Comment plus d’un million de petits exploitants au Pakistan ont reçu les informations dont ils avaient besoin pour faire face à la crise COVID

La province du Pendjab est le grenier à blé du Pakistan. C’est là que poussent les trois quarts du blé national, produit, pour la plupart, par de petits exploitants.

Mais les champs fertiles du Pendjab sont aussi les premiers à subir de plein fouet les changements climatiques. Les canicules, les sécheresses et les inondations sont plus fréquentes et plus intenses que jamais, et les petits exploitants ont du mal à y faire face. Bon nombre d’entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté et ne peuvent négocier un crédit, ni même en obtenir un.

Il ne leur est pas non plus facile d’obtenir des conseils agricoles car les agents de vulgarisation ne sont tout simplement pas assez nombreux pour fournir ces conseils en personne.

Puis la pandémie de COVID-19 a sévi. Comme le reste du monde, les agents de vulgarisation agricole ont vu leur liberté de mouvements restreinte. Ils n’ont pas pu aider les agriculteurs à faire face aux nouvelles difficultés créées par la pandémie : trouver des produits pour remplacer les intrants agricoles devenus indisponibles, par exemple, ou produire de façon rentable malgré des ressources limitées.

Pour aider les agriculteurs à surmonter les défis posés par la pandémie, un projet appuyé par le FIDA et mis en œuvre par Precision Development (PxD) leur a apporté, par téléphone portable, des savoirs et des conseils personnalisés.

Des conseils personnalisés à portée de main

Grâce à des appels automatisés, les agriculteurs ont reçu de la part de spécialistes agricoles des conseils relatifs aux cultures et adaptés à chaque étape du cycle cultural: comment préparer la terre, choisir les semences et semer les cultures pour garantir le meilleur rendement, comment appliquer des engrais, irriguer les champs et contrôler les maladies.

Ils ont également reçu des astuces pour renforcer leur résilience, telles que l’utilisation de fumier, de jus de tabac et de biopesticides en lieu et place des produits commerciaux, rendus indisponibles par l’interruption des chaînes d’approvisionnement.

Des enquêtes en ligne fréquentes ont permis d’adapter les conseils à leurs besoins. Par exemple, si plus de la moitié des agriculteurs enregistrés dans une région donnée signalaient une infestation de parasites, un avis spécial consacré aux mesures préventives était émis à l’attention de tous les agriculteurs du district.

Plus de 1,35 million d’agriculteurs du Pendjab ont ainsi bénéficié de cette collaboration sur 19 mois.

© Rural Community Development Society

Donner des moyens aux agricultrices

Dans le Pendjab, où la plupart des agents de vulgarisation sont des hommes, les normes traditionnelles de genre empêchent les femmes d’accéder aux conseils agricoles, bien qu’elles soient souvent responsables des animaux du ménage. L’« agriculture numérique » a facilité l’accès des femmes aux informations dont elles avaient besoin.

Toutefois, si 104 000 femmes ont bien reçu des messages informatifs, il reste encore beaucoup à faire pour garantir que les femmes aient accès à un téléphone portable, souvent contrôlé par les hommes au sein du ménage.

Des bulletins météo hyperlocaux

Les premières recherches menées par PxD ont montré que 87% des producteurs de coton et 72% des producteurs de blé avaient été confrontés, au cours des trois années précédentes, à des problèmes liés aux phénomènes météorologiques. En l’absence de prévisions fiables à l’échelle locale, il leur était difficile de décider quand planter et quand récolter.

Un système de prévisions météorologiques locales a donc été élaboré en partenariat avec le réseau Climate Forecast Applications Network pour informer les agriculteurs des conditions météorologiques à venir sur quelques jours. Quelque 200 000 agriculteurs reçoivent désormais des messages vocaux contenant des points et avis réguliers, qui portent notamment sur le meilleur moment pour planter leurs semis et creuser des canaux pour détourner les eaux de crue. En outre, 300 000 producteurs de coton reçoivent des conseils sur les méthodes écologiques de gestion des parasites.

Quelles perspectives pour les agriculteurs et pour le FIDA?

Combinés à d’autres facteurs, ces outils numériques sont en train de transformer l’agriculture dans le Pendjab. Une étude finale a conclu que 34% des agriculteurs qui utilisaient la plateforme adoptaient au moins une nouvelle pratique agricole recommandée par le programme. Plus de 40% des agriculteurs ont déclaré avoir changé leurs pratiques grâce, en partie, aux services de conseil numérique. De nombreux agriculteurs ont également remarqué une amélioration de leur production, de leurs ventes, de leurs revenus, de leur situation nutritionnelle et de leur sécurité alimentaire.

Ces conclusions témoignent de la nécessité d’investir à long terme dans la vulgarisation agricole numérique. C’est la raison pour laquelle le FIDA collabore avec PxD sur d’autres projets, tels que le Programme national d’affranchissement de la pauvreté, afin de proposer des services numériques qui aideront les populations pauvres rurales à améliorer leur sécurité alimentaire, leur nutrition et leur résilience face aux changements climatiques, en n’utilisant qu’une fraction des ressources nécessaires aux conseils agricoles en face à face.

Pour le FIDA, ceci est la preuve que l’agriculture numérique doit être au cœur de son travail. Alors que les populations les plus pauvres du monde sont confrontées à une flambée des prix des aliments et de l’énergie, des interventions rentables, comme les services de conseil numérique, peuvent les aider à prendre les décisions les plus adaptées pour elles-mêmes et leurs entreprises.

Le projet L’agriculture de précision à l’appui de transformations axées sur des systèmes alimentaires inclusifs était une initiative conjointe entre le FIDA et Precision Development (PxD) au Pakistan. Découvrez le travail de PxD.

Consultez la stratégie ICT4D du FIDA.

Date de publication: 18 juillet 2022