Cinq conseils aux journalistes allant aux nouvelles des peuples autochtones

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Cinq conseils aux journalistes allant aux nouvelles des peuples autochtones

Temps de lecture estimé: 4 minutes
© FIDA/ Francesco Cabras

Plus de 476 millions de personnes dans le monde se déclarent Autochtones. Pourtant, elles n’arrivent toujours pas à faire entendre leur voix. Les journalistes peuvent contribuer à endiguer la disparition de leurs précieux récits, à condition d’adopter une attitude responsable et constructive.

Le 22 avril dernier, lors d’une discussion programmée par le FIDA à l’occasion du Festival international du journalisme, une rencontre qui a lieu chaque année à Pérouse (Italie), cinq personnalités (dirigeants autochtones, journalistes et spécialistes) ont parlé de la meilleure façon d’aborder tout ce qui avait trait aux communautés autochtones dans les médias.

À l’issue de ce débat, cinq conseils ont été formulés à l’intention des médias qui souhaitent couvrir les questions relatives aux peuples autochtones.

  1. Créer un espace

Nous devons activement nous employer à créer un espace médiatique pour permettre aux peuples autochtones de raconter leur histoire. Dans certains cas, il suffit de prendre le temps de défendre leur travail, explique Anna Bressanin, journaliste de la BBC. « Il s’agit de créer un espace, de promouvoir et de soutenir les nouveaux cinéastes d’ascendance autochtone, comme Sky Hopinka ou Maria Fredriksson, dont les films ont été projetés à notre festival de cinéma LongShots. »

Margaret Tunda Lepore, jeune leader kenyane issue du peuple massaï, approuve. « Les journalistes ont un pouvoir que les peuples autochtones n’ont pas. Le fait de nous donner une arène pour nous exprimer est une façon de partager ce pouvoir », déclare-t-elle. « Nous avons besoin des journalistes de notre côté. »

  1. Mesurer le pouvoir des mots

« La disparition d’une langue, c’est la perte d’une vision du monde », alerte Margherita Loddoni, spécialiste des peuples autochtones et des questions tribales au FIDA. Les journalistes peuvent contribuer à préserver les langues autochtones en utilisant leurs tribunes pour les mettre en lumière et les faire connaître.

« Nous devons non seulement écouter, mais aussi nous préparer à être métamorphosés par ce que nous entendrons », déclare-t-elle. « Parfois, une histoire tout entière tient dans un seul mot. »

  1. Garantir sécurité et consentement

Il est essentiel de se renseigner sur les coutumes et l’histoire des communautés qui font l’objet du reportage. « Il est important de comprendre la mentalité de la communauté en question, d’expliquer les informations recherchées et de préciser l’angle adopté et le support sur lequel le reportage sera publié », affirme la jeune leader massaï Margaret.

« Vous vous rendrez parfois sur leurs territoires, où vous serez soumis à une autorité différente », ajoute la journaliste colombienne María Mónica Monsalve S. « Vous devez impérativement obtenir leur consentement pour votre reportage, et demander ou savoir comment vous comporter pour respecter leur culture et leurs coutumes. »

  1. Appuyer le changement de paradigme

Les communautés autochtones sont des entités complexes, et les journalistes doivent par conséquent éviter de les présenter comme unidimensionnelles. « Nous ne devons pas nous contenter de dépeindre ces personnes comme des victimes, mais aussi comme des artistes, des chanteurs, des leaders », poursuit la journaliste colombienne.

« Les voix autochtones commencent à obtenir l’écoute qu’elles méritent, en particulier en ce qui concerne certaines thématiques comme l’environnement ou les droits des femmes », explique Anna Bressanin.

Les communautés autochtones du monde entier jouent un rôle particulier dans la conservation et la gestion durable des ressources naturelles – leurs connaissances intergénérationnelles peuvent nous aider à nous adapter aux changements climatiques et à en atténuer les effets.

  1. Adopter une approche postcoloniale et favoriser la cocréation

« Je pense qu’il est fondamental d’éviter de parachuter quelqu’un vivant à Londres ou à New York pour parler de ces histoires », affirme Anna Bressanin. La collaboration avec des journalistes autochtones sur le terrain améliorera sans aucun doute le travail des journalistes extérieurs à ces communautés.

« Nous devons écouter les peuples autochtones qui habitent dans la région et qui sont touchés par ces questions. Nous devons respecter et comprendre leurs territoires, leurs cosmogonies et leurs limites culturelles », explique María Paula Lizarazo, journaliste colombienne spécialisée dans l’environnement. Et de conclure: « L’Amazonie est bien plus qu’un territoire géographique chevauchant plusieurs pays: il s’agit avant tout d’une région spirituelle et épistémologique. »