Aujourd'hui, la Chine est-elle plus verte?

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La Chine devient-elle plus "verte"?

Temps de lecture estimé: 6 minutes
©FIDA/Qilai Shen

La Chine est le principal émetteur de gaz à effet de serre du monde, mais aussi le plus gros producteur d'énergie provenant de sources renouvelables.

Un cinquième des terres est pollué, la surexploitation des ressources en eau a épuisé les nappes phréatiques et la pollution de l'air est le quatrième facteur contribuant au décès par ordre d'importance en Chine. Le pays a pourtant augmenté ses dépenses annuelles consacrées à la protection de l'environnement, qui atteignent aujourd'hui 1,2% du produit intérieur brut (PIB), chiffre comparable à celui des pays d'Europe occidentale.

La Chine devient-elle plus verte, après plusieurs décennies d'immobilisme?

Les coûts environnementaux du développement économique rapide de la Chine

Il convient de rappeler en premier lieu que la Chine a, au cours des 40 dernières années, accompli des progrès et obtenu des résultats impressionnants. Le PIB par habitant a été multiplié par plus de 40. La Chine est aujourd'hui la deuxième économie du monde. Le pays a surtout réussi à traduire ses bons résultats économiques en avantages sociaux: 800 millions de personnes sont sorties de l'extrême pauvreté, l'espérance de vie à la naissance a considérablement augmenté, la chute des taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans a été spectaculaire et l'éducation universelle et gratuite est garantie dans tout le pays.

Néanmoins, la rapidité de la croissance économique a eu un impact majeur sur les ressources naturelles de la Chine. Près d'un cinquième des terres est pollué. La dégradation des terres touche environ 40% de la superficie totale du pays. La surexploitation des ressources en eau a épuisé les nappes phréatiques. La Chine est devenue le plus gros émetteur de gaz à effet de serre du monde.

La troisième "combat essentiel" de la Chine: la lutte contre la pollution et la protection de l'environnement

La Chine connaît le coût environnemental de sa croissance rapide et a pris, ces dernières années, plusieurs mesures pour rendre son modèle de croissance plus durable.

Le Gouvernement a érigé la lutte contre la pollution et la protection de l'environnement comme l'un des trois "combats essentiels" de la Chine, témoignant ainsi d'une réelle volonté politique en la matière. L'actuel treizième plan quinquennal, principal document de planification du Gouvernement, fixe des objectifs contraignants pour plusieurs paramètres environnementaux clés (consommation énergétique, émissions de carbone, qualité de l'air, couverture forestière, entre autres). Les investissements en faveur de la préservation de l'environnement et des technologies vertes se sont accrus: selon la Banque mondiale, la Chine consacre chaque année environ 1,2% de son PIB à la protection environnementale, chiffre comparable à celui des pays d'Europe occidentale. La Chine est désormais le plus gros producteur mondial d'énergie issue de sources renouvelables.

Plusieurs indicateurs environnementaux se sont ainsi améliorés de façon significative. Selon les statistiques publiques, les villes ayant mis en place de nouvelles normes de qualité de l'air ont observé une baisse de 31% de la concentration moyenne de la pollution atmosphérique aux particules fines (PM2,5) entre 2013 et 2016. L'objectif de réduction de 40 à 45% de l'intensité en carbone d'ici 2020 avait déjà été atteint en 2017. La couverture forestière a augmenté de 21 millions d'hectares en 10 ans.

La Chine devient-elle plus "verte"? Plusieurs défis restent à relever

En dépit de ces indéniables progrès, le passage d'une croissance rapide non durable à une croissance plus lente mais durable prend du temps et nécessite des investissements continus et une volonté politique sans faille.

La qualité de l'air s'est améliorée ces dernières années. La pollution atmosphérique reste cependant le quatrième facteur contribuant au décès par ordre d'importance en Chine, le coût des décès prématurés représentant, selon les estimations de l'Organisation de coopération et de développement économiques, environ 7% des dépenses de santé et 8,6% du PIB.

