Le FIDA investit dans les populations rurales. Pour ce faire, nous finançons des projets, mesurons leurs résultats, innovons et travaillons aux côtés des populations rurales.
Plus faible contributrice aux émissions de gaz à effet de serre, l’Afrique est pourtant le continent le plus exposé aux effets des changements climatiques. De fait, sept des dix pays les plus vulnérables à ce phénomène sont africains.
Les épisodes météorologiques extrêmes, comme la sécheresse prolongée qui touche l’est du continent, perturbent les cycles agricoles, donnant lieu à des rendements moindres, des pertes de bétail et des pénuries alimentaires. La sécurité alimentaire est menacée et les populations rurales vulnérables risquent de sombrer dans la faim.
Les changements climatiques ont des conséquences qui vont bien au-delà de l’alimentation et de la nutrition. Lorsque le cyclone Freddy a dévasté le Malawi en 2022, il a fait 500 000 déplacés, provoqué de graves inondations et détruit maisons, écoles, structures de soins, routes, canaux d’irrigation et d’autres infrastructures vitales.
Certaines régions devenant inhabitables, les populations rurales migrent vers les centres urbains. C’est le cas en Éthiopie, où la sécheresse récurrente a conduit à des déplacements internes. Ceci n’est pas sans conséquences sociales et économiques, tant pour les zones d’émigration que pour celles d'immigration, notamment pour des services mis à rude épreuve comme la santé et l’éducation. D’ici 2050, plus de 100 millions de personnes pourraient être déplacées en raison des changements climatiques en Afrique.
La concurrence autour de ressources naturelles qui s'amenuisent, comme l’eau et les pâturages, peut déboucher sur des conflits et des tensions communautaires. De plus, l'évolution du climat pèse sur la santé, y compris la santé mentale qui, à son tour, est susceptible d’accroître les violences.
Au fur et à mesure que les paysages changent et que l’environnement se dégrade, les pratiques culturelles et le savoir traditionnel profondément dépendants de ces milieux s’en trouvent chamboulés. Cette perte de patrimoine culturel peut avoir des répercussions profondes sur l’identité et la cohésion communautaire. Au Sahel, la désertification et la dégradation des sols sapent les pratiques agropastorales des communautés autochtones, comme les Touaregs, entraînant une perte d’héritage culturel et un affaiblissement des liens sociaux.
Face à des effets aussi vastes et extrêmes, que demandent les populations africaines au monde?
Dirigeants africains
Les dirigeants africains appellent à accroître le financement de l'action climatique en faveur de l’adaptation. La COP27 s’est achevée par la création historique du fonds pour les pertes et dommages mais les décideurs du continent ont urgemment besoin de fonds pour renforcer la résilience face aux changements climatiques, passer à l’énergie propre et mettre en œuvre des projets de développement durable. Les niveaux actuels de financement sont bien en-deçà des besoins. L’Afrique a besoin de 250 milliards d’USD par an pour financer l’action climatique. En 2020, les montants reçus ne représentaient que 12% de cette somme. L’allègement de la dette pourraient également permettre aux pays africains de disposer de davantage de fonds pour affronter la crise climatique.
En outre, les dirigeants africains appellent les pays riches à tenir leurs promesses en matière de réduction des émissions. L’Afrique est la plus durement frappée par les effets des changements climatiques sans avoir jamais touché aucun dividendes financiers de l’exploitation des ressources environnementales et naturelles. Il convient de refondre les systèmes de gouvernance mondiaux pour en tenir compte, tout en garantissant une meilleure représentation et un plus grand pouvoir de décision aux pays africains.
Les petits producteurs et productrices agricoles en Afrique subissent de plein fouet les changements climatiques. Ils affrontent chaque jour leurs effets, tout en nourrissant leur communauté et étant les moteurs des économies rurales. Pour qu’ils puissent le rester, le monde doit investir en leur faveur.
En améliorant leur accès aux services financiers, en les formant aux techniques agricoles durables et en construisant des infrastructures rurales résilientes face aux changements climatiques, comme des routes et des systèmes de gestion de l’eau, ils peuvent demeurer les acteurs et actrices de leur propre développement durable, malgré les bouleversements climatiques.
Surtout, les populations rurales demandent la reconnaissance de leurs droits en matière de propriété foncière et d’accès à l’eau potable, éléments sans lesquels elles ne peuvent gérer et protéger leurs territoires traditionnels.
Les systèmes d’alerte précoce, comme les prévisions météorologiques, permettent aux agriculteurs de prendre des décisions éclairées. Par exemple, au Mozambique, le programme d’information climatique PROCAVA a aidé plus de 3 587 paysans et paysannes à améliorer leurs méthodes de planification et à choisir des semences plus adaptées.
Le FIDA aide à établir des sources d’énergie renouvelable dans les zones rurales, comme les systèmes d’irrigation fonctionnant à l’énergie solaire mis en place au Malawi dans le cadre du programme PRIDE. Ces efforts contribuent à réduire la dépendance aux énergies fossiles, à atténuer les émissions et à faciliter l’accès des communautés rurales à l’énergie propre.
Certes, le monde est sur la bonne voie mais beaucoup reste encore à faire pour assurer la résilience climatique de l’Afrique dans les années à venir, notamment encourager le secteur privé à investir dans des projets résilients face aux changements climatiques et des initiatives durables.