Collaborer en temps de crise: trois enseignements à tirer dès à présent de la riposte en Inde à la COVID-19

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Collaborer en temps de crise: trois enseignements à tirer dès à présent de la riposte en Inde à la COVID-19

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Dans le Maharashtra, des femmes utilisent un micro terminal de carte bleue

L’Inde compte 1,3 milliard d’habitants. C’est l’une des économies les plus dynamiques au monde, et c’est aussi l’une des plus jeunes. Au cours des 25 dernières années, l’Inde a accompli d’impressionnants progrès, parvenant à extraire de la pauvreté des centaines de millions de personnes. Entre 1990 et 2018, l’indice de développement humain du pays a grimpé de 50%, traduisant les immenses avancées réalisées pour rendre l’éducation, la santé et les débouchés accessibles à tous les Indiens. Pourtant, comme dans d’autres parties du monde, ces remarquables acquis pourraient aujourd’hui être réduits à néant en raison de l’urgence inédite à laquelle nous devons tous faire face: la pandémie de COVID-19.

Conscient qu’il fallait agir d’urgence pour éviter une catastrophe sanitaire, le Gouvernement indien n’a pas attendu pour imposer le confinement à sa population le 24 mars dernier. Autre point crucial, il a agi tout aussi vite pour limiter dans toute la mesure possible les perturbations de l’économie rurale et s’assurer que la crise sanitaire ne se double pas d’une crise alimentaire. Entre autres mesures, le Ministère de l’intérieur a créé 11 groupes (Empowered Groups, ou EG) habilités à coordonner les activités de riposte à la COVID-19 dans tout le pays. Ces groupes travaillent en lien avec diverses parties prenantes, dont les organismes des Nations Unies présents en Inde, pour obtenir des informations régulières sur la situation sur le terrain.

La riposte est toujours en cours de déploiement, mais les premiers effets positifs de cet effort de collaboration sont déjà perceptibles. Trois grands enseignements peuvent être tirés à ce stade.

  1. Suivre le modèle de collaboration des organismes à vocation alimentaire ayant leur siège à Rome

Alors même que le Gouvernement indien se préparait à passer à l’action, les organismes des Nations Unies ont décidé d’articuler leur action pour travailler avec ce dernier par l’intermédiaire des groupes habilités (EG). Conformément à la structure de collaboration en place, le Groupe alimentation et agriculture des Nations Unies – composé des trois organismes ayant leur siège à Rome, à savoir le PAM (Programme alimentaire mondial), la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) et le FIDA, travaillant avec le soutien de l’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l'enfance) – communique les informations  en sa possession à l’EG5, chargé de la logistique des chaînes d’approvisionnement de tous les produits essentiels, dont les denrées alimentaires et les produits agricoles. Il transmet notamment des informations en temps réel sur les problèmes d’agrologistique rencontrés sur le terrain, y compris tout signal d’alerte remontant du terrain et appelant une intervention urgente, ainsi que des informations sur les bonnes pratiques susceptibles d’être rapidement répliquées. Les organismes qui ont leur siège à Rome collectent ces informations sur le terrain au quotidien. Chaque matin, l’EG5 les examine et prend en conséquence toutes les mesures nécessaires.

Les autorités publiques sont systématiquement intervenues pour régler les problèmes qui empêchaient les agriculteurs d’acheter des intrants ou de vendre leurs produits. Le gouvernement a ainsi publié et révisé des lignes directrices ainsi que des amendements divers pour assouplir les restrictions applicables aux frontières intérieures entre États, aplanir les difficultés logistiques et garantir le bon fonctionnement du secteur agricole et des filières alimentaires.

Projet intégré d’appui aux moyens de subsistance appuyé par le FIDA aidant les agriculteurs à accéder aux programmes de mécanisation du gouvernement

  1. Les technologies de la communication peuvent aider les acteurs de terrain à faire remonter leurs inquiétudes aux décideurs politiques

En Inde, le FIDA mobilise ses réseaux de partenaires pour s’assurer que les préoccupations quotidiennes des agriculteurs sont régulièrement relayées et que les partenaires sont pleinement associés au processus. En l’absence de mécanismes physiques de coordination, l’équipe de pays du FIDA en Inde s’est tournée vers WhatsApp et les listes de diffusion électronique pour rester connectée. Chaque jour, les principaux partenaires font part de leurs inquiétudes et livrent des exemples édifiants de résilience sous forme de brefs rapports, coupures de presse, photos et vidéos. Et chaque jour, ces informations sont présentées aux côtés des chiffres clés du Gouvernement, traduisant les changements sur le terrain qui permettent aux agriculteurs d’accéder plus facilement aux intrants, aux marchés et aux machines agricoles.

Dans le Rajasthan, par exemple, des goulets d’étranglement commençaient à se former dans deux centres de collecte où les agriculteurs pouvaient livrer leurs produits tout en respectant les règles en vigueur pour lutter contre la COVID-19. Grâce à ce réseau d’information, le chargé de liaison nommé au niveau étatique pour épauler l’EG5 a pu intervenir en un temps record. Ces centres de collecte donnent de très bons résultats, si bien que l’EG5 envisage aujourd’hui de transposer ce modèle ailleurs dans le pays.

  1. La circulation de l’information a des retombées positives indirectes.

Les interactions sur WhatsApp favorisent également l'échange d'enseignements dans d'autres projets appuyés par le FIDA en Inde.

Par exemple, dans le cadre des projets menés dans le Jharkhand et l’Odisha, le modèle de micro-guichet automatique utilisé dans le Maharashtra présente aujourd'hui un vif intérêt, en ce qu'il permet aux adhérentes des groupes d’entraide féminins de déposer ou de retirer des espèces dans les zones où les taux de bancarisation sont faibles. Ce modèle présente un attrait particulier en situation de confinement. De même, les pratiques retenues pour la distribution des semences dans les zones reculées du Mizorma et de l’Uttarakhand inspirent de nouvelles idées pour assurer l’approvisionnement rapide en intrants, tout en respectant les restrictions sanitaires. En parallèle, le réseau d’experts techniques du FIDA passe à l’action pour trouver des solutions aux difficultés rencontrées par les artisans pêcheurs du Tamil Nadu et les floriculteurs de l’Uttarakhand, dramatiquement touchés par le confinement.

Enfin, si le confinement a bien sûr posé d’innombrables difficultés, il a aussi été pour le FIDA l’occasion de mettre à profit ses atouts en tant qu’organisme spécialisé des Nations Unies et d’activer ses solides réseaux de partenaires pour contribuer à la recherche de solutions aussi bien sur le terrain qu’au niveau des politiques.

En savoir plus sur les interventions du FIDA en Inde.

En savoir plus sur la riposte du FIDA à la COVID-19