En images | Cultiver et protéger la Terre nourricière
Á la rencontre de celles et ceux qui ont répondu à l'appel de la Terre, protègent les habitats naturels et en récoltent les fruits généreux.
Les systèmes alimentaires s'érodent en raison des changements climatiques, de la perte de biodiversité et de la destruction des écosystèmes.
L'épuisement des sources d'eau et les graves sécheresses ont pour conséquence de dégrader les sols: près d'un quart des terres de notre planète ont perdu en productivité.
Mais il est encore possible d'inverser la tendance, de restaurer les écosystèmes et de gérer nos terres et nos ressources en eau de manière durable – à condition que les populations rurales soient les fers de lance de cette gageure.
Apprendre des populations locales
Dans le sud de la Mauritanie, le manque de précipitations a transformé les champs en terres stériles où rien de pousse. Et quand la pluie arrive enfin, elle se déverse en torrents qui emportent avec eux la couche arable.
Les habitants du village d'Ifeih Ould Messoud savaient que pour être fertiles, les sols devaient pouvoir retenir l'eau mais ils manquaient de ressources pour remédier à la situation.
Aujourd'hui, dans le cadre du Projet de gestion durable des ressources naturelles, d’équipement communal et de structuration des producteurs locaux (PROGRES), soutenu par le FIDA, ils construisent des digues afin de contrôler les inondations et de protéger les champs des pluies torrentielles, tout en permettant à l'eau de s'infiltrer lentement dans les sols.
Au fil du temps, le sol fertile va s’accumuler et abriter des réserves abondantes d'eau souterraine. Les cultures et la végétation sauvage pourront ainsi s'épanouir et freiner la progression du désert.
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Sidi Oumarou construit des gabions à l'aide de pierres à Ifeih Ould Messoud (Mauritanie). PROGRES paye les populations locales pour renforcer les digues, l'objectif étant que ces dernières puissent retenir les pluies torrentielles tout en stockant les eaux de ruissellement pour irriguer les champs. © FIDA/Ibrahima Kebe Diallo |
Autonomiser les femmes
Alors qu'elles représentent près de la moitié des personnes rurales employées dans le secteur agricole, nombre de femmes ne sont pas propriétaires de la terre qu'elles travaillent, ce qui les empêche de faire ce qu'il faut pour la restaurer.
Au Niger, à la mort de son mari, Indo n'a pas pu hériter des terres familiales car la coutume le lui interdisait. Faute d’être entretenues, celles-ci ont été sous ses yeux englouties par le désert.
Bien décidée à ne pas laisser ses terres tomber en déréliction, Indo a pris contact avec le club Dimitra, un groupe local soutenu par le Programme conjoint d'accélération des progrès en faveur de l’autonomisation économique des femmes rurales. Les responsables lui ont présenté le cadre juridique, en vertu duquel elle était en droit d'hériter.
Après avoir obtenu gain de cause auprès de la commission foncière, Indo a commencé à mettre en place des mesures pour protéger ses terres de la désertification. Elle utilise des pesticides biologiques et du fumier pour préparer les champs de manière durable et restaurer les sols.
En tant que propriétaire foncière, elle gagne désormais suffisamment pour subvenir aux besoins de ses enfants, tout en endiguant à sa petite échelle l'avancée du désert.
Décisions collectives
Par le passé, les éleveurs et éleveuses de la région de Khatlon, au Tadjikistan, faisaient paître leurs troupeaux sans coordination ni planification. Cette pratique a entraîné une dégradation des pâturages partagés.
Mais aujourd'hui, les choses ont changé. Les habitants du village ont mis leurs troupeaux en commun et font appel à des bergers, comme Davlat Safarov, pour les faire paître selon un calendrier de pâturages tournants établi par l'Union des utilisateurs des pâturages.
Grâce à cette plateforme, créée dans le cadre du Projet de développement de l'élevage et des pâturages que soutient le FIDA, les communautés décident ensemble de la gestion de leurs pâturages de manière juste et durable, en tenant compte des intérêts particuliers des pasteurs et de l'environnement.
« Nos pâturages ont été restaurés et on y trouve de l'herbe pour le bétail et d'autres plantes », explique Davlat. « Nos bêtes sont désormais en meilleure santé et plus productives. Nous sommes heureux ».
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Davlat Safarov est l'un des bergers recrutés par le village (région de Khatlon) pour faire paître collectivement les troupeaux. La technique des pâturages tournants favorise la pousse de l'herbe, évite que le foin vienne à manquer et freine le grave phénomène d'érosion des sols. © FIDA/Didor Sadulloev |
Changer ce qui ne fonctionne plus
En raison de la croissance démographique et des pressions accrues sur les écosystèmes, certaines méthodes agricoles traditionnelles ne fonctionnent plus.
En Inde, les agriculteurs et agricultrices de l'État de Mizoram pratiquent le jhum, qui consiste à défricher un pan de forêt en y mettant feu, puis à le cultiver pendant un certain nombre d'années. Cette technique avait sa place lorsque la terre était mise au repos pendant plusieurs années avant d'être à nouveau utilisée. Mais les terres disponibles étant de plus en plus rares, la période de jachère a été réduite de moitié et les sols n’ont plus le temps de se reconstituer.
Le Projet d’encouragement des systèmes d’exploitation agricoles résilients face aux changements climatiques dans les hautes terres du Nord-Est (FOCUS), soutenu par le FIDA, collabore avec des paysans et paysannes pour leur enseigner des techniques plus durables, telles que l'agroforesterie, la gestion de l'eau et l'agriculture intégrée, qui encouragent l'agriculture sédentaire durable.
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Terrasses construites dans le cadre du projet FOCUS afin que les agriculteurs et agricultrices puissent planter des cultures à flanc de colline et ainsi délaisser le jhum au profit de l'agriculture sédentaire. © FOCUS |
Les terres ont une capacité extraordinaire de régénération, à condition qu'on leur en laisse la possibilité. En donnant aux populations rurales les moyens d’agir – elles dépendent au premier chef de ces terres – et en les associant aux décisions, restaurer les sols dégradés et rendre les systèmes alimentaires durables devient possible. Soignons les problèmes à la racine.