Bangladesh – le pays de mon enfance dans l'œil du cyclone climatique

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Bangladesh – le pays de mon enfance dans l'œil du cyclone climatique

Temps de lecture estimé: 7 minutes

Qasa Alom jeune homme, en 2002, lors d’une visite en famille à Biswanath. Enfant, Qasa passait énormément de temps au bord du lac familial, ou « fuskhuni », où il nageait, faisait des ricochets et pêchait

Plus jeune, j’ai visité plusieurs fois le Bangladesh avec ma famille, allant de Sylhet à Biswanath, le village ancestral de mon père. Mes souvenirs de ces voyages sont des instantanés pastel d’un pays idyllique, fait de rizières verdoyantes, de mangues fraîches au goût incroyable et de rires.

Je m’appelle Qasa Alom. Je suis britannique et bangladais, et travaille comme journaliste pour la BBC, présentateur radio et réalisateur de documentaires. Il y a peu, j’ai rejoint l’Initiative Google News avec ma chaîne YouTube, QasaVision.

Au cours de mes dix années de carrière, j’ai couvert une grande variété de sujets, des réfugiés afghans au Brexit, en passant par la COVID-19. J’ai toujours voulu raconter une histoire sur le Bangladesh, sans trop savoir quoi dire.

Et puis un jour, j’ai entendu une conversation téléphonique entre mon père et des amis de Biswanath. Sa voix était tendue et il était bouleversé: histoire après histoire, il apprenait que des figures de mon enfance étaient en difficulté. Il y avait eu de grandes inondations et elles avaient besoin d’argent pour reconstruire leur maison et tout simplement survivre. Mon père m’a demandé de l’aider à collecter des fonds et à attirer l’attention sur ces personnes et leur situation.

Je me suis penché sur la question et j’ai appris que le Bangladesh était dans l'œil du cyclone climatique. Les deux tiers du territoire bangladais se trouvent à moins de cinq mètres sous le niveau de la mer. Cela signifie que le pays est extrêmement vulnérable aux changements climatiques, en particulier les inondations provoquées par la montée des eaux.

C’est alors que j’ai su que je devais raconter comment le Bangladesh et ses habitants gèrent la crise climatique dans le cadre de ma série diffusée sur YouTube « Bangladesh: The Climate Frontline ».

Des solutions locales à des problèmes mondiaux

Au début de l’année 2022, je suis retourné au Bangladesh pour la première fois depuis 15 ans. Ayant déjà organisé une visite de terrain virtuelle au Bangladesh avec le FIDA à la COP26, c’était là l’occasion de voir de mes yeux les projets appuyés par le FIDA en action.

En arrivant au Bangladesh, j’ai compris à quel point mes souvenirs d’enfant insouciant contrastaient avec la réalité des habitants, qui livraient un combat quotidien pour vivre.

Au deuxième jour de mon voyage, à Sunamganj, le soleil déclinait. L’horizon brillait d'une lueur d’or et de poussière, faisant briller et resplendir chaque chose. Tout comme leurs paysages lumineux et clairs, les habitants de Sunamganj sont optimistes, curieux et pleins d’espoir, alors même qu’ils vivent dans des lieux soumis aux inondations, parfois jusqu'à huit mois de l’année. 

C’est là que j’ai rencontré Lalon, un jeune homme de mon âge, qui m’a raconté qu’enfant, il devait se frayer un chemin dans l’eau pour aller à l’école. Il a décroché un diplôme de master et rêve d’ouvrir sa propre affaire et d’aider sa communauté. Mais comme de nombreuses autres personnes dans la région, les inondations extrêmes l’empêchent de concrétiser ses rêves.

Le lendemain, je me suis rendu à Jarakona, un village qui se trouve en dessous du niveau de la mer, près de la rivière Padma. J’y ai appris qu’auparavant, le village était dévasté chaque année par des inondations. Aujourd'hui, des murs le protègent et la technologie permet de donner l’alerte en cas de crue. Non seulement les habitants ont amélioré leurs revenus, mais le statut du village a changé, de nombreuses personnes souhaitant désormais s’y installer.

Cette transformation a été rendue possible grâce au Projet d’amélioration de l’infrastructure et des moyens de subsistance dans les haor, appuyé par les autorités locales et le FIDA. En améliorant les routes, le projet réduit les temps et les coûts de transport, facilite l’accès aux biens et leur commercialisation, et favorise l’accès aux centres de soins et aux écoles. Il a une incidence colossale dans l’une des régions les plus pauvres du pays en créant des emplois et en accroissant les revenus.

En une journée éclatante, j’ai rejoint l’île nouvellement formée dans la région des chars côtiers du golfe du Bengale (les « chars » sont des îles sédimentaires typiques de cette région). Si une grande partie de la région perd rapidement de son territoire en raison de l’érosion, simultanément, des bancs de sable de la taille d’un village se forment.

Des participants au projet avec des pousses de mangrove qui seront plantées dans le char Caring, un nouveau char qui s’est formé dans l’estuaire de la Meghna

Je me suis joint à une file de travailleurs locaux chargés de planter des pousses de mangrove dans le cadre d’un autre projet appuyé par le FIDA, essayant tant bien que mal de ne pas laisser mes pieds s’enfoncer trop profondément dans la boue. Au cours des 30 prochaines années, les racines de mangrove s’implanteront fermement dans la terre, retenant les sols et les rendant fermes et solides. Au fur et à mesure qu’ils pousseront, les arbres agiront comme brise-vagues, ralentissant la vitesse des vagues qui déferlent sur la terre. Ainsi, ces nouveaux bancs de sable pourront accueillir des centaines de familles à l’avenir.

Les choses doivent changer – aujourd'hui

Voir ces solutions complexes mais néanmoins durables en action a été une source d’inspiration. Ces initiatives locales, mises en œuvre par le FIDA et les habitants du Bangladesh eux-mêmes, sont un rempart face à la menace mondiale majeure que sont les changements climatiques.

À Noakhali, Qasa joue au cricket devant un abri contre les cyclones, qui sert également d’école et a été construit avec les fonds du Projet de développement et de colonisation des chars – Phase IV

La résilience de ces personnes m’a rempli d’optimisme pour le pays et le reste du monde. Celles-ci se sont unies pour résoudre des problèmes causés par les êtres humains.

Mais le temps nous est compté. Nous approchons à grande vitesse de plusieurs points de non-retour environnementaux. Nous devons intensifier notre action à tous les niveaux— des communautés locales aux États, en passant par les organisations internationales — et travailler ensemble pour répondre à la crise climatique.

Pour ma part, je me réjouis de mon nouveau rôle : relayer l’histoire du Bangladesh, une histoire d’adaptation, de survie et, je l’espère, de prospérité dans un monde en transformation.

En savoir plus sur l’action du FIDA dans la région des Haors
À retrouver aussi en images, sur Twitter et en français @leFIDA