Paroles rurales | 10 décembre 2024

Les miracles du marketing pour les entrepreneuses et entrepreneurs ruraux

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Les communautés rurales sont à l’origine d’une offre diversifiée en aliments aussi savoureux que nutritifs. Or, elles peinent souvent à faire connaître leurs produits aux consommateurs potentiels, en particulier dans les pays en développement.  

Cette situation est regrettable pour tout le monde: pour les consommateurs, qui ne peuvent pas profiter de cette manne de denrées alimentaires issue des petites exploitations, et pour les agriculteurs et agricultrices, qui n’en obtiennent pas un prix juste. 

Mais, grâce au soutien du FIDA, les agriculteurs d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient commercialisent de manière efficace leurs produits, dont la qualité est enfin reconnue à sa juste valeur. 

Combler les lacunes

Des petits exploitants récoltent des hibiscus à Wadi Al-Sayada, en Égypte. © SAIL PMU

Les agriculteurs de Wadi Al-Sayada ont toujours su que leur hibiscus, leur sésame et leur basilic étaient parmi les meilleurs produits qu’on peut trouver en Haute-Égypte. Toutefois, le marché le plus proche se trouvant à 25 kilomètres, c’est-à-dire trop loin pour leur permettre de s’y rendre régulièrement et y vendre leurs produits au juste prix, ils devaient précédemment se contenter des prix bas proposés par les intermédiaires. 

Mais c’était avant le projet SAIL, financé par le FIDA, qui les a aidés à créer une association de commercialisation pour stimuler la production agricole, augmenter la valeur ajoutée des produits et faciliter l’accès aux marchés. Regroupant plus de 5 000 ménages dans six villages, elle offre aux exploitants de Wadi Al-Sayada une force collective inédite de commercialisation de leurs produits. 

Non seulement les agriculteurs ont reçu une formation et du matériel pour mieux emballer leurs produits, mais ils ont aussi pu explorer collectivement de nouveaux canaux de commercialisation et faire connaître leurs produits dans des foires agricoles, au Caire et à Assouan. Ils ont également adopté de nouvelles cultures, dont le soja et le tournesol, pour une production encore plus diversifiée. 

Les résultats ne se sont pas fait attendre. L’association a conclu des contrats liant plus de 350 producteurs locaux à des acheteurs et des entreprises de tout le pays, et leurs revenus ont bondi.  

« L’association de commercialisation a signé un contrat pour moi et pour d’autres agriculteurs locaux », explique Abdel Moneim, un des participants. « Nous vendons nos hibiscus pour un prix 30% plus élevé qu’avant. » 

Réussite certifiée

Mouna (au centre) avec deux associés de la coopérative TIMICHA, à Aghbala, au Maroc. © © Mouna Idrissi

Dans les montagnes de l’Atlas, au Maroc, les vergers de pommiers sont couverts de fleurs au printemps et chargés de fruits bien mûrs à l’automne. Pour éviter de gaspiller une partie de cette généreuse production, Mouna a fondé TIMICHA, une coopérative agricole visant à transformer le surplus de pommes en vinaigre

Mais Mouna était consciente que, pour vendre sur les marchés le vinaigre produit dans la montagne, il lui fallait plus qu’un excellent produit. Elle avait besoin de marketing et, en premier lieu, il lui fallait démontrer la qualité de son produit. 

Elle s’est alors adressée à l’Office national de la sécurité sanitaire des produits alimentaires pour faire certifier son vinaigre. Munie de ce précieux sésame, elle s’est attelée à accroître la visibilité de sa coopérative, en ligne et sur les réseaux sociaux, avec le soutien du Projet de développement rural des montagnes de l’Atlas; les ventes n’ont pas tardé à décoller. 

Aujourd’hui, la coopérative TIMICHA va de succès en succès. Son activité est en plein essor: Mouna négocie des partenariats avec des chaînes nationales de supermarchés, et la coopérative a récemment été saluée par les autorités publiques pour son rôle dans l’autonomisation des femmes. 

Construire une marque

Jamelah au milieu de bocaux de ses célèbres conserves de fruits et légumes © FIDA/Roger Anis

En Jordanie, le FIDA aide les entrepreneurs ruraux à mieux emballer leurs produits et à améliorer leur image, gage de confiance pour les consommateurs. Prenons l’exemple de Jamelah, reconnue au sein de sa communauté pour ses savoureuses conserves. 

 

Grâce à la formation et au petit don de démarrage qu’elle a reçus dans le cadre du Projet d’appui à la croissance économique et à l’emploi en milieu rural, elle a pu mettre à profit son savoir-faire et créer une petite entreprise pour vendre les produits dont sa famille et ses amis profitaient depuis longtemps. Prochaine étape? Étendre sa zone de chalandise.  

 

« Je ne connaissais rien au marketing, et j’étais mal à l’aise à l’idée de le pratiquer, mais j’ai appris, et j’ai augmenté les ventes de tous mes produits », confie-t-elle. « Maintenant, j’ai une marque! » 

 

Jamelah a mis en œuvre des stratégies marketing efficaces, en s’appuyant notamment sur des codes QR d’information, et sa marque est désormais bien connue dans les foires agricoles et sur les marchés locaux – elle a même commencé à vendre en ligne ses conserves. Les acheteurs de sa vitrine Facebook en veulent toujours plus, et elle doit maintenant garder en permanence cinq congélateurs remplis de produits pour répondre à la demande. 


Dans les zones rurales d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, les petits exploitants fournissent déjà à leur famille et à leur communauté de savoureux aliments. Or, avec un appui leur permettant d’investir et de se former à des techniques efficaces de marketing, ils peuvent assurer la visibilité de leurs produits bien au-delà de leur zone locale – et mieux profiter de leur dur labeur. Une situation dont tout le monde bénéficie, en particulier les nouveaux consommateurs.  

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