Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. Des jeunes autochtones perpétuent fièrement leurs traditions

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Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. Des jeunes autochtones perpétuent fièrement leurs traditions

Temps de lecture estimé: 5 minutes
©FIDA/Francesco Cabras

Le patrimoine des peuples autochtones est d’une immense richesse et leurs cultures d’une singularité irremplaçable. Mais après des siècles de dépossessions, beaucoup de communautés autochtones ont bien du mal à préserver leur mode de vie, et notamment leur patrimoine culinaire.

Des pratiques agricoles et rituelles aux coutumes et techniques ancestrales, le patrimoine culinaire recoupe tous les aspects de la préparation alimentaire transmis de génération en génération.

Grâce à leurs connaissances profondes de leur environnement et au lien fort qui les unit à la nature, les peuples autochtones jouent un rôle clé dans la conservation des ingrédients locaux et la production alimentaire durable par des systèmes parfaitement adaptés à leurs écosystèmes.

Par exemple, les gardiens des semences de la zone semi-aride du nord-est du Brésil sont des personnes chargées d’utiliser les savoirs traditionnels pour conserver et restaurer la biodiversité et la sécurité alimentaire. Ces hommes et ces femmes connaissent bien les plantes locales et collectent des centaines de variétés d’espèces résistantes aux effets des changements climatiques.

Et avec plus de 476 millions de personnes se revendiquant autochtones dans quelque 90 pays du monde, le potentiel pour améliorer les connaissances et l’appréciation des aliments et systèmes alimentaires locaux et durables est énorme.

C’est pourquoi les populations autochtones se joignent chaque année à des producteurs alimentaires, scientifiques, chefs cuisiniers et chercheurs à l’occasion du salon du goût Terra Madre pour échanger des idées sur l’agriculture durable, la politique environnementale et l’avenir de l’alimentation. Selon l’équipe de Terra Madre, les communautés autochtones sont l’avenir de notre alimentation, et les soutenir signifie préserver la biodiversité mondiale.

Partons à la rencontre de trois jeunes qui travaillent pour assurer l’équité et la durabilité de nos systèmes alimentaires grâce aux traditions autochtones.

Lizer Bautista Patzi: gardienne de plantes locales en Bolivie

Lizet au salon du goût Terra Madre. © FIDA/Karla Sofia Pita Vidal

Lizet est une jeune femme du peuple autochtone aymara, qui peuple une grande partie des régions des Andes et de l’Altiplano en Bolivie. Dans cette partie du monde, où le climat est souvent froid et aride, les Aymaras préparent une grande variété de ragoûts copieux traditionnels à base d’oignons, de carottes, de pommes de terre, de maïs blanc, de bœuf et de blé mélangé au chuño, un produit lyophilisé à base de pomme de terre.

Étudiante en gastronomie, Lizet tire sa passion pour la nourriture d’une lignée directe d’ancêtres agriculteurs, dont ses parents.

En 2020, Lizet a été initiée au mouvement Slow Food et a obtenu une subvention pour lancer un projet axé sur la protection et la valorisation de l’ajara, une plante menacée par les effets de l’agriculture intensive, la restauration rapide et la disparition des systèmes alimentaires autochtones.

Grâce à ses efforts, l’ajara a été ajouté au catalogue des aliments traditionnels menacés de l’Arche du goût et n’est aujourd’hui plus à risque.
 

Raúl Mondragón: faire renaître les traditions anciennes au Mexique

L’organisation de Raúl œuvre à réduire l’insécurité alimentaire grâce aux traditions anciennes. © Raúl Mondragón

Raúl est catégorique: les techniques anciennes jouent un rôle fondamental dans la résolution des problèmes modernes, y compris celui de répondre à l’énorme demande en nourriture de la ville de Mexico. Elle compte 20 millions d’habitants, or beaucoup n’ont pas accès à des aliments nutritifs.

Membre du Réseau de jeunes de Slow Food, Raúl a créé le Colectivo Ahuejote, qui œuvre pour faire renaître l’agriculture chinampera dans le quartier de Xochimilco, à Mexico. Les chinam/pas,

qui existent depuis au moins un millénaire, sont d’anciens systèmes agricoles qui utilisent les zones humides et canaux pour fournir une source d’irrigation constante riche en matières organiques provenant de la végétation en décomposition et des déchets ménagers.

Mais l’urbanisation, le manque d’eau et la pollution pourraient provoquer la disparition prochaine de Xochimilco. Raúl et son organisation travaillent dur pour éviter ce drame en aidant les agriculteurs locaux à faire pousser leurs cultures et en tissant des liens avec la clientèle urbaine pour développer l’activité agroécologique et régénérer la zone.
 

Lucy Njeri Githieyah: des générations d’amateurs de cuisine au Kenya

Quand elle ne cuisine pas, Lucy, cheffe cuisinière, s’emploie à
restaurer la végétation locale. © Lucy Njeri Githieyah

Lorsque Lucy a terminé sa scolarité au Kenya, elle a rejoint son père dans son entreprise familiale de boucherie, à Nakuru, avant d’ouvrir son propre service de traiteur.

En 2016, cette jeune cheffe cuisinière de la communauté kikuyu, le plus grand groupe ethnique du Kenya, a été initiée à Slow Food Kenya, où elle a puisé dans les connaissances des générations plus anciennes tout en exploitant l’énergie et la créativité des jeunes.

Lucy a dirigé une équipe de jeunes avec le projet de diffuser et semer plus de 30 000 boules de semences (des semences contenues dans des boules de poussière de charbon de bois constituées de liants nutritifs pouvant facilement être dispersées en grandes quantités) pour régénérer la zone du lac Elementaita grâce à un couvert végétal.

Reconnaissant le rôle fondamental joué par les peuples autochtones dans le développement durable, le FIDA appuie aujourd’hui plus de 80 projets et investissements ciblant des communautés autochtones dans 45 pays. Il travaille main dans la main avec eux, dans le cadre d’initiatives telles que le Mécanisme d’assistance pour les peuples autochtones et le Forum des peuples autochtones, et il les aide à bâtir des systèmes alimentaires durables et régénérateurs dans un monde de plus en plus envahi par le gaspillage.