Faire des cartes systèmes d’information géographique des outils au service des populations

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Faire des cartes systèmes d’information géographique des outils au service des populations

Temps de lecture estimé: 7 minutes

Dans le bassin versant de la rivière Katti, à l’ouest du Népal, les forêts sont un élément central des moyens d’existence locaux. Elles fournissent du fourrage pour le bétail, des combustibles pour la cuisine et du bois pour la construction de maisons, et abritent d’innombrables produits comme le miel, les fruits et les plantes médicinales.

Les forêts de feuillus et de pins de la région présentent d’autres avantages, plus subtils. Elles emprisonnent le carbone; retiennent le sol pour éviter les glissements de terrain dans les pentes abruptes, réduisant ainsi les effets des inondations; préservent la biodiversité et les ressources génétiques; et protègent l’eau utilisée par les communautés pour boire et irriguer leurs récoltes.

Si la région est depuis longtemps aux prises avec des catastrophes naturelles, la dégradation de l’environnement et les changements climatiques ne font qu’aggraver la situation. Comme l’ont montré les récents rapports du GIEC, les changements climatiques entraînent une hausse des températures et l’intensification des précipitations, provoquant ainsi inondations éclairs, sécheresses prolongées et feux de forêt incontrôlés.

La bonne santé des forêts est essentielle pour atténuer ces effets. À la lumière de ce qui précède, le projet ASHA, financé par le FIDA, a élaboré et mis en œuvre des plans d’action locaux pour l’adaptation (PALA), qui proposent des mesures pour adapter les systèmes agricoles et de subsistance rurale aux changements climatiques et protéger les ressources naturelles.

Mais il n’est pas toujours facile de prendre les bonnes décisions en matière de gestion des ressources naturelles. Chaque écosystème doit être pris en compte dans sa globalité. C’est particulièrement vrai pour les bassins versants, des zones de terre reliées par un réseau de voies navigables se déversant dans une étendue d’eau commune. Lorsque le bassin versant est bien végétalisé et que les sols sont en bonne santé, l’eau est déversée de façon plus progressive, ce qui réduit le risque d’inondation en aval et garantit un approvisionnement régulier en eau salubre tout au long de l’année.

Pour avoir une vue d’ensemble, les spécialistes d’ASHA ont compilé des données à partir de différentes sources (telles qu’archives socioéconomiques et images de télédétection) et dessiné des cartes du bassin versant de Katti et d’autres zones, qui mettent en lumière les problèmes rencontrés dans la région, mais aussi les éventuelles solutions à ces problèmes.

Aperçu des cartes aidant les communautés locales du bassin versant de Katti

Les cartes systèmes d’information géographique (ou cartes SIG) comme celles présentées ci-dessous aident les spécialistes d’ASHA et les communautés locales à évaluer l’état des différents types de terres et ressources, ainsi qu’à prévoir comment atténuer les risques et utiliser les ressources de façon durable à l’avenir.

 

 
 
 
 

 

Certaines de leurs cartes, par exemple, comparent l’utilisation réservée aux terres en 1996, 2006 et 2016 (sylviculture, agriculture ou autre). Elles mettent en évidence les zones ayant subi le plus grand nombre de changements au fil du temps à cause de l’utilisation humaine.

D’autres cartes indiquent les zones touchées par des sécheresses, des inondations, la déforestation ou l’érosion des sols. Elles montrent également les cours et sources d’eau qui pourraient avoir besoin d’une protection ou qui pourraient être exploités de façon durable à des fins d’irrigation, de même que les zones occupées par des populations humaines et les moyens d’existence de ces dernières.

Ces cartes ont permis de mieux comprendre le bassin versant de Katti et de réfléchir à de nouvelles façons de le gérer. Par exemple, elles ont montré que la superficie de terres couvertes par des forêts avait augmenté entre 1996 et 2016, en particulier dans les zones gérées par des communautés, ce qui montre l’importance de la prise en charge par les populations locales.

Elles ont également montré que 580 hectares de terres avaient été déboisés et que 137 hectares étaient exposés au risque de glissements de terrain. Les entretiens avec des membres des communautés, les visites sur le terrain et d’autres données ont révélé que ces dangers étaient principalement dus à l’exploitation forestière illégale, à la dépendance vis-à-vis du bois de chauffage et à la baisse du nombre de terres agricoles disponibles, qui ont poussé les communautés à empiéter sur les terres forestières ou à les exploiter plus que de raison.

Grâce à ces données, le personnel d’ASHA a entamé l’étape suivante du processus PALA, à savoir aider les communautés à mieux comprendre les effets des changements climatiques sur leur vie, à identifier les dangers auxquels elles sont exposées, et à classer les mesures à prendre par ordre de priorité.

En consultation avec le personnel d’ASHA, les membres de la communauté ont élaboré 200 PALA portant sur 21 micro-bassins versants dans sept districts, mis en œuvre par plus de 5 000 groupes communautaires grâce à l’expertise de l’équipe du projet ASHA et aux fonds du FIDA et des budgets municipaux. Dans ce cadre, des pratiques agricoles climato-compatibles comme la permaculture ont été adoptées, des infrastructures communautaires ont été bâties pour améliorer la disponibilité de l’eau et réduire l’érosion des sols, et une utilisation durable des forêts et le reboisement ont été encouragés, de même que le recours à des technologies écologiques comme les fourneaux à bon rendement énergétique.

Des membres de différentes communautés unissent leurs forces pour créer des mesures de contrôle des glissements de terrain dans une zone à risque

Fin 2021, plus de 21 000 hectares de terres étaient gérés à l’aide de pratiques résilientes face au climat. Les rendements agricoles avaient augmenté de 15 à 30%, les cheptels étaient en meilleure santé, et de nouvelles activités comme l’apiculture étaient pratiquées, représentant à la fois une nouvelle source de revenus et une nouvelle solution pour revitaliser les forêts de la région. Ces changements ont permis aux ménages de mieux faire face aux chocs climatiques et de réduire leur besoin de surexploiter les ressources forestières.

« Les populations rurales et les communautés autochtones sont les meilleures gardiennes des forêts et ressources foncières et hydriques dont elles dépendent », affirme Megh Nath Ale, agriculteur principal en permaculture pour ASHA. « Notre capacité à évaluer les effets des changements climatiques et de la dégradation de l’environnement à l’échelle locale, à prendre part à la planification participative de l’adaptation et à accéder aux outils, connaissances et ressources adaptés nous permet de gérer correctement les ressources naturelles et de faire face aux changements climatiques. »

Consultez le catalogue d’outils géospatiaux du FIDA et découvrez comment les utiliser dans le cadre d’investissements climatiques.

Découvrez l’action du FIDA au Népal.