Paroles rurales | 6 février 2025

Au Mexique, les peuples autochtones en première ligne pour protéger la planète

Temps de lecture estimé: 4 minutes
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Les terres ancestrales font partie intégrante de la culture, de l'identité et des systèmes de connaissances traditionnelles des peuples autochtones. Pourtant, malgré les droits reconnus par l'ONU dont ils jouissent sur ces terres, leur souveraineté est de plus en plus remise en question.

Les terres autochtones recèlent certaines des plus vastes réserves de combustibles fossiles et de minéraux au monde, ayant provoqué une déforestation et une exploitation à grande échelle. Ces actes sont en opposition directe avec les modes de vie autochtones traditionnels, respectueux de la nature.

Mais un soutien et des investissements judicieux peuvent stopper, voire inverser cette tendance. Ainsi, dans la région de Michoacán, au Mexique, un peuple autochtone soutenu par le FIDA restaure ses terres natales, renforce ses liens communautaires et protège la planète.

Protéger sa communauté et sa planète

Nallely, Zenaida et Silvia, trois membres de la communauté mazahua dans l'État de Michoacán, au Mexique © FIDA/Fernanda Dorado

À l'instar d'autres peuples autochtones ailleurs dans le monde, les Mazahuas vivent en harmonie avec leur environnement naturel. Chaque génération transmet à la suivante ses connaissances traditionnelles sur la protection des forêts, garantissant ainsi la durabilité à long terme.

Lorsque la menace de la déforestation s'est concrétisée et qu'une partie de sa forêt a été rasée pour laisser la place à des plants d'avocatiers, la communauté mazahua s'est unie pour la replanter et la protéger. Aujourd'hui, la forêt originelle a été préservée.

« Notre communauté prend soin de nos forêts parce que c'est là que nous puisons notre oxygène et notre eau », explique José, un artisan local.

José, artisan mazahua, expose ses produits dans l'État de Michoacán, au Mexique © FIDA/Fernanda Dorado

Les Mazahuas ont aussi favorisé la biodiversité. José et sa communauté vivent dans la zone tampon de la réserve de biosphère du papillon monarque. Chaque année, à l'automne, des millions de monarques y migrent depuis l'Amérique du Nord, ce qui constitue une étape essentielle de leur cycle de vie. Mais cette espèce est aujourd’hui menacée par la déforestation.

Pour les Mazahuas, toutefois, ces papillons ont une profonde signification spirituelle: ils détiendraient en effet les âmes d'êtres chers disparus, qui reviennent chaque année rendre visite à leurs proches juste à temps pour le Día de los Muertos (Jour des morts). Il n'est donc pas surprenant qu'ils prennent très au sérieux la protection de l'habitat de ces papillons.

Conjuguer tradition et innovation

Le peuple mazahua utilise depuis longtemps la technique du séchage pour préserver les aliments et s'assurer une alimentation équilibrée tout en respectant l’évolution des saisons de croissance. Toutefois, la modification des conditions météorologiques signifie que ses méthodes traditionnelles ne sont pas aussi efficaces qu'auparavant.

« Mes grands-parents et ma mère m'ont appris à sécher les produits, mais au soleil », explique Adelina, qui dirige des réunions communautaires.

Adelina intervient lors d'une réunion communautaire dans l'État de Michoacán, au Mexique © FIDA/Fernanda Dorado

Heureusement, Adelina a pu avoir les moyens d'améliorer l'efficacité du processus de séchage. Elle a reçu un appui dans le cadre du projet Alternative Energy Promotion with Mazahua Women, financé par le Mécanisme d'assistance pour les peuples autochtones (IPAF) du FIDA et par le FUDETEC, une ONG locale. En collaboration avec sa communauté, elle a décidé d'investir dans un déshydrateur moderne.

Grâce à leur nouvelle machine, les Mazahuas peuvent conserver des légumes plus efficacement et en maintenir la fraîcheur plus longtemps. Aujourd'hui, la communauté peut ainsi manger des champignons, des poires et des pêches toute l'année.

Diriger son propre développement

Hermelinda, femme mazahua, se tient fièrement devant la forêt locale appartenant à sa communauté, dans l'État de Michoacán, au Mexique © FIDA/Fernanda Dorado

Le projet mis en œuvre dans le Michoacán est l'un des 53 projets actuellement soutenus par l'IPAF dans le monde. Ce mécanisme se distingue par le fait que les projets qu'il finance sont conçus par les communautés autochtones elles-mêmes, et s'inscrivent ainsi dans leur savoir et leur culture traditionnels. À l'échelle régionale, le Mécanisme est coordonné par des organisations autochtones: le FIMI pour l'Amérique latine et les Caraïbes, Tebtebba pour l'Asie et le Pacifique et le Samburu Women Trust pour l'Afrique.

« Il est très important de soutenir les peuples autochtones, parce qu'ils ont prouvé qu'ils avaient de nombreuses solutions pour prendre soin de l'environnement », déclare Karla Pita Vidal, membre de l'équipe Peuples autochtones du FIDA.

L'IPAF garantit aux peuples autochtones la possibilité de décider quelle utilisation sera faite des fonds de développement. Et la forêt luxuriante d'Adelina et José en est la preuve: ils savent en faire le meilleur usage.

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