Financer la résilience en Gambie

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Financer la résilience en Gambie

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Les populations rurales pauvres ont subi de plein fouet les effets de la pandémie de COVID-19, qui a mis le monde à l’arrêt début 2020. En Gambie, où près de la moitié de la population, estimée à 2 millions de personnes, vit dans la pauvreté, et où l’insécurité alimentaire est généralisée, le confinement a laissé une trace particulièrement profonde.

Mise en œuvre par le projet «Des organisations résilientes en faveur d’une agriculture paysanne porteuse de transformation» (ROOTS), la deuxième phase du Mécanisme de relance en faveur des populations rurales pauvres du FIDA, RPSF2, a exécuté différents projets dans cinq régions du pays, dont un prévoyant des transferts monétaires à 870 ménages vulnérables.

Les jeunes

Pour 54 jeunes à la tête de petites et moyennes entreprises dans le pays, l’initiative est tombée à point nommé. Les bénéficiaires ont suivi une formation en marketing numérique et communication d’entreprise et reçu un certificat, des équipements sanitaires et 1 200 USD chacun pour faire face à la pandémie.

L’un des bénéficiaires, Abdoulie Jawara, 29 ans, a perdu ses moyens d’existence lorsque la pandémie l’a contraint à mettre la clé sous la porte de son entreprise avicole. Étant chef de son ménage et ayant à sa charge sa famille élargie, il craignait le pire, jusqu’à ce que la Chambre de commerce des jeunes de Gambie le sélectionne pour participer à la formation dispensée par le projet ROOTS au profit des petites et moyennes entreprises.

Mamour Alieu Jagne est directeur de projet chez ROOTS, un projet qui vise à améliorer la sécurité alimentaire, la nutrition et la résilience en Gambie. © Ibrahima Kebe Diallo

Outre de nouvelles connaissances acquises en marketing et gestion d’entreprise, Abdoulie a pu, grâce à l’aide financière qui lui a été accordée, se rendre au Sénégal pour acheter 15 béliers, qu’il a ensuite vendus à l’occasion de la fête musulmane de l’Aïd Al-Adha. Cet achat, explique-t-il, a ouvert la voie à différentes idées entrepreneuriales rentables, notamment l’élevage de moutons et la production de piments.

« Le don est réellement tombé à point nommé », a-t-il déclaré en parlant des fonds de l’initiative RPSF2. Aujourd’hui, Abdoulie peut faire en sorte que son épouse, son fils et les autres membres de sa famille élargie mangent à leur faim, et s’acquitter des frais de scolarité de ses neveux et nièces. « La vie peut être belle pour les jeunes des zones rurales de Gambie ».

Les femmes

Lorsqu’elle a perdu son époux et la deuxième épouse de ce dernier, Fatou Badjie, 40 ans, s’est retrouvée face à une tâche titanesque: élever 12 enfants toute seule. L’effet domino de la pandémie de COVID-19 sur l’économie a par ailleurs compliqué le petite commerce de cette jeune veuve, qui vendait les légumes qu’elle produisait dans son jardin. Avec 12 personnes à nourrir, l’avenir lui paraissait très incertain.

L’initiative ROOTS et le mécanisme RPSF2 du FIDA lui ont fourni un soutien financier au moment où elle en avait le plus besoin. « L’argent m’a été versé alors que les ventes étaient en baisse et que ma situation était critique », déclare Fatou, qui en a profité pour acheter des uniformes, des livres et des repas scolaires pour les enfants, ainsi que de la nourriture pour le ménage.

Elle explique que les fonds du RPSF2 lui ont fourni un filet de sécurité à une période difficile et l’ont aidée à porter le poids de sa famille élargie. « Je suis reconnaissante à ROOTS et au FIDA pour leur aide », ajoute-t-elle.

Jankey Ceesay a utilisé les transferts monétaires du RPSF pour nourrir sa famille. © FIDA/ROOTS/Nuha Nyangado

Tout comme Fatou, Jankey Ceesay, une agricultrice de 43 ans, a utilisé une partie du transfert monétaire pour subvenir aux besoins de ses huit enfants et s’acquitter des frais de scolarité et des factures médicales de son fils. Elle a également acheté un sac de riz pour nourrir sa famille et un sac d’engrais pour ses cultures.

« Les engrais m’ont permis d’augmenter ma production d’arachides », explique-t-elle. « J’en ai vendu une partie, nous en avons consommé une autre et en avons conservé comme jeunes pousses pour cette année ».

Les personnes âgées

Jonfolo Ceesay a nourri sa famille et réparé son toit grâce au soutien financier du RPSF2. © FIDA/ROOTS/Nuha Nyangado

Jonfolo Ceesay était le soutien de famille jusqu’à ce qu’elle doive être amputée d’une jambe et cesse de cultiver la terre pour gagner sa vie.

« Je ne peux plus dépendre de l’agriculture maintenant que mes mouvements sont restreints », explique cette femme d’une soixantaine d’années. L’argent reçu du RPSF a dans un premier temps servi à l’achat d’un sac de riz. « J’ai tout de suite pensé à la nourriture, puisque l’argent nous a été versé au moment où nos stocks de riz venaient de s’épuiser », raconte-t-elle.

Comme bon nombre d’autres ménages en Gambie, Jonfolo et sa famille vivent au jour le jour, et ils n’ont pas toujours accès aux aliments de base comme le riz. Grâce à l’argent, Jonfolo a aussi pu faire réparer son toit avant le début de la saison des pluies. « L’argent est arrivé à point nommé », conclut-elle.