Comment les petits producteurs peuvent-ils tirer parti de la croissance du marché des produits de l’élevage?

L’élevage joue un rôle important dans le développement rural, en particulier dans les pays en développement. Pour plus des deux tiers des populations rurales pauvres dans le monde, l’élevage représente un levier efficace d’amélioration des moyens d’existence et d’accroissement des revenus.

Dans les décennies à venir, la production mondiale de produits carnés et leur consommation dans les pays en développement devraient considérablement augmenter. C’est une occasion unique à saisir pour les petits éleveurs des pays en développement, qui sont nombreux à élever de petits animaux, comme des volailles, des chèvres, des porcs et des moutons, dans des exploitations familiales.

En outre, le sous-secteur de l’élevage contribue pour beaucoup à la réalisation des objectifs de développement durable. En plus d’être une source fiable de protéines et d’autres nutriments, l’élevage crée des emplois à tous les maillons de la filière, en particulier pour les femmes et les jeunes, et améliore la fertilité des sols grâce à l’emploi de fumier. Les animaux d’élevage peuvent aussi renforcer la résilience des ménages ruraux, en leur offrant un filet de sécurité en cas de choc externe.

Malgré ces perspectives, d’importantes barrières à l’entrée persistent dans ce secteur. Nombre de petits exploitants peinent à financer les coûts de production élevés et à se conformer aux normes strictes de qualité et de sécurité sanitaire des aliments. En outre, l’accès aux savoirs et aux marchés reste limité et, dans certains contextes, les possibilités de valorisation sont maigres. La participation des jeunes demeure également faible dans les différentes filières du secteur.

Le FIDA dispose d’un portefeuille grandissant de projets axés sur le petit élevage dans le monde. Ces projets encouragent la collaboration et l’apprentissage, afin que les agriculteurs puissent adopter des solutions innovantes éprouvées et susceptibles d’être étendues à plus grande échelle, gage d’une amélioration des investissements à travers le sous-secteur.

Récemment, le programme de pays du FIDA pour Eswatini a organisé un atelier d’apprentissage afin de promouvoir la coopération Sud-Sud et triangulaire, modalité de coopération qui permet aux pays du Sud de collaborer face à des défis communs et d’apprendre les uns des autres. Un certain nombre d’innovations et de bonnes pratiques ont été recensées. Au final, cinq projets appuyés par le FIDA – deux en Eswatini et trois projets individuels menés au Brésil, au Cambodge et en Chine – ont été retenus pour leur potentiel de reproduction à plus grande échelle et les perspectives qu’ils offrent en matière d’augmentation de la productivité, de l’efficience et des revenus des petits producteurs dans certaines filières.

Un système de traçabilité numérique pour satisfaire aux normes de qualité des aliments

De nos jours, nombre de consommateurs souhaitent savoir d’où viennent les aliments qu’ils achètent et comment ils sont produits. Pour répondre à ce type de tendances et aider les exploitants familiaux à satisfaire aux normes internationales, l’équipe du Projet de réduction pérenne de la pauvreté grâce au développement des entreprises agroalimentaires dans le sud du Shaanxi a mis sur pied le système de traçabilité numérique du lard de Zhenba dans la province du Shaanxi au sud de la Chine. Ce système permet de suivre l’application des normes de production et de gestion, des mesures d’hygiène et des pratiques d’entretien de l’immunité et de lutte contre les maladies, au moyen de cartes d’identification assurant la traçabilité de chaque porc de la ferme à l’étal du supermarché. À ce jour, plus de 8 000 petits producteurs de porc ont bénéficié de l’aide du projet pour intégrer de nouveaux marchés. L’étape suivante sera l’exploration de marchés d’exportation plus lucratifs en Europe.

Des couveuses solaires pour réduire les coûts de production

Pour les petits exploitants, lorsque les coûts de production sont élevés, la rentabilité et la compétitivité sur le marché baissent. Green Innovet Cam, entreprise de développement social implantée au Cambodge, contribue à la diminution des coûts de production des élevages de volailles locales grâce à la mise à disposition de couveuses alimentées à l’énergie solaire. Avec ces couveuses, les éleveurs obtiennent une réduction de la mortalité des poussins qui va jusqu’à 20% et ne doivent plus consacrer qu’une à deux heures par jour aux soins des poussins. Les éleveurs ont vu la rentabilité de leur entreprise augmenter et ont pu libérer du temps pour s’adonner à d’autres activités économiques ou au sein du ménage.

Valorisation des produits pour accroître la durée de conservation – et les revenus

Lorsque les possibilités de valorisation des produits sont limitées, les petits exploitants ont du mal à accéder aux marchés lucratifs. Conscient de cette difficulté, l’Institut national de recherche agronomique brésilien forme les agriculteurs brésiliens à la transformation du lait de chèvre grâce à un modèle de ferme de référence. Les formations se présentent sous forme de tutoriels et de documentaires, où l’on démontre les techniques à utiliser pour obtenir du lait de chèvre de qualité, conditionner le lait destiné à la vente, et transformer le lait en fromage de chèvre. Cette approche a aidé les agriculteurs à se positionner sur des marchés plus lucratifs et à augmenter leurs revenus.

L’agrégation des produits facilite l’accès aux marchés

De nombreux petits exploitants sont enfermés dans un cercle vicieux: les quantités produites par chaque ferme sont faibles, si bien que les agriculteurs n’ont pas de marge pour demander les prix dont ils ont besoin pour développer leur entreprise. Dans ce genre de situations, mettre en commun les produits peut être la solution. En Eswatini, le Projet d’inclusion financière et de développement de pôles de compétitivité rassemble des éleveurs de porcs au sein d’une société faîtière, qui les aide à mettre en commun leurs produits. Cette approche a aidé les éleveurs à réduire leurs coûts de production, à accroître leurs revenus et à intégrer des marchés plus éloignés.

Inclusion des jeunes dans les filières chèvre et volaille locales

Les jeunes ont de nombreux obstacles à surmonter pour intégrer le secteur de l’élevage, dont le manque de compétences utiles et la difficulté à acquérir des terres. Sur la base de ce constat, l’équipe du Projet d’appui à la production agricole familiale induite par le marché mené en Eswatini met en place des filières chèvre et volaille locales, qui créent des débouchés d’avenir pour les jeunes. Cette approche démontre qu’une participation concrète et durable des jeunes au secteur agricole est possible.

Découvrez l’action du FIDA au Brésil, au Cambodge, en Chine et en Eswatini.

Date de publication: 10 août 2021