en place d’activités de remise en état des terres de parcours.

Des membres du Comité de gestion des pâturages de Kapete m’ont montré comment E-SLIP les avait aidés à rédiger un plan et à cartographier 7 000 hectares de zones communautaires. Ils m’ont également expliqué comment E-SLIP formait les agriculteurs et agricultrices à préparer la nourriture pour les animaux et à se procurer de l’eau propre grâce à un forage à énergie solaire.

Outre la gestion des pâturages, Kapete s’assure une résilience à long terme en distribuant des poulets aux familles locales. Cette initiative, qui en est désormais à son troisième cycle, fournit aux familles une source durable de protéines et de revenus.

Photo de groupe avec le personnel de projet et les participants du village de Shimwengwe, en Zambie. © FIDA / Enoch Kavindele Jr

Favoriser la collaboration

Le FIDA a plus de 40 ans d’expérience en Zambie, et j’ai eu la chance de voir comment nos interventions avaient amélioré la résilience et la productivité des communautés rurales.

Le succès d’E-SLIP est entre autres dû à son intégration dans la structure du gouvernement, ce qui en assure la mise en œuvre harmonieuse par le Ministère des pêches et de l’élevage au niveau des districts. Lors de mes rencontres avec des représentants du gouvernement, y compris la Vice-Présidente de la Zambie, j’ai été ravi d’entendre qu’ils tenaient le travail du FIDA en haute estime.

Leur engagement en faveur d’une réponse coordonnée aux défis qu’a à relever la Zambie était clair. Cela nous rappelle toute l’importance du rôle de relations constructives au service du développement durable.

J’ai quitté le pays avec un sentiment d’espoir, et beaucoup de confiance dans la valeur immense qu’il y a à investir dans la vie des ruraux pauvres en Zambie et ailleurs.

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