À quoi servent les financements climatiques? Toutes les réponses à vos questions

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À quoi servent les financements climatiques? Toutes les réponses à vos questions

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©FIDA/Marco Salustro

Beaucoup d'éléments sont à prendre en compte pour déterminer comment payer les coûts liés au changements climatiques.

En 2015, à la vingt-unième Conférence des Parties (COP 21) lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, la quasi-totalité des pays du monde se sont engagés à apporter des contributions déterminées au niveau national (CDN), un plan d’action climatique pour réduire les émissions et s’adapter aux effets des changements climatiques, à mettre à jour tous les cinq ans.

Au niveau des pays sont également menés des procédures nationales de planification de l’adaptation, ou plans nationaux d'adaptation (PNA) pour analyser et évaluer la vulnérabilité aux changements climatiques puis définir et mettre en place les meilleures mesures d’adaptation.

Mais les engagements sur le papier ne suffisent pas: ils doivent être financés.

Naturellement, cela nécessite d'être débattu. Quel est le montant des fonds nécessaires ? Où doivent-il être affectés ? Les réponses à ces questions auront une incidence sur le bien-être et la prospérité de de la planète dans les années qui viennent.

Les financements climatiques sont un sujet complexe à propos duquel nous recevons beaucoup de questions. Voici les réponses à quelques-unes des questions qui nous sont le plus fréquemment posées.

Les financements climatiques -  c’est quoi et à quoi servent-ils?

Les financements climatiques sont des fonds mobilisés au niveau local, national ou international et destinés à la lutte contre les changements climatiques. Ils touchent toutes sortes de domaines – allant de l’élaboration des politiques à l’action sur le terrain – qui permettent d’améliorer concrètement la vie des populations. Ces fonds peuvent provenir d’entités publiques ou privées, ou d’autres sources de financements.

Les financements climatiques sont indispensables à la fois afin d’atténuer les émissions responsables des changements climatiques et d’aider les populations et les économies à s’adapter à des changements désormais inévitables. Si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites immédiatement, il sera impossible de limiter le réchauffement à 1,5 °C, voire 2 °C, ce qui ferait basculer le monde dans une situation catastrophique. Pendant ce temps les changements climatiques ont déjà des effets dévastateurs sur les personnes, la nature et les infrastructures.

Dans l’Accord de Paris, il a été décidé que les pays développés octroieraient des ressources financières pour aider les pays en développement à s’acquitter de leur contribution déterminée au niveau national (ou CDN), à financer les mesures d’atténuation et d’adaptation, et à mobiliser davantage de fonds en faveur de l’action climatique.

Cependant, les engagements pris à ce jour restent insuffisants pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

C’est particulièrement vrai pour les petites producteurs agricoles, qui ne reçoivent que 10 milliards d’USD, soit 1,7% du total des financements climatiques – une partie infime du montant nécessaire.

Quel est le montant nécessaire de financements climatiques pour financer les mesures d’atténuation et d’adaptation?

Les financements climatiques aident les pays à s’acquitter de leur CDN et à mener leur procédure de planification de l’adaptation. Mettre à disposition les financements qui leur sont nécessaires est donc indispensable pour avancer vers la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris.

Les pays développés doivent investir au moins 100 milliards d’USD par an à cette fin. Il faut notamment combler les déficits de financement en matière d’atténuation et d’adaptation. Le déficit de financement à l’échelle mondiale pour les mesures d’adaptation est important et il s’accroît. On estime que le coût des mesures d’adaptation dans les pays en développement devrait s’élever à 340 milliards d’USD par an d’ici 2030, et jusqu’à 565 milliards d’USD par an d’ici 2050. Et le chiffre est encore plus élevé concernant les mesures d’atténuations : puisqu’il faudrait y investir 850 milliards d’USD supplémentaires par an d’ici 2030.

Si l’on veut limiter le réchauffement à 1,5 °C, nous devons faire en sorte de ne plus produire aucune émission d’ici à 2050, en accélérant la sortie du charbon, en mettant fin à la déforestation et en encourageant le reboisement, en favorisant l’adoption de véhicules électriques et en investissant dans les énergies renouvelables. Ce changement crucial nécessitera des milliers de milliards d’USD de financements publics et privés.

Après la COVID-19, les financements climatiques en faveur des petits producteurs sont-ils vraiment une priorité?

Trois fois oui. La COVID-19 frappe durement les petits producteurs ruraux, réduisant leurs revenus et augmentant l’insécurité alimentaire. Les changements climatiques les frappent encore plus durement.

Les événements météorologiques extrêmes compromettent les moyens d’existence et perturbent les systèmes alimentaires des personnes qui n’ont que peu ou pas de protection financière contre les chocs violents.

Les petits exploitants agricoles produisent 60 à 80% des aliments dans les pays en développement. Si les rendements baissent, des millions de personnes risquent de basculer dans l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Cela pourrait conduire à des troubles civils, des conflits ou des migrations forcées, entre autres conséquences.

Les petits producteurs sont les piliers des systèmes alimentaires et les protecteurs des écosystèmes. Grâce aux financements et aux outils nécessaires pour s’adapter, ils peuvent assurer une gestion durable de l’environnement et aider les pays à respecter les engagements pris au titre de l’Accord de Paris, grâce à l’agroécologie et aux solutions fondées sur la nature.

Comment orienter le plus efficacement possible les financements climatiques en faveur des petits producteurs?

Le secteur public et le secteur privé doivent collaborer afin d’atténuer les risques liés aux investissements dans l’agriculture et de mobiliser encore davantage de ressources financières. Pour combler le déficit de financement, il nous faudra aussi tirer parti des ressources publiques consacrées à l’action climatique pour trouver des moyens innovants d'inciter le secteur privé à investir.

Les ressources publiques peuvent être directement allouées aux pouvoirs publics, aux institutions nationales et aux organisations de la société civile, qui peuvent octroyer des prêts bonifiés aux producteurs sous condition d’adoption de pratiques climato-compatibles, verser des subventions sur les primes d’assurance contre les aléas climatiques et établir des instruments novateurs de transfert budgétaire. De telles pratiques peuvent rendre les investissement moins risqués et plus attractifs pour le secteur privé.

Comment le FIDA mobilise-t-il des financements climatiques?

Jusqu`à présent, le FIDA a engagé 990 millions d’USD de financements climatiques dans le cadre de 70 projets. Grâce à une contribution supplémentaire de 300 millions d’USD apportée par nos bailleurs de fonds, nous avons acheminé des financements climatiques et environnementaux à 6 millions de productrices et producteurs vulnérables dans 41 pays dans le cadre de notre Programme d’adaptation de l’agriculture paysanne (ASAP). Sa version améliorée, l’ASAP+, devrait permettre de mobiliser 500 millions d’USD supplémentaires. Notre programme de prêts et dons vise à mobiliser 800 millions d’USD auprès du secteur privé sur une période de deux ans et demi.

Nos partenariats contribuent de manière déterminante à ce que les petits producteurs qui en ont besoin bénéficient de financements climatiques. Le FIDA est accrédité auprès du Fonds pour l’adaptation, du Fonds vert pour le climat et du Fonds pour l’environnement mondial. Entre 2019 et octobre 2021, nous avons mobilisé 283,6 millions d’USD auprès de ces fonds. Il s’agit là d’un progrès considérable en direction de l’objectif consistant à mobiliser 500 millions d’USD de financements climatiques supplémentaires au titre de notre Plan d’action sur les changements climatiques.