Développer l’agriculture dans les îles en conjuguant tradition et modernité
Les petits États insulaires en développement (PEID) sont confrontés des difficultés similaires. Les petits producteurs et productrices ont des solutions à proposer.
Au Viet Nam, les eaux fertiles du delta du Mékong font vivre des millions de personnes depuis des siècles. Avec le soutien du FIDA, les petits producteurs et productrices agricoles de la région comptent bien exploiter cette manne encore longtemps.
Trois ans après l'achèvement de notre Projet en faveur de l’adaptation aux changements climatiques dans le delta du Mékong, ou AMD, nous sommes retournés dans le sud du pays pour vérifier si les communautés rurales continuaient à prospérer.
Des mollusques miraculeux
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Ngot récolte des coques arche du Pacifique dans la rivière Xep Lay. © FIDA/Nguyen Hoang Sanh |
Dans le delta de la province de Tra Vinh, la vie de Ngot a changé lorsqu'il s'est mis à élever des coques arche du Pacifique dans la rivière Xep Lay. Ces petits coquillages à la chair rouge ne sont pas qu'un mets délicat apprécié dans toute l'Asie du Sud-Est, ils jouent également un rôle essentiel dans l'adaptation aux changements climatiques.
Avec les modifications des régimes météorologiques, des intrusions salines se produisent, et la teneur en sel de la rivière augmente, dépassant le seuil de tolérance de nombreuses cultures. Mais les coques arche du Pacifique apprécient cette salinité élevée, ce qui en fait une solution idéale pour parer aux conséquences des changements climatiques.
Ngot s'est tourné vers cette culture en 2018, lorsque la coopérative à laquelle il appartient a bénéficié d'un financement dans le cadre du projet AMD pour acheter un premier naissain de coques. Une fois les filets fabriqués et les vasières adaptées à l'élevage de ce coquillage, l'exploitation a pu commencer.
Aujourd'hui, la coopérative récolte trois tonnes de coques par an, qu'elle vend à de gros acteurs du marché. Les 1000 jeunes mollusques que Ngot a reçus 2018 se sont multipliés: il possède aujourd'hui 70 000 individus adultes.
Les affaires marchent si bien que d'autres producteurs de coques en herbe font appel à lui et à ses partenaires pour leur expertise. Les revenus dégagés de cette nouvelle activité ont transformé la vie de Ngot et de sa famille.
« Avant que je participe au projet en 2018, nous étions pauvres », confie-t-il. « Aujourd'hui, notre situation est plus stable, notre vie est plus riche, nous sommes plus heureux. »
Des crevettes pleines de ressources
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Truyen montre une crevette fraîchement récoltée dans sa rizière. © FIDA/Nguyen Hoang Sanh |
Il fut un temps où Truyen tirait péniblement un modeste revenu de la culture de son riz. Mais il a transformé son exploitation en adoptant une technique d'aquaculture innovante: l'élevage de crevettes géantes d'eau douce dans l'eau stagnante des rizières.
Ces crustacés dévorent les parasites, ce qui réduit considérablement les besoins en pesticides, tandis que leurs excréments fertilisent le sol. Par ailleurs, les rizières couvrant naturellement leurs besoins alimentaires, il n'est pas nécessaire de les nourrir régulièrement.
Truyen a découvert cette pratique d'exploitation durable en 2018 grâce au projet ADM, qui lui a permis de bénéficier d'un prêt et d'une formation technique. Avec dix autres riziculteurs de la province de Ben Tre, il s'est ainsi lancé dans l'élevage de crevettes, et ne l'a jamais regretté.
Quelques mois après chaque récolte de riz, Truyen assèche sa rizière pour récolter les crevettes, vend les plus grosses et garde les plus petites pour repeupler le champ.
Ces crustacés lui assurent un complément de revenu tout en augmentant sa production de riz.
« J'ai pu construire une grande maison pour ma famille et acheter une nouvelle rizière de 1,5 hectare à côté de chez moi », explique-t-il.
De petits poissons qui font de grandes rivières
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Chung en plein travail dans son usine de transformation du poisson. © FIDA/Nguyen Hoang Sanh |
Précédemment, Chung pratiquait le séchage du poisson traditionnel: après l'avoir acheté aux pêcheurs locaux, elle le faisait mariner selon la recette familiale et l'étendait sous le soleil ardent. Sa petite installation de transformation apportait un complément aux revenus de son mari issus de l'élevage de crevettes, mais le ménage avait encore du mal à joindre les deux bouts.
Jusqu'à ce qu'elle bénéficie d'un prêt et de conseils techniques dans le cadre du projet ADM. Grâce à ce coup de pouce providentiel, elle dispose maintenant d'équipements de séchage modernes et d'un entrepôt frigorifique, à portée de main.
Aujourd'hui, plusieurs années après l'achèvement du projet, l'activité de Chung est en plein essor. La Société de traitement de produits de la mer Phat Huy emploie ainsi 20 personnes et traite 24 tonnes de poisson chaque année.
Depuis que l'entreprise de Chung a décollé, sa famille aussi met la main à la pâte. Comme d'autres aquaculteurs locaux, son époux est passé de l'élevage de la crevette à celui du tilapia et du poisson-chat pour approvisionner l'usine. Quant à ses deux enfants, dont elle a pu financer les études universitaires, ils sont rentrés au pays pour développer l'entreprise par le biais du commerce électronique.
Maintenant qu'elle a transformé ses propres moyens d'existence, Chung voudrait aider les autres à faire de même. « Avec mes enfants, nous avons de grands projets: aider les familles à échapper à la pauvreté que nous avons connue », nous confie-t-elle.
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Lorsque les petits producteurs et productrices disposent des ressources nécessaires à la réussite de leurs activités, ils n'en tirent pas seulement des avantages à court terme. Ils permettent à leur famille de sortir de la pauvreté intergénérationnelle et transforment durablement leur communauté.
Ainsi, les investissements du FIDA en faveur des populations rurales contribuent à bâtir leur avenir, et portent leurs fruits encore longtemps après l'achèvement des projets tout en assurant un développement véritablement durable.
En savoir plus sur les populations rurales qui ont participé au projet AMD.