À Cuba, l’électricité propre alimente la résilience en milieu rural
Cuba connaît des pannes d'électricité récurrentes. Mais sur sa côte Est, une transition énergétique est en route.
La mer monte et menace en Égypte les plaines fertiles du delta du Nil
« Voici les nouvelles terres », nous annonce-t-on alors que nous roulons vers la région de Motobas, dans le mythique delta du Nil.
Il y a moins de dix ans, ces terres étaient improductives, inhabitées et éloignées des sources d’eau potable.
Mais aujourd’hui, les champs cultivés s’étendent à perte de vue, irrigués par des canaux. Des villages naissent au fur et à mesure que les habitants des zones densément peuplées investissent ces nouvelles terres, riches en promesses d’emploi.
Les terres le long du Nil ont toujours été fertiles. Les populations de l'Égypte antique ont ainsi été parmi les premières à pratiquer l’agriculture à grande échelle.
Mais alors que les températures à la surface du globe augmentent, le niveau des océans fait de même, transformant ce territoire de très basse altitude en l’une des trois zones critiques les plus vulnérables aux changements climatiques dans le monde.
En plus des canicules, la population locale doit faire face à la salinité accrue des sols au fur et à mesure que l’eau de mer infiltre les terres arables.
Cette plus grande concentration en sel signifie que des cultures autrefois florissantes périclitent, leurs racines rongées par la terre salée. Alors, les agriculteurs adoptent des cultures plus résilientes.
Les populations locales ne sont pas les seules à subir ces conséquences. Le delta du Nil est le grenier à blé de l'Égypte, représentant près des deux tiers des terres agricoles du pays et un cinquième du PIB national.
Grâce au Projet en faveur d’investissements et de moyens de subsistance durables dans le secteur agricole (SAIL), les infrastructures, la formation et les services se conjuguent pour non seulement protéger les terres mais aussi pour améliorer la qualité de terres autrefois peu fertiles.
Sabrina Dhowre Elba, Ambassadrice de bonne volonté auprès du FIDA, des collègues du FIDA, ainsi que coordinateurs et bénéficiaires du projet, nous racontent comment SAIL a changé la vie des populations.
Des maisons qui marchent à l’urée
Sabrina Dhowre Elba, Ambassadrice de bonne volonté auprès du FIDA
Dès que je l’ai rencontrée, Soso Mohamed Ali Yousef m’a impressionnée.
Elle nous a accueillis devant sa maison, impatiente de nous montrer le nouveau système de biogaz qui a amélioré sa vie. Ce système simple mais innovant transforme l’urée du bétail en gaz permettant de cuisiner.
Dans sa maison, elle nous montre la gazinière sur laquelle, un peu plus tôt dans la journée, elle a fait cuire du riz et de la viande pour elle et ses trois enfants.
Grâce au biogaz, elle n’a plus à acheter de bombonnes et économise ainsi 8 USD par mois compte tenu des prix actuels.
Mais ce n’est pas tout. Elle utilise les dérivés du système de biogaz comme engrais, nourrissant ses plants de bersim et ses agrumes. Et j’ai gouté ses oranges, elles sont délicieuses!
J’ai été saisie par la force de cette femme et les transformations colossales qu’une technologie relativement simple — et durable — a pu provoquer dans la vie des populations.
Tout un écosystème sous le même toit
Hany Darwish, Coordinateur du projet SAIL
Il faut le voir pour le croire mais l’aquaponie est un système simple qui crée une relation mutuellement bénéfique. Le principe? L’eau issue d’un bassin à poisson circule à travers les pousses avant de revenir aux poissons.
Ayant accès en permanence aux nutriments fournis par les poissons, les plants grandissent rapidement.
Ici, les agriculteurs ont confiance en l’avenir: cette méthode de culture respectueuse de l’environnement, facile à mettre en place et riche en nutriments signifie qu’ils disposent d’une source de revenus stable et de quoi se nourrir.
De plus, ce système peut être installé dans des jardins, voire sur des toits, en tirant parti des surfaces disponibles.
Alors que les sécheresses et les canicules sont plus fréquentes, l’aquaponie, qui utilise jusqu’à 90% d’eau en moins que les systèmes agricoles traditionnels, offre aux paysans un avenir de résilience.
La boucle est bouclée
Madiha Hamdy Abdel Raouf, participante au projet SAIL
Ma vie d’avant était très différente, sauf que j’ai toujours aimé coudre. Mais j’avais du mal à joindre les deux bouts avec une seule machine à coudre rudimentaire.
Et puis j’ai entendu parler du projet SAIL. Grâce à lui, j’ai pu suivre une formation et recevoir deux autres machines.
Cela a changé ma vie. Avec l’argent que j’ai gagné en vendant mes produits sur le marché, j’ai acheté une autre machine et je forme des jeunes femmes afin qu’elles puissent gagner leur vie.
Et grâce à mes revenus, je peux investir dans l’éducation de mes enfants.
La durabilité est une seconde nature chez moi. Je crée des habits à partir de matériaux recyclés. D’autres membres de la Green Country Women Association — qui est rattachée à SAIL, et nous dispense des formations, entre autres types d’aide — utilisent des chutes textiles pour créer des tapis tissés à la main.
Ouvrir la voie vers un avenir meilleur
Dina Saleh, Directrice régionale du FIDA
L’Afrique de l’Est est en proie à une sécheresse sans précédent. En Egypte, l’agriculture a toujours été tributaire de l’irrigation, tirant parti au mieux d’un Nil généralement abondant.
Mais les paysans que j’ai rencontrés dans les champs m’ont raconté qu'à cause du manque d'eau, ils ne pouvaient pas cultiver. Ils m’ont expliqué que les prix des engrais et d’autres intrants avaient augmenté et que les sols, autrefois fertiles, détruisaient aujourd’hui leurs récoltes au lieu de les nourrir.
Ces agriculteurs sont victimes des crises croisées dont nous entendons tant parler ces jours-ci: changements climatiques, conflits, crise alimentaire mondiale.
Mais tout espoir n’est pas perdu.
Près de nous, coule un canal qui charrie de l’eau propre grâce aux investissements du FIDA et de partenaires publics nationaux. En gérant l’eau grâce à des pratiques conjuguant irrigation et agriculture, ces paysans utilisent cette ressource efficacement et gagnent leur vie malgré la crise climatique.
Ayant vu le résultat de mes propres yeux sur le terrain, je peux dire qu’aucune institution n’est actuellement plus qualifiée pour traiter les problèmes rencontrés par les agriculteurs que le FIDA.
Transformer l’urée en gaz pour cuisiner. Rendre la vie à des terres stériles par l’irrigation. Faire vivre les plantes et les poissons en symbiose. Donner une seconde vie aux textiles.
Le delta du Nil est une terre de transformations.
Le projet SAIL y joue son rôle, s’efforçant d’aller au-delà des solutions agricoles pour fournir aux communautés rurales un appui adapté à leurs besoins, à leurs ressources et à leurs compétences.