Au Bangladesh, protéger les maisons et les moyens d’existence des habitants dans le bassin des Haors

IFAD Asset Request Portlet

Agrégateur de contenus

Au Bangladesh, protéger les maisons et les moyens d’existence des habitants dans le bassin des Haors

Temps de lecture estimé: 5 minutes

Il y a quatre ans, il a suffi d’une seule et terrible journée pour anéantir, sous ses yeux, la vie d’Anjuli Rani Das. Une crue soudaine a englouti sa modeste ferme où elle élevait des canards, emportant sur son passage le fruit de tout le travail accompli ces dernières années.

Aujourd’hui encore, les souvenirs de l’inondation dévastatrice de 2017 restent bien présents dans le bassin des Haors, au nord‑est du Bangladesh. Plus de 200 tonnes de poissons, 1,3 million de têtes de bétail et 3,2 millions de canards et de volailles ont été emportés par les eaux. Près de 90% de la récolte de riz boro a également été détruite – une perte importante, compte tenu du fait que la région assure un sixième de la production de cette variété de riz au Bangladesh. Anjuli, elle, a perdu sa ferme et ses animaux, tandis que son mari, ouvrier agricole, n’a pu tirer aucun revenu de ce qui aurait dû être la saison des récoltes, car il n’y avait plus rien à récolter.

« La vie dans la région des Haors a toujours été imprévisible », explique Anjuli. « J’ai grandi en voyant les maisons disparaître chaque année, avalées par les flots. Sans protection, mon village était exposé aux assauts des vagues et à la montée des eaux. »

Les villageois ont sans cesse fait de leur mieux pour mettre leurs maisons à l’abri des inondations à répétition, mais cela avait un coût bien trop élevé pour eux. « Chaque année, nous réunissions des fonds pour tenter de protéger les villages », continue Anjuli. « Évidemment, tout le monde voulait apporter sa contribution, mais les possibilités de se procurer des revenus étant très limitées pendant la mousson, ces dons représentaient une charge financière importante pour la plupart des familles. »

Si les inondations dues à la mousson ont toujours fait partie de la vie dans le bassin des Haors, les choses ont changé depuis les années d’enfance d’Anjuli. La hausse des températures due aux changements climatiques accroît l’intensité des inondations, et la déforestation a détruit les barrières naturelles qui cassaient autrefois les vagues. Le régime des pluies semble également avoir évolué, les précipitations étant plus abondantes pendant la période précédant la mousson – qui coïncide avec celle des récoltes dans les Haors. Les 20 millions d’habitants de la région, dont beaucoup sont parmi les plus pauvres du pays, sont largement tributaires des revenus de l’agriculture et de la pêche, et leurs moyens d’existence sont de plus en plus menacés.

Pour aider les populations locales à s’adapter aux effets des changements climatiques et limiter les pertes de récoltes, le Projet d’amélioration de l’infrastructure et des moyens de subsistance dans les Haors, appuyé par le FIDA, a permis la mise au point d’un système d’alerte précoce en cas de crue éclair. À partir des données provenant de 25 stations, le système peut localiser, en se fondant sur les prévisions météorologiques et en les combinant aux techniques de modélisation hydrologique et hydraulique, les zones où sont réunies les conditions à l’origine des crues soudaines et les prévoir jusqu’à 10 jours à l’avance. Les petits exploitants agricoles comme Anjuli reçoivent ces alertes via deux canaux: l’Office national des ressources en eau (qui informe l’administration du district et les responsables agricoles locaux) et une application pour téléphone.

Ce projet a également contribué à la mise en place d’infrastructures résistantes aux aléas climatiques destinées à protéger les villages, les routes et les marchés. S’appuyant notamment sur des méthodes faisant appel à la bio‑ingénierie, elle se traduit, entre autres projets, par des actions de reboisement et par la plantation de vétiver, une herbe aux racines profondes qui permet de stabiliser les pentes en retenant les sols et en réduisant l’érosion, ainsi que par la construction de digues surélevées, dont le but est de mettre les villages à l’abri des inondations.

Plus de 344 000 habitants du bassin des Haors bénéficient désormais du système d’alerte précoce, et 140 villages sont protégés contre les dommages causés par les inondations grâce à des infrastructures résistantes aux aléas climatiques. Plus de 180 000 petits exploitants agricoles ont rejoint les groupes et associations partageant des intérêts communs qui se sont constitués au niveau local dans le cadre du projet, ce qui leur permet de suivre des formations consacrées aux différentes méthodes visant à adapter les fermes et étangs piscicoles aux effets des changements climatiques. Les formations portent, pour n’en citer que quelques‑unes, sur l’ajustement de l’intensité et de la diversité des cultures, sur le reboisement au moyen de bambous et de plantes poussant dans les marécages, ou encore sur l’utilisation du vétiver et d’autres formes de protection des berges pour lutter contre l’érosion. Certaines séances portent même sur la façon dont les rôles dévolus aux hommes et aux femmes influent sur ces actions d’adaptation. Parallèlement, plus de 11 000 habitants font désormais partie de groupes d’usagers qui gèrent les ressources hydriques des étangs communautaires (beels) dans le but d’accroître la production halieutique et la biodiversité.

La vie est toujours difficile pour les petits exploitants agricoles et les pêcheurs du bassin des Haors, mais les infrastructures et les formations permettent de préserver les habitations et de maintenir les routes ouvertes dans les cinq districts où l’initiative est déployée; quant au système d’alerte, il leur permet d’être avertis bien à l’avance. Les habitants du village d’Anjuli ont désormais la possibilité de se protéger et de protéger leurs biens contre les crues soudaines, et disposent de suffisamment de temps pour agir.

« Pour protéger leur production, les agriculteurs peuvent mettre de côté une partie de leurs récoltes pour leur propre consommation et les pêcheurs peuvent vendre leur poisson à l’avance, même si ces produits ne sont pas encore arrivés à maturité », explique Anjuli. « Cela améliore quelque peu notre situation financière. Sans cela, il nous serait difficile de survivre. »

Découvrez l’action du FIDA au Bangladesh.