Faire tourner les métiers à tisser – Laine et mohair au Lesotho

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Faire tourner les métiers à tisser – Laine et mohair au Lesotho

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La laine et le mohair constituent le socle de l’économie rurale du Lesotho. Il existe divers types de producteurs, du petit producteur propriétaire d’un troupeau modeste à l’éleveur possédant un vaste troupeau de bêtes dotées d’un patrimoine génétique de qualité supérieure. Sachant que le pays compte 1,2 million de moutons et 845 000 chèvres, le potentiel de développement de ce secteur est important. La laine est le principal produit d’exportation du Lesotho, et le mohair est le cinquième produit le plus exporté par ce pays.

En moyenne, un mouton produit près de trois kilos de laine et, dans le cas du mohair, une chèvre produit un peu moins d’un kilo de laine.

Le Projet d'appui à la production de laine et de mohair (également désigné sous son acronyme anglais WAMPP) tient compte des difficultés auxquelles fait face ce secteur au Lesotho. Son objectif est d’améliorer, en collaboration avec les producteurs, la qualité et la quantité de cette production. Il s’agit d’envisager une gestion des parcours qui soit intelligente face aux changements climatiques, d’améliorer la qualité et la quantité de la laine et du mohair produits en mettant l’accent sur la nutrition animale, les conditions de reproduction, notamment les aspects sanitaires et plus généralement sur les pratiques générales d’élevage, et d’examiner les aspects liés au traitement et à la commercialisation pour soutenir cette industrie artisanale en pleine expansion.

L’objectif ultime du projet est de dynamiser la résilience économique et climatique des petits producteurs pauvres de laine et de mohair pour les aider à faire face aux effets négatifs des changements climatiques dans les régions montagneuses et les contreforts des massifs montagneux du Lesotho.

Une gestion des parcours intelligente face aux changements climatiques

Les terres de parcours sont la principale source de nourriture des troupeaux pour la plupart des producteurs de laine et de mohair du Lesotho. Dans le cadre du projet, et en collaboration avec l’Université nationale du Lesotho, les exploitants reçoivent une formation sur la production de fourrage dans les différentes zones agroécologiques du pays. Les responsables du projet travaillent avec les autorités et les populations locales à poser les bases d’un programme de réhabilitation des parcours axé sur la participation directe des usagers. L’appui à l’adoption de lois visant à réglementer de façon efficace les parcours constitue un autre axe du projet. En collaboration avec le Ministère des forêts, des parcours et de la conservation des sols, les responsables du projet participent à la promulgation de lois qui renforcent le cadre réglementaire régissant la gestion des parcours.

Dans le cadre du projet, les agriculteurs ont pu découvrir de nouvelles façons d’obtenir des informations météorologiques et climatiques. Par exemple, les agriculteurs de Thaba-Tseka peuvent désormais recevoir des informations météorologiques par texto sur leurs téléphones portables. Grâce à ce système, les agriculteurs sont alertés en cas de haute probabilité de mauvais temps (pluies importantes, grêle ou neige), ce qui les aide à prendre des décisions, comme le fait de retarder la tonte du troupeau en cas de prévision de neige.

Améliorer la qualité de la laine et du mohair

La qualité et la quantité de laine et du mohair dépendent d’un certain nombre de facteurs, et notamment de la nutrition animales, de l’accès à du matériel génétique, de la santé des animaux et de la disponibilité de services de vulgarisation dans le domaine de l’élevage. Pour tenir compte de ces facteurs, deux centres d’élevage ont été transférés à l’Association nationale des producteurs de laine et de mohair du Lesotho, ce qui permet de fournir aux agriculteurs Basotho des animaux de qualité et d’améliorer la qualité de la laine et du mohair.

L’un de ces centres, le centre d'élevage d'ovins de Quthing, a été ouvert en 2017 et a accueilli 16 béliers et plus d’un millier de brebis. Plus de 160 agneaux sont nés pendant la saison de reproduction actuelle et 250 brebis sont en gestation. On espère disposer de 161 béliers qui pourront être vendus à des agriculteurs Basotho au début de l’année 2020.

Afin d’améliorer la santé des animaux et de pallier le manque de services vétérinaires, des auxiliaires vétérinaires de proximité ont été formés dans l’ensemble du pays.

Les investissements ont également servi à moderniser les infrastructures. À ce jour, 43 salles de tonte ont été rénovées et 22 salles construites. Dans le cadre des projets de construction, on vise à s’assurer de l’accessibilité des routes de desserte conduisant aux salles de tonte et à alimenter celles-ci en électricité, grâce à de l’énergie solaire lorsque cela est possible.

À Pela-Tšoeu et Fobane dans la région de Leribe (dans le nord-ouest du pays), les salles de tonte disposent déjà de l’eau courante. Des puits tubulaires et des sources fournissent de l’eau potable pour les animaux et pour les personnes. Dans la plupart des zones, le projet permet également de fournir de l’eau potable aux populations établies autour des salles de tonte.

Transformation et commercialisation

Le projet vise tout particulièrement les femmes et les jeunes, afin d’accroître leur participation au sous-secteur de la laine et du mohair. Il aide à renforcer les capacités dans ce secteur grâce à la formation et à l’appui aux entreprises.

La salle de tonte est un maillon crucial dans l’amélioration des performances du secteur, car c’est un centre névralgique où sont réalisées les activités de transformation de la laine et du mohair. La tonte, le tri de la laine et la conservation des données relatives à la performance sont des étapes fondamentales du processus de commercialisation de la laine. Le Lesotho compte un réseau regroupant plus de 130 salles de tonte. Des activités de renforcement des capacités ciblant les personnes s’occupant de la tonte, du tri et de la conservation des données sont proposées dans l’ensemble du pays.

Une collaboration avec des établissements d’enseignement supérieur est également prévue afin d’inciter les jeunes à participer à la chaîne de valorisation de la laine et du mohair. Agents de diffusion de nouvelles façons de penser et de faire, les jeunes peuvent servir de catalyseurs dans l’orientation de la production et de la vente vers les marchés internationaux. Les responsables du projet ont également commencé à mobiliser des coopératives de jeunes et à les encourager à créer des entreprises commerciales afin d’accroître leurs revenus et de disposer de moyens d'existence plus pérennes.