Paroles rurales | 4 juillet 2024

En Angola, une coopérative pour des lendemains meilleurs

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Face aux changements climatiques, il devient de plus en plus difficile de se nourrir et de nourrir sa famille dans les zones rurales de l’Angola. Plus fréquentes et plus longues, les inondations et les sécheresses affectent la production agricole partout dans le pays.

Ainsi, près de quatre Angolais sur cinq souffrent d’une insécurité alimentaire modérée ou grave. Un tiers de la population vit avec moins de 2,15 USD par jour.

Toutefois, en unissant leurs forces au sein de coopératives, les petits pêcheurs et exploitants agricoles bâtissent un avenir meilleur pour leur famille.

Dans les zones humides du Nord du pays, l’une de ces coopératives exploite l’immense potentiel de la région en matière d’aquaculture continentale. En pratiquant une pisciculture durable, ses membres augmentent leurs revenus tout en garantissant à leur famille un apport en nutriments essentiel à une bonne santé.

L’union fait la force

Pour João Cesar Binzole, agriculteur et père de douze enfants dans la province de Malanje, il fut un temps où assurer à sa famille une alimentation suffisante était un combat de tous les instants. Tout a changé quand il a fondé la coopérative Binzole.

Appuyé par le Projet d’appui à la pêche artisanale et à l’aquaculture – ou AFAP, son acronyme anglais –, il gère aujourd’hui un réseau florissant de bassins piscicoles et de jardins potagers communautaires.

João Cesar et ses partenaires ont été formés à des pratiques d’élevage et de transformation du poisson permettant de maximiser les rendements tout en diversifiant les sources de nourriture et en assurant un approvisionnement en eau propre. Non seulement leur régime alimentaire s’est amélioré, mais ils disposent aussi d’un filet de sécurité lorsqu’ils en ont le plus besoin.

Une partie des bénéfices de la coopérative est utilisée pour élargir l’accès aux services de santé, soutenir l’investissement dans des entreprises et améliorer la production agricole au moyen de prêts à taux zéro.

« Même quand les temps sont durs, on a toujours de quoi remplir nos assiettes », explique João Cesar. « Et nous avons un fonds pour les coups durs – en cas de décès, par exemple, nous pouvons soutenir la famille endeuillée. »

Aujourd’hui, les revenus de João Cesar sont plus que suffisants pour subvenir aux besoins de toute sa famille. À la clôture du projet, la coopérative récoltait 900 kg de poissons par bassin, soit près du double de la moyenne mondiale dans des exploitations comparables.

Dans la province de Malanje, en Angola, João Cesar a fondé la coopérative Binzole, qu’il dirige aujourd’hui. © FIDA/António Penelas

Montrer la voie à la jeunesse rurale

João Cesar a inspiré sa fille Domingas, 24 ans, qui marche maintenant sur les traces de son père. En plus de son activité de trésorière adjointe de la coopérative Binzole, elle participe aux tâches quotidiennes, comme l’entretien de l’exploitation et le nettoyage des viviers.

Grâce à la coopérative, Domingas s’occupe mieux de sa famille: non seulement elle a pu pu économiser pour acheter une maison, mais elle a aussi adopté des pratiques plus saines. Notamment, elle assure le traitement de l’eau potable et prépare des repas équilibrés, ce qui garantit à ses filles en bas âge de grandir en bonne santé.

Autre nouveauté qui a changé la donne pour Domingas et d’autres jeunes mères de la coopérative: les nutri-bassins. Il s’agit d’une innovation mise en place grâce au Projet AFAP; contrairement aux bassins à vocation commerciale, ces petits bassins partagés sont destinés à la consommation personnelle.

Résultat: les membres de la coopérative n'ont plus à décider s'ils doivent consommer ou bien vendre leur production issue de bassins à finalité commerciale. Domingas sait que l’assiette de ses filles sera toujours pleine.

« Avant, on vendait toute notre récolte. On ne gardait rien pour notre consommation », se rappelle Domingas. « Maintenant que nous avons été formés à la nutrition, nous savons qu’il faut d’abord assurer notre propre sécurité alimentaire ».

Dans la province de Malanje, en Angola, Domingas a suivi les traces de son père en devenant trésorière adjointe de la coopérative Binzole. © FIDA/António Penelas

Favoriser un développement inclusif

Avant de devenir vice-président de la coopérative Binzole, Jaime João Cunda a suivi un parcours original. Autrefois mineur et athlète paralympique, il a fait la connaissance des membres de la coopérative en tant qu’alphabétiseur dans le cadre du projet AFAP.

Enthousiasmé par leur travail, il a décidé, à 31 ans, de rejoindre lui aussi cette communauté et de se lancer dans la pisciculture. Après avoir suivi une formation à l’entrepreneuriat, il a ouvert un petit magasin et creusé son propre bassin.

Aujourd’hui, la large palette de compétences de Jaime João profite à l’ensemble de la coopérative, et ses revenus accrus lui permettent de prendre en charge la scolarité et les soins médicaux de ses enfants.

Ancien athlète paralympique, Jaime João est aujourd’hui vice-président de la coopérative Binzole dans la province de Malanje, en Angola. © FIDA/António Penelas

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João Cesar, Domingas et Jaime João, en rejoignant la coopérative Binzole pour unir leurs forces, ont permis à leur entreprise individuelle de profiter de la synergie du groupe.

Au sein de leur communauté, ils prospèrent en exploitant ensemble leurs bassins de pisciculture et leurs jardins, tout en contribuant à fournir aux populations rurales de l’Angola la nourriture équilibrée dont elles ont besoin pour bien vivre, aujourd’hui comme demain.

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