Paroles rurales | 10 octobre 2024

Des abricots de catégorie A dans la vallée de la Hunza

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Nichée dans la chaîne montagneuse de Karakoram, dans la région du Gilgit-Baltistan administrée par le Pakistan, la vallée de la Hunza est réputée pour ses abricots secs, des joyaux qui sont au cœur de l'alimentation locale.

Et aujourd'hui, grâce à un partenariat public-privé-producteurs (4P) établi dans le cadre du projet ETI-GB, financé par le FIDA, ces fruits acquièrent une renommée qui va bien au-delà des montagnes.

Les femmes des familles productrices d'abricots se sont organisées en coopératives villageoises, au sein desquelles elles sont formées et bénéficient d'équipements qui leur permettent d'améliorer la qualité des fruits, de réduire les pertes alimentaires et de produire des dérivés recherchés, comme des confitures et des jus.

Le modèle 4P consiste à mettre les producteurs et productrices en relation avec des entreprises privées. Ces dernières, du fait de leur taille, ont accès à des marchés plus importants et bénéficient de prix avantageux si la fourniture est fiable et les produits de très bonne qualité. Que ce soit les producteurs, les transformateurs ou les entreprises, toute la filière est gagnante.

Samina, la productrice d'abricots

Samina est une petite productrice et trie ici des abricots secs dans la vallée de la Hunza, au Gilgit-Baltistan. © ETI-GB

« Avant de bénéficier de l'aide d'ETI-GB, les pertes étaient considérables », explique Samina, productrice d'abricots de 51 ans dans la vallée de la Hunza.

Autrefois, nombre des fruits produits par les 35 abricotiers de son exploitation familiale n'étaient pas récoltés. Ceux qui l'étaient étaient mis à sécher sur des pierres plates ou des branches de saule. Souvent, ils séchaient mal, étaient exposés à la pluie et à la poussière, et étaient trop abîmés pour être vendus. Ou alors, à un prix très bas.

Depuis l'établissement du partenariat avec ETI-GB, Samina a considérablement amélioré la qualité de ses fruits secs, tout en réduisant les pertes alimentaires de 400 kilos.

Désormais, elle utilise des outils de récolte modernes, ainsi que des techniques d'élagage et de greffe pour obtenir de meilleurs fruits. Elle dispose aussi de nouveaux plateaux, sur lesquels les fruits sèchent à l'abri des éléments. Une fois qu’ils sont prêts, elle les trie minutieusement et vend ceux de catégorie A à un prix plus élevé.

En réduisant les pertes et en améliorant la qualité de ses abricots, Samina a accru ses revenus, sans pour autant avoir augmenté sa production. « Grâce à ces revenus supplémentaires, le niveau de vie de notre famille a changé », dit-elle. « Maintenant, nous sommes mieux armés pour faire face aux difficultés économiques et nous avons la stabilité économique suffisante pour payer les frais de scolarité de nos enfants en temps et en heure ».

Salima, la confiturière

Salima, confiturière, pose devant les célèbres abricots de la vallée de la Hunza, au Gilgit-Baltistan. © ETI-GB

Les habitants de la vallée de la Hunza sont fiers du célèbre fruit et obtiennent un excellent prix pour les meilleurs abricots secs entiers. En revanche les fruits qui ne répondaient pas à ces critères étaient souvent jetés.

Mais Salima, 42 ans, est en train de changer cette pratique. Chaque été, elle met de côté les fruits de moins bonne qualité et les transforme en délicieuses confitures.

Aujourd'hui, les touristes se pressent au marché du village pour ramener un peu de la vallée de la Hunza chez eux. Ainsi, Salima génère des revenus supplémentaires pour sa famille, qui peuvent aller jusqu'à 40 000 PR (soit 150 USD).

Farasat, l'entrepreneur

Farasat est entrepreneuret parle du traitement des abricots avec des producteurs de la vallée de la Hunza, au Gilgit-Baltistan. © ETI-GB

Farasat se souvient de la frustration qu'il éprouvait surla qualité des abricots de la vallée de la Hunza. « Avant ce projet, à peine 10% de nos abricots étaient de catégorie A, et 80% à 90% étaient de catégorie B à D », explique-t-il.

Il y a 12 ans, il a créé Karakorum Organics afin de rassembler les producteurs et productrices locaux, et de se faire connaître au-delà de la vallée. Aujourd'hui, son entreprise travaille avec 823 producteurs et productrices soutenus par ETI-GB. Grâce à de meilleures techniques de production, de récolte et de transformation, la différence est flagrante.

« Désormais, 60% à 70% de nos abricots sont de catégorie A et seulement 8% à 10% de catégorie C », raconte Farasat.

Ce saut qualitatif s'est traduit par des revenus accrus pour les producteurs et productrices, et leurs fruits sont vendus à la population locale mais aussi aux touristes et aux clients des grandes villes environnantes.

En outre, en séchant les abricots et en produisant des confitures et des jus conformes aux normes internationales, les paysans pénètrent de nouveaux marchés.

« Cette année, nous avons reçu une commande de Chine pour 18 tonnes d'abricots de catégorie A et 5 tonnes de noyaux d'abricots », dit-il avec fierté.

Et ce n'est que le début. « Nous prévoyons de poursuivre la commercialisation de nos produits à l'international, d'accroître notre présence sur les marchés mondiaux et d'améliorer le bien-être économique de tous nos membres ».

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