Le traitement des eaux usées urbaines et industrielles a certes contribué à l'amélioration de la qualité de l'eau, mais la pollution des nappes phréatiques est devenue un problème majeur, qui a une incidence sur la consommation d'eau des ménages et la production agricole.

Le coût du nettoyage des sols est énorme: selon The Economist, le nettoyage de 250 000 kilomètres carrés coûterait un million de milliards de dollars, soit plus que la richesse mondiale totale.

En dépit des remarquables progrès accomplis dans la réduction de l'intensité en CO2 ces dernières années, il faudra encore plusieurs années avant que la Chine ne parvienne à réduire la quantité totale de CO2 produite en raison de la croissance prévisible de la demande en énergie, de la part encore relativement importante du charbon dans la structure énergétique actuelle et des coûts économiques et politiques de la restructuration d'un secteur très polluant.

Que reste-t-il à faire?

La Chine est sur la bonne voie mais ses récents efforts de respect de l'environnement doivent être poursuivis et si possible encore renforcés.

Investir dans la lutte contre la pollution et le respect de l'environnement. Selon les estimations de la Banque mondiale, la Chine consacre déjà chaque année 130 milliards de dollars à la protection de l'environnement. Selon les estimations du Gouvernement, cependant, il faudrait chaque année au pays jusqu'à 250 milliards de dollars de financement vert d'ici à 2030. L'investissement est considérable mais le taux de rentabilité économique attendu (une réduction de la détérioration de l'environnement et de l'appauvrissement des ressources de 6% du revenu national brut d'ici à 2030, selon la Banque mondiale) le justifie.

Améliorer les informations sur l'environnement. Pour prendre les bonnes décisions, il convient de disposer de données fiables permettant de mieux appréhender les sources, les impacts et les coûts de la pollution et de la détérioration de l'environnement.

Diversifier les instruments de politique environnementale. Selon la Banque mondiale, par le passé, la Chine a suivi une approche centrée sur des mécanismes de lutte au point de rejet. Ces mécanismes ne prennent malheureusement pas suffisamment en compte la prévention. En matière de protection de l'environnement, la Chine s'est principalement appuyée sur des mesures coercitives et a relativement négligé les mécanismes de marché (par exemple, prix permettant de mieux prendre en compte les coûts environnementaux, taxes environnementales, systèmes d'échange pour l'utilisation du carbone et de l'énergie, etc.), ces derniers pouvant constituer un outil réglementaire différent et sans doute plus efficace.

Enfin, une volonté politique durable en matière de lutte contre la pollution et de protection de l'environnement. Le Gouvernement a déjà fait la preuve d'un engagement résolu en faveur d'un développement plus durable et plus écologique. Cet engagement doit être poursuivi, voire renforcé; des objectifs et des cibles plus ambitieux doivent être fixés. Comme le pays l'a démontré dans sa lutte contre la pauvreté, il faut une ambition d'envergure pour obtenir des résultats d'envergure.

Que peut faire le FIDA?

Si elle contribue à la détérioration de l'environnement et aux changements climatiques, l'agriculture en est également la victime. Les ménages ruraux pauvres sont les plus vulnérables aux effets de la détérioration de l'environnement et des changements climatiques.

Le FIDA, grâce à ses investissements, contribue à rendre l'agriculture plus durable; il favorise, par exemple, les technologies et les pratiques agricoles les moins polluantes et une utilisation plus durable des ressources en terre et en eau, introduit des variétés culturales plus résilientes aux effets des changements climatiques, construit des infrastructures permettant une utilisation plus rationnelle de l'eau et donne la priorité aux technologies utilisant des énergies renouvelables. Il contribue également à rendre les ruraux pauvres plus résilients  et moins vulnérables à la détérioration de l'environnement, aux catastrophes naturelles et aux effets négatifs des changements climatiques en renforçant leur capacité d'améliorer et  diversifier leurs moyens d'existence et leurs débouchés.

En  savoir plus sur l'action du FIDA en Chine et sur les changements climatiques et l'environnement