Getting good grades: apricot farmers in the Hunza Valley strive for the best
Thanks to a new partnership model, apricots are making their way from the Karakoram Mountains to the rest of the world.
La production alimentaire, aussi durable soit-elle, a un prix. Le secteur agricole a besoin de main-d'œuvre, de financements et de ressources naturelles, et génère inévitablement et a minima des déchets et des émissions.
Pourtant, une part gigantesque de ces coûts est investie dans des aliments qui ne sont tout bonnement jamais consommés.
De fait, les pertes et le gaspillage alimentaires représentent près de la moitié des gaz à effet de serre émis chaque année par les systèmes alimentaires à travers le monde. C’est incroyable, mais 13,2% des aliments que nous cultivons ne parviennent jamais jusqu'aux consommateurs et, quand c’est le cas, une quantité encore plus importante est jetée sans avoir été mangée.
C'est pourquoi la réduction des pertes alimentaires est l'arme secrète qui permettrait de renforcer la sécurité alimentaire, sans coûts humains ou environnementaux supplémentaires. Avec l'appui du FIDA, partout dans le monde, de nombreux petits producteurs et productrices agricoles appliquent des techniques simples et financièrement rationnelles afin de s'assurer que les aliments produits se retrouvent effectivement dans nos assiettes.
Depuis plus de 20 ans, Savelio prend tous les matins la mer sur son canoé pour récolter des algues raisins de mer, un mets très apprécié au Samoa. Une fois rentré chez lui, il enveloppe sa récolte dans des feuilles d'arbre à pain et la vend sur son stand au bord de la route, juste à côté de sa maison.
Jusqu'à il y a peu, les raisins de mer s'abîmaient souvent à cause de la chaleur avant même d'avoir été vendus. Savelio aurait donc pu gagner bien davantage et voyait ainsi gâché une partie de son temps et de ses efforts.
Grâce à l’appui du Mécanisme de relance en faveur de l’agriculture et des zones rurales dans les îles du Pacifique, Savelio a désormais des glacières dans lesquelles il peut stocker sa récolte et en préserver la qualité jusqu'à ce que ce soit le bon moment de les vendre. Cet investissement a permis d'augmenter ses revenus journaliers de 10 talas (soit 3,60 USD) et d'améliorer le rendement de son dur labeur.
En Afrique subsaharienne, un cinquième de toute la nourriture produite est perdue avant même d'atteindre les revendeurs ou les consommateurs. La région enregistre le plus fort taux de pertes alimentaires au monde.
Mais au Kenya, des petits producteurs et productrices agricoles tentent d'y remédier. Grâce à des bons d'achat électroniques reçus dans le cadre du projet KCEP-CRAL, ils peuvent acheter des sacs hermétiques qui protègent les céréales des nuisibles et réduisent les pertes.
Cette mesure simple et peu coûteuse peut considérablement faire baisser le taux de pertes alimentaires, le faisant passer d'une moyenne annuelle de 14 % à moins de 1 %. Paul est négociant en produits agricoles et vend ces sacs. Il a commencé à les utiliser pour protéger ses propres céréales après avoir constaté leur succès auprès de ses clients.
« Avant, on ajoutait des conservateurs aux grains de maïs qu'on gardait pendant six mois. Au bout de ces six mois, il fallait ouvrir les sacs et ajouter à nouveau des conservateurs pour pouvoir les stocker », explique-t-il. « Aujourd'hui, une fois que mes grains de maïs sont secs, je les mets dans un sac hermétique que j'ouvre uniquement lorsque je suis prêt à les vendre ».
Les paysans de Mulunguzinho, dans le nord-est du Brésil, cultivent depuis longtemps la noix de cajou, qui se plaît particulièrement dans cette partie du pays. Mais il fut un temps où la chair goûteuse de la pomme de cajou dont est issue la noix était largement sous-utilisée. Si une partie servait à nourrir le bétail, la majorité finissait simplement par tomber et pourrir au sol.
Aujourd'hui, les cultivateurs et cultivatrices récoltent aussi le fruit – tout cela grâce à une innovation de femmes de la région. Lorsque ces dernières ont eu l'idée de conserver la pulpe de la pomme de cajou en la congelant, cette solution s'est vite propagée.
Avec l'aide de FO4LA, projet financé par le FIDA, elles ont monté une usine de transformation où elles extraient, testent et congèlent la pulpe du fruit, qu'elles vendent ensuite à des restaurants, des hôpitaux et des écoles, où des chefs cuisiniers la transforment en des jus et des friandises délicieux.
« Aujourd'hui, à chaque fois que je vois une noix, je pense à toutes les familles qui sont nourries grâce à la pulpe de nos fruits », dit Ivoneide, responsable de l'usine.
Sous le climat tropical de Sierra Leone, les oignons fraichement récoltés peuvent vite se couvrir de moisissure et mettre en péril les revenus des agriculteurs et agricultrices.
« Avant, nous devions vendre nos oignons rapidement et à bas prix parce qu'ils étaient périssables et que nous n'avions aucun moyen fiable de les stocker », explique Mary Nabie, petite productrice.
Grâce au séchoir fourni par le projet AVDP, Mary Nabie a réduit les pertes alimentaires et augmenté ses revenus. Avec son groupe de femmes, elle fait désormais en sorte que les oignons récoltés développent un collet sec comme du papier et une peau épaisse pour les prémunir de la moisissure.
De plus, le groupe dispose aujourd'hui d'un endroit où stocker les oignons en attendant de les vendre. Mary Nabie est l'une des 30 membres du groupe de femmes qui ont décidé de faire pot commun pour construire un lieu de stockage où entreposer les oignons à la bonne température et pour les protéger des nuisibles.
Les vergers de la vallée de Rasht, dans le centre du Tadjikistan, sont connus pour leurs délicieuses pommes et poires mais cette manne est souvent perdue. Faute de suffisamment d'installations de stockage et de transformation, une grande partie des fruits pourrissent ou sont dévorés par les animaux.
Mais grâce à la formation et au matériel fournis dans le cadre du Projet communautaire d’appui au secteur agricole, des femmes de cette région isolée s'efforcent de préserver l'entièreté de leurs récoltes.
Dans le village de Jafr, Zulhijamo est à la tête d'un groupe de 15 femmes qui allongent la durée de vie des fruits en les mettant en conserve. Cette solution est une nouvelle source non seulement de revenus, mais aussi d'aliments nutritifs sur lesquels elles peuvent compter en cas d'urgence, par exemple lorsque la neige ou les glissements de terrain coupent tout accès au village par la route.
Pour Zulhijamo et ses associées, le fait de réduire les pertes alimentaires grâce à leur conserverie a donné lieu à nombre de transformations. « Notre vie a changé », dit-elle. « Nous avons réussi à surmonter les difficultés ».
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Le stockage et la transformation sont les héros méconnus de la lutte contre l'insécurité alimentaire et la pauvreté. En tirant tout le parti du travail et des intrants déjà mis en œuvre, plutôt qu'en en mobilisant de nouveaux, les petits producteurs et productrices agricoles peuvent aider les communautés à mieux se nourrir, sans que cela coûte plus cher.
C'est pourquoi la réduction des pertes alimentaires est un outil clé du développement durable. Elle ne fait peser aucun poids supplémentaire sur les ressources naturelles. Les producteurs et productrices ont tout à y gagner. Et la planète aussi.