Le FIDA investit dans les populations rurales. Pour ce faire, nous finançons des projets, mesurons leurs résultats, innovons et travaillons aux côtés des populations rurales.
Dans cette région caractérisée par une mosaïque de cultures, de langues et de modes de vie, le FIDA intervient depuis près de quarante ans pour que les communautés rurales puissent se libérer de la pauvreté et prospérer.
Il reste cependant beaucoup à faire, et le Fonds appelle à investir davantage en faveur des acteurs clés d’un avenir de résilience : les populations rurales. Dans un entretien, Bernard Mwinyel Hien, Directeur régional du FIDA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, nous en dit plus sur cette région aux multiples facettes.
Quelles sont les principaux problèmes auxquels la région doit faire face?
La région doit relever des défis parmi les plus difficiles au monde. Des côtes de Cabo Verde à la République démocratique du Congo, non moins de 552 millions de personnes doivent surmonter au quotidien un éventail d’obstacles, dans une région instable où 11 pays sur 24 sont considérés comme étant en situation de fragilité.
Environ un habitant de la région sur trois vit dans l’extrême pauvreté. Les plus touchés sont les femmes et les jeunes, qui ont moins accès à l’emploi, à la terre et aux ressources financières.
La population de l’Afrique de l’Ouest et du Centre est l’une des plus jeunes au monde. Or, nombreux sont les jeunes en milieu rural souffrant de mauvaises conditions de travail ou d’exploitation. Beaucoup d’entre eux quittent ainsi les zones rurales en quête de nouvelles perspectives dans les villes ou à l’étranger, ce qui représente une perte immense pour leur communauté.
Par ailleurs, l’insécurité alimentaire croît sans le moindre signe d’inflexion, touchant plus de 70 millions de personnes en 2023. Cette situation est aggravée par les conflits, les changements climatiques et la dégradation des ressources naturelles.
Alors que la nécessité d’accroître les investissements dans l’agriculture devrait couler de source, l’augmentation des financements en faveur des zones rurales de la région reste une difficulté majeure.
Au cours des 13 années que j’ai passées au FIDA, j’ai été témoin des effets d’une nouvelle génération d’investissements qui ont changé la vie des populations rurales.
Au Cameroun, par exemple, le Programme de promotion de l’entrepreneuriat agropastoral des jeunes a permis à plus de 10 000 jeunes d’accéder à l’emploi dans le secteur agropastoral : soutenus par des pépinières d’entreprises, ils ont pu mettre sur pied leur propre entreprise agricole grâce à une formation et à un financement.
Le FIDA a également renforcé son partenariat avec les organisations paysannes en donnant à celles-ci des outils pour mieux soutenir leurs membres et en leur permettant d’améliorer leur accès aux marchés et leur participation aux différentes filières. Par exemple, dans le cadre de la mise en œuvre du Projet d’appui au secteur agricole dans la Province du Nord-Kivu (PASA-NK), les fédérations d’agriculteurs de la République démocratique du Congo offrent à leurs membres un certain nombre de services, notamment un accès à des installations de stockage et de transformation.
Quels atouts pourraient être mieux exploités avec davantage d’investissements?
Notre jeunesse, c’est notre grande force. Or, dans toute la région, les jeunes sont laissés pour compte. Grâce à une hausse des investissements en leur faveur, ils pourraient bénéficier d’un meilleur accès à l’éducation, à la formation professionnelle et à des emplois décents, ce qui améliorerait sans aucun doute la situation de la région.
Sous l’effet d’une classe moyenne en rapide augmentation, la demande alimentaire en Afrique va continuer à croître. Les petits exploitants locaux pourraient couvrir ces besoins s’ils bénéficiaient d’outils et d’investissements leur permettant d’exploiter tout l’éventail de ressources naturelles et de terres arables de la région et d’accroître leur productivité et leurs revenus en conséquence.
La diffusion de pratiques climato-compatibles et de technologies vertes pourrait également stimuler durablement la productivité agricole. Depuis 2019, le FIDA a mobilisé dans la région des financements climatiques à hauteur de plus de 340 millions de dollars, en vue de renforcer la résilience de la population aux changements climatiques et d’exploiter au mieux le potentiel de cette zone.
Le commerce agricole dans la région est riche de possibilités encore amplement sous-exploitées. Actionner ce levier permettrait de créer des emplois à destination des femmes et des jeunes, d’augmenter les revenus et d’améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition.
Quel message voudriez-vous adresser aux décideurs au sujet du montant à investir dans l’action du FIDA?
Alors qu’il nous reste à peine sept ans pour atteindre les objectifs de développement durable, il est dans l’intérêt de tous d’agir avec détermination pour préserver l’avenir des communautés rurales du monde entier. Il nous faut faire preuve d’audace, car seuls des investissements massifs peuvent réellement nous laisser espérer atteindre les deux premiers objectifs de développement durable, à savoir éliminer la pauvreté et la faim.